Comment lâcher du lest avec sa culpabilité maternelle

Publié le par Picou

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Quand on devient maman, la seule chose qui nous lâche encore moins que bébé quand on va aux toilettes, c'est bien notre foutue culpabilité maternelle!

J'en rigole, mais ça nous pourrit quand même méchamment la vie... Toutes autant que nous sommes, mères au foyer ou actives, mamans surprotectrices ou indépendantes, autoritaires ou permissives, nous y sommes confrontées un jour ou l'autre. Ou même plus probablement d'ailleurs, chaque jour - l'un après l'autre.

Bien sûr, c'est plus ou moins fréquemment, et avec plus ou moins de force, selon les situations que l'on rencontre, notre environnement et nos caractères. Mais on n'y échappe pas : de temps en temps, on se sent minables en tant que mères, et ça nous laisse un goût amer.

La culpabilité maternelle semble carrément faire partie de notre ADN de maman, livrée en package avec bébé, avant même d'ailleurs qu'il ne vienne au monde. Dès lors qu'on porte la vie (au passage : quelle pression d'ailleurs, dans cette expression là...), on porte avec elle un poids écrasant, celui de devoir mener maintenant deux vies (ou plus) à la fois, sur le meilleur chemin.

Comment ne pas se sentir effrayée par une si grande responsabilité, à laquelle rien ne nous a préparée?

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Chaque petite erreur, chaque mauvaise décision instille en nous le doute, nous laissant croire que nous ne sommes peut-être pas à la hauteur du si beau rôle qui nous a été donné.

Et la société se charge bien de nous rappeler... Entre la petite pique acerbe de chéri(e), les avis bien arrêtés des proches ou moins proches, les lieux communs traditionnels, les injonctions des réseaux sociaux... Nous vivons sous le rappel constant de tout ce qu'il faudrait qu'on fasse mieux. Car quelque soit la manière dont on s'y prend, il y aura toujours à y redire.

Quelle pression! Il faudrait être en permanence sur tous les fronts : boulot, organisation domestique, humeur, éducation, séduction, cuisine, épanouissement personnel... Et toujours avec le sourire, bien sûr. Un idéal impossible à tenir, quand bien même on essaie de tout coeur.

Alors forcément, il y a des couacs ça et là... Et la culpabilité, aussi traître que sournoise, ne rate aucune de ces petites faiblesses pour frapper là où ça fait mal. On se sent en faute dès qu'on sait qu'on aurait pu faire mieux, alors qu'on ne l'a pas fait. On a baissé les bras, ne serait-ce qu'un instant - et on ne sait pas se le pardonner facilement.

Cet aveu d'impuissance finit par nous faire mal, et parfois même par nous ronger.

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La culpabilité est un sentiment ambigu, dont on a pourtant beaucoup à apprendre, tant il peut nous révéler de choses sur nous-mêmes...

Qu'est ce qui nous pousse à nous sentir si coupables? Après tout, on sait bien qu'on ne peut pas être parfaites - quand on a échoué, il nous suffirait "juste" de reconnaître qu'on s'est plantées, parce qu'on était trop fatiguée/excédée/lassée/frustrée, et d'accepter qu'on fera mieux une autre fois, sans ressasser pendant des heures.

Mais c'est pourtant rarement ce qu'on fait. Comme si nous culpabiliser nous permettait, aussi, de nous repositionner sur l'échiquier (ou plutôt sur sur l'échec-ier, si j'osais...), pour finalement mieux avancer.

Plutôt que de se reposer sur nos lauriers, en passant à autre chose vite fait, nous appesantir sur nos erreurs nous aide à les intégrer, à les assimiler pour en tirer quelque chose et nous améliorer en tant que mères. Toucher le fond, pour mieux rebondir, après.

La culpabilité maternelle est bien plus complexe qu'il n'y paraît...

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Aussi toxique qu'elle soit, sabordant notre confiance en nous, elle est aussi stimulante et bénéfique - tant qu'on réussit à la dépasser.

Mais ça n'est pas si facile! On a toutes déjà essayé... mais on n'y arrive jamais complètement ; elle finit toujours par ressortir à un moment donné. Pour autant, ça n'empêche pas de tenter de l'amadouer, pour au moins l'atténuer.

La meilleure des parades reste d'accepter notre culpabilité maternelle comme un impondérable, et d'arriver à la relativiser. Pour la maintenir à un niveau qui puisse nous bousculer, mais sans nous entraver.

Il faudra sans doute pour cela avancer pas à pas... mais essayer de lâcher prise sur notre culpabilité ne pourra que nous élever. Et les quelques petits rappels suivant seront sans doute utiles, le moment venu, pour faire redescendre la pression!

★ Oubliez la perfection


On aimerait toutes être cette fameuse mère parfaite qu'on idéalise en secret... Un mix entre Mary Poppins, Bree Van de Camp et Mary Ingalls - mais franchement, une mère pareille, en vrai, ça ferait pas plutôt plus peur qu'autre chose?

Personne n'est capable d'être irréprochable en toutes circonstances : et quand bien même ce serait possible, ça sous-entendrait qu'il n'y a qu'une seule façon de faire qui soit la bonne, alors que nous sommes toutes différentes, tout comme nos enfants eux-mêmes. 

Croire qu'on peut atteindre la perfection est une illusion - surtout sur le long terme! On est toutes parfaites, par moments ; et juste normales, tout le reste du temps. Même avec nos failles, nos doutes, nos erreurs - ce sont justement elles qui nous rendent humaines, et heureusement!

Nos enfants n'ont pas besoin d'une maman de papier glacé : ce qu'ils veulent, c'est juste nous, telles que nous sommes, avec nos imperfections. Leur cacher cette part de nous serait un mensonge, contre-productif au final... Ce serait un modèle bien trop écrasant pour qu'ils puissent se construire sereinement!

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★ Arrêtez de vous comparer


L'herbe a toujours l'air plus verte chez les autres... Il y aura toujours une amie, une voisine, une connaissance, une instagrammeuse, une maman d'élève, une collègue, notre propre mère ou n'importe qui d'autre pour nous sembler meilleure que nous mêmes.

Mais sur quoi le juge-t-on? Sur tout ce qui nous fait défaut, sans doute, sans remarquer qu'on est peut-être meilleure sur d'autres plans... Ou sur une mise en scène - car qui nous dit que ce qu'on voit chez d'autres représente toute la réalité?

Dans tous les cas, se comparer reste toujours assez vain, surtout si l'on finit par agir à contre-courant de sa propre personnalité, juste pour ressembler à un modèle auquel au fond, on ne correspond pas.

Prenez l'inspiration, cherchez à vous améliorer, mais ne vous dénigrez pas au passage : et n'oubliez jamais que quelque part, une autre maman, de son côté, se compare certainement à vous!

★ Acceptez vos limites et dédramatisez


Peut être que cette fois-là, vous avez crié trop fort, perdu patience, fait des pâtes pour la 4e fois de la semaine, oublié la petite souris ou refusé une énième partie de jeu. Ce n'était pas ce qu'il fallait faire, ça a peiné votre enfant, et vous vous en voulez, forcément...

Mais sachez prendre du recul : ce n'était certes pas votre meilleure action, mais si vous en êtes arrivée là, c'est qu'il y avait des raisons. Fatigue, frustration, autres soucis... D'une manière ou d'une autre, vous avez atteint vos limites, et craqué.

C'est humain, ça arrive! Ça ne veut pas dire qu'il faille l'ignorer et s'en moquer, mais juste l'accepter : une fois la crise passée, vous arriverez à reprendre le contrôle et à vous rattraper. C'est normal que vous soyez chiffonnée ; mais ne laissez pas la culpabilité vous entraîner.

Vous n'avez peut-être pas offert cette fois-là votre meilleure image à vos enfants, mais ce n'est qu'un instantané : faites leur confiance pour le comprendre et faire la part des choses...

C'est important de dédramatiser : on est parfois démesurément dures avec nous-mêmes, là où les autres sont moins affectés qu'on ne le croit. A moins d'avoir vraiment fait des atrocités, ou de vraiment passer votre temps à les malmener sans arrêt, il y a peu de chances que vos petits soient traumatisés... Alors sachez relativiser et surtout vous pardonner, car eux le feront sans doute bien plus vite que vous ne l'imaginez.

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★ Tirez-en des leçons


Pourquoi préfère-t-on s'auto-flageller, quitte à finir par accumuler trop de poids sur nos épaules, plutôt que d'accepter nos faiblesses et d'essayer d'en apprendre quelque chose?

Si vous vous sentez mal, c'est parce que la manière dont vous avez agi n'est pas en accord avec vos aspirations, en tant que mère. Cherchez à cerner ce qui vous met si mal à l'aise - les causes peuvent être diverses, et multiples...

Êtes-vous juste parvenue à bout de vos réserves d'énergie? Vous sentez-vous dépassée par la tâche? Souffrez-vous de ne pas correspondre aux normes sociales, de vous sentir en décalage avec les autres mamans? Avez-vous peur de perdre l'amour de vos enfants? De vous sentir jugée? Est-ce parce que vous ne supportez pas de perdre le contrôle? ou parce que vous avez l'impression de trahir vos valeurs profondes ou vos promesses d'enfance?...

Peut être que votre "faute" n'en était en fait pas vraiment une - mais juste une atteinte à l'image que vous avez, ou que vous pensez donner de vous même.

Mettre le doigt sur les raisons profondes qui vous ont amené à agir comme vous l'avez fait, et surtout, à si mal le vivre, vous permettra certainement avec le temps de ne pas reproduire la même situation, car vous pourrez alors essayer d'agir en amont pour trouver des alternatives et l'éviter.

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★ Extériorisez vos sentiments


Plutôt que de laisser le mal-être vous envahir, et peut-être vous couler vers le fond, essayez plutôt de le laisser s'envoler.

Commencez par regarder vos erreurs en face, avec objectivité : sans chercher à les occulter, mais sans non plus vous accabler. Admettre ses difficultés n'est jamais facile... Mais c'est souvent salutaire - et réussir à les extérioriser aide souvent beaucoup à les régler.

Revenir sur une crise, après coup, en vous expliquant par exemple posément avec vos enfants, ou même en vous excusant au besoin, vous aidera à la désamorcer.

Mettez des mots, même adoucis, sur votre ressenti : il est légitime, et il ne faut jamais vous oublier dans l'histoire! Peut-être qu'effectivement, votre comportement n'était pas idéal ; mais vous avez agi comme vous le pouviez, à ce moment là, et faire comprendre où sont vos limites est important.

Si la situation continue à vous peser, discutez-en avec votre conjoint, un(e) ami(e), un(e) proche, ou même si vous en ressentez le besoin, avec un professionnel, pour parvenir à digérer la situation et à vous en relever sans dommages. Un point de vue extérieur, plus neutre et plus objectif, éclairera souvent les choses sous un jour différent, que vous n'étiez pas ou plus capable de percevoir.

Ressentir de la culpabilité de temps en temps est normal, et même inévitable... Mais ne pas réussir à s'en relever peut être un vrai danger. L'essentiel est de savoir se délester régulièrement du poids qu'elle fait peser sur nos épaules, pour ne pas la traîner comme un boulet ; et de lui accorder en soi une place limitée, pour ne pas se laisser complètement déborder.

Elle reste ainsi la petite voix de la conscience, qui au fond de nous, nous aide à nous améliorer plus qu'à nous enfoncer.

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Publié dans Maternité-grossesse

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E
Quel bel article !!! Je suis touchée par ces mots justes et ces pistes de réflexion très pertinentes. Merci beaucoup ! J'aime beaucoup aborder ce sujet dans mon travail auprès des futures et jeunes mamans car c'est du réel, la vraie vie quoi ! Je pense qu'il est grand temps de faire tomber les masques et d'offrir aux mamans un reflet juste de la maternité qui leur permette de déposer leur vécu sans devoir le cacher et qui les encourage dans leurs compétences. Vive l'authenticité !
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P
Exactement, je crois qu'il faut libérer la parole, en s'ouvrant grand au fait qu'être mère, ça n'a pas de limites fixes et préétablies : chacune a et compose sa propre version de la maternité, en fonction de ce qu'elle est et de l'environnement qui est le sien. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise option, juste celles que l'on trouve les mieux appropriées pour ses enfants et soi, au moment où on les vit! Merci beaucoup de ces jolis mots et encouragements!
C
Haaa la culpabilité maternelle... j'essaye de la laisser au placard la plupart du temps. Certains jours sont tops, tout roule, et en plus on fait plein d'activités chouettes, et d'autres jours je n'y arrive pas, il y a du sable dans l'engrenage, de la fatigue qui prend le dessus... c'est là que le lâcher prise entre en scène quand j'arrive à le laisser prendre sa place. <br /> J'ai moins de culpabilité depuis qu'ils sont 4 que lorsque ma grande était seule. <br /> merci pour cet article!
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P
Oui je pense que ça dépend beaucoup de nos ressources intérieures! Et clairement plus le nombre d'enfants augmente, moins on a de temps pour culpabiliser et plus on arrive à relativiser. C'est au moins ça de pris!
M
Fichue culpabilité... j'ai pour ma part beaucoup de mal à m'en défaire, notamment concernant le peu d'activités ludiques que je propose aux filles. Clairement, je n’apprécie pas des masses de jouer à la poupée ou aux Lego donc elles sont quasi toujours en autonomie de ce coté là. Je prends d'ailleurs assez peu souvent le temps de leur faire faire des activités du type peinture, collage etc. et quand je vois, sur instagram notamment, toutes les supers idées idées que fleurissent, j'avoue me trouver assez nulle sur le sujet... <br /> Petite question, est ce que le fait de passer de 2 à 3 enfants a changé beaucoup de choses de ce coté là pour toi ? (en mieux ou en moins bien) (on la sent la question du petit 3e qui se pose de plus en plus chez nous... ^^)
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P
Je crois qu'instagram est un vrai danger quant il s'agit de favoriser la culpabilité... là où il n'y en a pas, car aurais tu la même impression si tu ne suivais pas ces comptes? Il n'y a rien de mal à ne pas faire d'activités avec elles, vous avez des échanges forts sur d'autres plans j'en suis sûre, il y a bien des manières de développer des moments privilégiés avec ses enfants! Pour ce qui est du 3e, je ne suis pas sûre pour l'instant que ça ait changé quoi que ce soit, en fait j'ai moins le temps de me poser de questions ou de culpabiliser, car je suis obligée de faire des choix, sans pouvoir contenter tout le monde tout le temps. Mais c'était déjà le cas avec ma 2ème, en fait! Ce qui m'impose par contre plus de culpabilité qu'avant (mais je la maîtrise!), c'est l'hégémonie qu'a pris le mouvement bienveillant depuis ma dernière maternité. Je trouve que beaucoup de ces préceptes sont hyper culpabilisants, même si on y adhère pas complètement - c'est insidieux...