7 ans, avec ou sans raison

Et voilà, 7 ans déjà pour toi, mon étincelle, sans presque que je ne le vois venir, un peu comme à chaque fois.

Qu'il est dur de te voir vraiment grandir, toi ma "petite dernière", qui ne l'est pourtant plus... Aurais-je un jour l'impression que tu n'es plus mon bébé, mais une grande maintenant?

Tu as 7 ans déjà, pourtant, cet âge que l'on dit "de raison"... Il y a quelques semaines à peine, j'avais l'impression que tu en serais loin, bien loin encore maintenant ; et puis, comme tu le fais toujours, tu as juste attendu le tout dernier moment, pour me montrer qu'en fait, tu y venais doucement.

Tu es encore bien une enfant, qui se laisse porter, qui attend que le monde vienne jusqu'à ses pieds ; l'autonomie, l'initiative, la volonté, c'est encore pour toi trop abstrait - ou surtout trop barbant pour ne serait-ce qu'essayer. Il t'arrange quand même bien, ce statut de "petite" que tu ne veux pas quitter...

Mais ça y est, tu grandis, et tu t'apaises, aussi. Tu gagnes en calme, en patience, en raison.

C'est encore subtil, mais au coeur de tes orages le vent se fait moins fort et la foudre plus rare.

Toi mon bel arc-en-ciel, qui navigues sans cesse entre soleil et pluie, tu laisses maintenant la place aux éclaircies. Tes colères, tes râleries, tes airs bougons qui m'ont tant énervée cette dernière année, se mettent en sourdine aujourd'hui ; tu t'adoucis. Tu restes volcanique - mais bien plus en sommeil ces temps-ci.

Peu à peu le soleil remporte la partie : derrière les nuages, c'est ta lumière qui irradie, et qui brûle la rétine de ceux auprès de qui tu vis. Ton charisme, ton sourire et ton charme laissent toujours une trace, un rayonnement qui partout te suit.

Deuxième de la fratrie, tu suis tranquillement le chemin ouvert, sûr, et stable que ta sœur a tracé pour toi. Tu la quittes rarement, et tu suis naturellement son sillon, sans te poser de questions - c'est un route confortable, rassurante et droit tracée devant ; ça te laisse la liberté d'y apporter ton propre mouvement.

Elle marche toujours droit, doucement, progressivement ; toi tu sprintes, puis tu ralentis, tu t'arrêtes, tu repars, tu zigzagues vers les côtés, tu tombes et tu te relèves, mais tu avances aussi. Tes pas dans les siens laissent leurs propres empreintes.

Vous êtes très semblables, pourtant bien différentes : c'est ce qui vous rapproche et vous rend si unies.

Vous vous complétez, vous défiez, et vous poussez chacune du bon côté.

Elle, plus raisonnable, sait t'assagir, te modérer ; toi, plus fantasque, la pousse un peu plus à sortir des lignes et à oser. Vous vous équilibrez.

Tu commences à la rejoindre de l'autre côté, celui où l'on mûrit, où l'on commence à voir enfin un peu au-delà de soi. Ce n'est pas un passage facile, certainement pas pour toi - mais je me réjouis de t'aider à franchir ce cap, quand tu y viendras.

Avec ton entrée en CP, dans l'école des grands, je sais que tu vas beaucoup changer cette année. En apprenant à lire, à t'adapter à une vie en société bien dure pour les enfants aujourd'hui, à questionner le monde que tu vas découvrir petit à petit d'un œil nouveau, plus aiguisé.

Tu vas devoir apprendre à trouver ta place, sans toujours la considérer comme acquise comme tu le faisais jusqu'ici. Tu n'arriveras plus toujours à faire plier le monde à tes petites envies... il faudra petit à petit mettre tes mains dans le cambouis.

Ça te fera du bien, et tu y arriveras, j'ai confiance en toi - encore plus quand je vois ce dont tu es capable, quand tu le veux bien.

 Tu as été ma "petite dernière" trop longtemps pour que j'arrive à me détacher de cette image que j'ai de toi.

Et souvent ton comportement ne m'en a pas découragée, sans doute aussi parce que je le voulais bien, au fond... Mais il est temps de te laisser grandir, et je te sens maintenant prête à changer, quand tu te seras faite à l'idée. Je sens déjà combien tes attitudes, ta façon d'être, de réfléchir et de t'exprimer, sont en train d'évoluer.

Tu restes mon petit électron libre, mon petit zébulon, à l'imagination débordante, aux bêtisettes toujours prêtes, celle qui nous embarque sans cesse dans des histoires à dormir debout, qui invente pile les mots-valises qui nous manquaient ("se noisetter", "cachalopette", "poilsenu"...), et qui égaye nos journées d'une fantaisie naïve dont on ne saurait se passer.

Je sais que même grandir ne t'enlèvera pas ça. Cette part d'extravagance fait partie de toi, parfois avec fracas, mais plus souvent, avec éclat - c'est ce qui fait qu'où que tu ailles, on ne t'oublie pas. C'est sans doute une force autant qu'un fardeau, mais on t'aidera à en faire quelque chose de beau.

J'ai hâte de découvrir cette nouvelle version de toi, dont les contours commencent à s'esquisser...

"Atème", mon amour, comme tu le dis souvent; Atème pour toujours, avec ou sans raison - et plus que de raison.