En mon sein...
Cela fait quelques fois, déjà, que j'essaye de trouver la meilleure façon d'annoncer les choses - mais je crois qu'il n'y en a de toute façon pas...
Alors, autant tout reprendre depuis le début. Depuis ce soir où j'ai senti senti une petite masse dans mon sein. Une "boule" qui, comme je le lis alors en ligne, n'est, dans 90% des cas, peut-être rien...
Mais il fallait le vérifier. Et comme vous l'aurez certainement deviné, si je vous en parle, c'est que malheureusement, cette fois-là, ce n'est pas rien pour moi.
A la suite d'une batterie d'examens médicaux passés ces dernières semaines, j'ai appris il y a quelques jours que j'étais atteinte d'un cancer du sein.
Assez précoce, parce que je n'ai "que" 41 ans alors que ça touche surtout des femmes plus âgées ; et aussi, je crois, parce que j'ai réagi tout de suite, et pu entrer rapidement dans un suivi médical complet avant que les lésions ne soient "trop" étendues.
Mais je n'ai en tout cas plus d'illusions : je suis aux portes d'un long "combat", comme on dit, et d'une période de ma vie qui s'annonce difficile.
C'est encore un peu dur à appréhender - car n'ai pas mal, que je me sens bien, et que je n'ai pas d'autres symptômes que cette drôle de masse que je peux sentir sous ma peau.
Mais désormais, je sais : la maladie s'est nichée en mon sein, sournoise et insensible. Et je ferai tout ce que je peux pour vite la déloger.
Depuis quelques jours, je suis entrée dans un tourbillon, rempli d'inquiétudes, de doutes, et de questions : j'entre en terre inconnue, et c'est à la fois perturbant et effrayant. La nouvelle a été rude, vous l'imaginez bien : le cancer fait peur, tant il peut prendre de formes différentes, aux gravités diverses.
Le stress était intense, dans l'attente des examens que j'ai enchaînés les uns après les autres, et surtout de leurs résultats. Difficile de savoir réellement où me placer dans ce tableau là... même si j'ai au moins l'assurance d'avoir réagi le plus rapidement que j'ai pu.
Heureusement, les dernières nouvelles sont encourageantes (même s'il est relativement étendu, mon cancer semble être l'un des moins agressifs) - et j'ai la chance de vivre dans une grande ville, où les rendez-vous ont été rapides à obtenir, et où les centres de traitement ne manquent pas.
Le cancer du sein est l'un des mieux connus, le plus fréquent chez les femmes, touchant près d'une sur 9 au cours de sa vie. LE cancer du sein n'existe pas, d'ailleurs - il y en a différentes sortes, aux impacts et aux traitements différents.
Il existe aujourd'hui un vrai "arsenal thérapeutique" contre le cancer du sein, qui favorise un taux de rémission fort, surtout lorsque le suivi est commencé le plus tôt possible.
Je me sens d'attaque pour "me battre", comme on dit - même si cette expression me semble toujours un peu fausse.
Car je ne contrôle pas grand chose dans tout ça... C'est surtout la médecine qui va me permettre de faire tout mon possible pour repousser la maladie.
Ça passera par des traitements lourds, longs et pénibles, qui bien sûr me font peur aujourd'hui - mais sur lesquels je suis infiniment reconnaissante de pouvoir compter, dans les conditions qui sont les miennes.
Et il faudra bien sûr aussi, et surtout, compter sur mon mental pour affronter cette épreuve, et la période difficile qui m'attend. Quels qu'ils soient, les traitements auront un fort impact physique et psychologique; et si je me sens aujourd'hui de taille à les affronter, je ne saurai comment j'y réagirai réellement, que le moment venu.
Alors j'avancerai un pas après l'autre...
Et même si ce qui m'attend ne me réjouit évidemment pas, je me sens prête à y faire face, avec tout l'espoir et la force dont je serai capable.
J'ai la chance d'être bien entourée, par ma famille, mes amis, et même mon entourage professionnel. Ce sera un booster énorme que de les savoir avec moi, et là pour moi, pour m'épauler et me soutenir, comme pour me divertir et me faire aussi penser à autre chose, en conservant aussi intacte que possible ma normalité.
Il me faudra cet équilibre.
Et puis, surtout, je les ai, eux.
Mon amour, pour qui ce sera aussi bien difficile... mais que je sais à mes côtés plus que jamais.
Et mes 3 filles, sources de mes principales inquiétudes, mais aussi et surtout de ma plus grande force pour surmonter tout ça avec détermination et réussite - je l'espère.
Elles seront la meilleure des raisons pour me dépasser et y croire, et pour m'aider à garder les pieds sur terre et à conserver la normalité de mon quotidien. Les enfants ne trichent pas ; et ce sera autant, je crois, un crève-cœur à certains moments, qu'une vraie bénédiction d'autres fois.
Mais pour l'instant, si je vous avoue ce que j'ai au fond du cœur... Les intégrer à l'équation est ce qui me terrifie plus que tout.
J'ai tellement peur, et tellement mal, de devoir malgré moi briser leur insouciance ; d'imposer ça à leur enfance ; de savoir trouver les bons mots pour leur expliquer, sans trop les effrayer ; d'imaginer l'impact que tout ça prendra sur leurs vies...
Et, aussi - même si les dernières données m'ont beaucoup rassurée sur ce point - d'imaginer l'éventuel extrême où je pourrai n'être peut-être plus là pour les voir adultes, si je ne guéris pas, ou que je fais, plus tard encore, une récidive. Je ne suis heureusement pas en danger, m'a-t-on dit ; mais je n'ai pas pu m'empêcher, bien sûr, d'y penser.
Tout se passera peut-être au mieux - je l'espère bien, évidemment, et je ferai de mon mieux pour que ça soit le cas.
Et je sais bien qu'elles sauront trouver leur propre manière de le gérer, et d'en tirer de la force, à leur façon.
Mais l'émotion a jusque là pris le dessus, dans toutes les innombrables questions qui tournent en boucle dans ma tête depuis que je me sais malade.
En réalité, ça ne change en fait pas grand chose, car je pourrai tout aussi bien me faire renverser à tout moment, ou quelque autre chose... Et ce serait pareil, et même pire : car aussi dur que ce soit d'encaisser le choc auquel je fais face aujourd'hui, qui rend d'un coup le risque plus concret, ça m'offre aussi l'opportunité de m'y préparer, et de l'organiser. C'est douloureux, mais précieux.
Alors voilà. J'ai un cancer.
Rien que ce mot, et celui qu'il contient en sous-texte, "tumeur" (tu-meurs...) fait terriblement peur. Je ne sais presque rien de tout ce qui m'attend, et c'est certainement le plus dur pour l'instant.
Mais, même si mon corps n'ira pas tout de suite vers le mieux, mon esprit, lui, ira sans doute mieux au fur et à mesure que l'on m'expliquera, que l'on programmera, que l'on me guidera. C'est d'ailleurs déjà le cas, après des semaines d'angoisse - j'y vois plus clair et je me projette mieux.
Savoir, c'est pouvoir : et je suis résolue à "me battre", et en tout cas à faire de mon mieux, pour vaincre la maladie, en l'intégrant petit à petit à ma vie, en l’accueillant, même si c'est dur, pour mieux la diriger vers la sortie.
Le chemin sera certainement sombre, douloureux, parfois triste ; mais il sera aussi déterminé, fort, puissant, et surtout, temporaire - pour m'amener vers une nouvelle lumière.
J'avancerai petit pas par petit pas - et je me battrait tant qu'il le faudra.
[Laissez terminer sur une toute dernière note... Si mon article vous a touchée, prenez le temps, vite fait, là, tout de suite, de vous palper. On ne sait jamais - si vous sentez quelque chose qui vous questionne, faites-le vite vérifier. L'avoir fait, pourra peut-être, vous comme moi, nous sauver.]