Enceinte et au chômage
Depuis l'annonce de ma grossesse, vous êtes nombreuses à m'avoir demandé où j'en étais dans mes recherches professionnelles.
Comme vous vous en doutez, la découverte de ma grossesse a forcément eu un impact très fort sur ma recherche d'emploi! En réalité, les deux situations se sont d'ailleurs télescopées dès le départ.
Lorsque j'ai découvert que j'étais enceinte, j'étais dans les phases finales de recrutement pour un poste qui m'attirait beaucoup.
Mes entretiens s'étaient très bien passés, les modalités du poste me convenaient parfaitement, et je pense que j'avais beaucoup à offrir au développement de l'entreprise, tout comme elle m'aurait permis d'élargir mes compétences. Autrement dit, j'y allais vraiment en confiance!
Le poste était presque à moi, je le sentais! Mais le recrutement durait, durait... et j'ai donc appris en cours de route, que j'allais avoir un enfant.
Gros dilemme lors du tout dernier entretien : dois je être honnête, et l'annoncer? Ou jouer la sécurité en gardant le secret?
Expliquer les choses noir sur blanc serait forcément un handicap - il ne faut pas se leurrer, les employeurs prêts à prendre le risque d'un congé maternité, puis d'une supposée baisse de motivation/efficacité (même si elle n'est pas réelle!), sont vraiment très rares...
D'un autre côté, les modalités du poste permettaient une flexibilité compatible avec ma grossesse (démarrage en CDD 6 mois à temps partiel, puis CDI). Celle-ci aurait tôt ou tard été visible, et l'employeur pouvait alors mettre fin au contrat sans justifications - donc autant jouer la carte de l'honnêteté, ce qui pourrait jouer en ma faveur, prouvant que je suis fiable et réellement motivée par le poste, à long terme.
Mon honnêteté intellectuelle a finalement pris le dessus - je ne me voyais pas faire semblant et mentir, jouant quelque part "un sale coup" une entreprise dans laquelle j'étais sur le point d'investir mon temps.
J'ai donc fini mon dernier entretien en annonçant ma grossesse, tout en réitérant bien ma détermination. Vous devinez la suite...
Félicitations polies, silence et gêne palpable. Merci beaucoup madame, je vous rappelle très vite...
Rapidement suivi d'un mail de refus poli, utilisant une formule suffisamment équivoque pour me faire clairement comprendre la raison, sans l'indiquer noir sur blanc. Même pas un coup de téléphone, qui aurait tout de même été plus correct...
Bien sûr, j'avais joué un coup de poker et je me doutais bien de mes faibles chances! Mais quand bien même, cette réponse m'a mis un coup. Ce n'est pas très glorieux : même la meilleure des motivations et la plus grande transparence ne font pas le poids par rapport aux clichés sur la maternité...
Alors que j'aurais très certainement eu le poste, et que j'aurais vraiment pu apporter quelque chose à cette entreprise, on a considéré qu'en tant que future maman, je serais un frein pour son développement.
J'avais beau m'y attendre, ça ne donne quand même pas la meilleure image du genre humain...
On laisse sur le carreau une femme motivée, qui a besoin d'un travail, pour quelques semaines d'interruption de travail et des présomptions de manque d'efficacité.
Quand se rendra t-on compte qu'on peut être performante au travail, même avec un enfant, voire même plus que d'autres, car on s'investit à fond sur notre temps de travail, et qu'on est réellement dans une démarche d'épanouissement par notre vie professionnelle?
Le peu d'illusions que j'avais a été mis à mal ce jour-là... et surtout, je me suis pris d'un coup en pleine face ma nouvelle situation.
En congé maternité à peine quelques mois plus tard, la probabilité d'obtenir un poste intéressant dans le délai, malgré mes recherches et ma motivation, devenait plus que peu probable.
Oui, on ne sait jamais, il y a peut-être encore quelques employeurs plus ouverts et humains... Mais il s'agirait quand même d'un miracle - et mes chances se réduisent drastiquement!
J'ai donc peu d'espoir de décrocher un poste qui me convienne d'ici à ce que mon enfant vienne au monde.
De la même manière, j'envisageais une éventuelle formation professionnelle, mais il serait peu judicieux de mettre celle-ci en place dans un temps restreint (qui réduirait le choix de mes possibilités), et surtout de laisser cette dynamique complètement "retomber à plat" à cause du congé maternité qui suivra.
Même si je reste à l'affut d'éventuelles opportunités (on ne sait jamais, restons optimistes!), je compte donc au final profiter de ce temps pour me centrer sur ma famille et mon bébé à naître. De toute façon, la société m'y pousse...
Et ça reste une vraie chance, puisque je peux me permettre de prendre ce temps sans me retrouver dans une situation économique trop difficile.
Pour les détails pratiques, lors de mon congé maternité, mes droits au chômage seront mis en suspens, et basculés sur l'assurance maladie.
Une sorte de mise en "pause" de mon statut, qui me permet d'envisager sans crainte la naissance de mon enfant et ses premiers mois (NB - pour un 3ème enfant, on bénéficie d'un congé maternité plus long, 6 mois au total).
Je pourrai éventuellement décider de prendre ensuite quelques semaines de congé parental (pour laisser passer la période d'été, peu propice à l'emploi de toute manière) ; mais d'après ce que j'ai compris, sans compensation financière (pas facile de trouver de l'info fiable sur ce point d'ailleurs, même auprès de Pole Emploi...).
J'envisage d'ouvrir peut-être dans cette période un statut d'auto-entrepreneur, de manière secondaire. Je ne souhaite pas pour l'instant en faire une activité principale, mais "arrondir les fins de mois" en cas d'opportunités de piges en free-lance pour le blog ou en rédaction web.
Cela me permettra également de gagner en expérience pour la suite...
Parce que ne désespère pas de reprendre une vie professionnelle épanouissante après bébé!
Ma grossesse aura de fait pour conséquence de prolonger cette pause forcée dans ma carrière, et même si ce n'est pas ce que j'aurais idéalement souhaité, ça reste une chance énorme de pouvoir profiter pleinement des premiers mois de mon enfant.
J'ai assez de recul pour en être sereine et me dire que ça ne m'empêchera pas de reprendre le chemin d'un travail épanouissant, lorsque les conditions seront plus propices. Ce n'est pas du temps perdu - mais au contraire, du temps gagné sur ma vie personnelle.
Le temps venu, je pense reprendre les choses à zéro en débutant une formation professionnelle, que j'aimerais faire suivre d'une immersion en entreprise, m'ouvrant les meilleures chances d'un retour à l'emploi durable.
Pour l'instant, c'est le plan! On verra bien ce que l'avenir me réserve...
Mais je me dis tout de même que je suis extrêmement chanceuse de pouvoir vivre cette période d'une façon aussi apaisée.
Si j'avais été moins prévoyante ; si j'étais seule et que mon mari n'avait pas une situation stable ; si j'avais désespérément besoin d'un travail pour faire vivre ma famille, et que je devais dépendre entièrement du bon vouloir d'employeurs si frileux...
La donne n'est pas la même pour toutes - et c'est quand même dingue qu'attendre un enfant soit considéré comme un tel handicap professionnel pour des millions de femmes en recherche d'emploi (comme en poste, d'ailleurs, pour beaucoup de femmes également).
La situation la plus naturelle au monde, celle-là même qui devrait être la plus protégée et aidée, reste dans les faits profondément soumise aux préjugés et aux discriminations cachées.
Sans doute au fond, parce qu'on reste encore et toujours dans l'idée que le rôle de la femme est de rester au foyer, quand elle a des enfants, et de tirer un trait sur ses ambitions professionnelles... Dommage, évidemment - il reste bien des progrès à faire de ce côté là.
Je vais en tout cas profiter de cette longue pause douceur, pour faire le plein de forces, avant de me lancer dans la nouvelle vie professionnelle qui m'attendra - après.