Doit-on forcément "occuper" ses enfants?
Je termine une petite semaine de vacances qui, même si elles n'étaient pas les plus reposantes, m'auront fait le plus grand bien. Et pas qu'à moi!
Mes 2 minettes étaient vraiment épuisées avant cette pause de fin d'année... Entre nerfs à vifs, et moments où elles s'endormaient presque debout, il était vraiment temps que les vacances arrivent! Et cette petite semaine de décalage par rapport aux autres années, nous l'avons vraiment senti passer.
A tel point que nos puces nous ont offert le meilleur des cadeaux de Noël... une semaine de grasses matinées coordonnées jusqu'à 9h/9h30, avec des siestes en prime! Un rêve de parents, et de quoi pouvoir nous ressourcer vraiment, malgré l'excitation des fêtes et les longs trajets de cette semaine bien trop vite passée.
Malgré les microbes qui nous ont accompagnés toute cette semaine, les filles ont enfin récupéré leur vivacité, et leurs idées partent de nouveau dans tous les sens - et j'avoue que ça fait plaisir de les voir jouer ensemble avec autant d'entrain!
Comme beaucoup de mamans je crois, j'avais pourtant prévu mille activités pour les occuper pendant les fêtes.
Vu le froid, et les nuits qui tombent tôt, on a moins d'occasions de sortir, et j'avais peur que les journées soient longues pour elles...
Alors dans leur calendrier de l'avent, je pensais glisser un bon pour une sortie à la patinoire, une visite au planétarium... Et pour les jours de vacances, j'avais prévu des cahiers de gommettes, des kits de peinture ou de pliage, et plein de DIY sympa repérés sur ma page pinterest... Et puis pourquoi pas aussi faire un ciné en famille? Et le marché de Noël? Et cette activité géniale repérée sur instagram?...
Bref. J'avais largement de quoi les occuper, au cas où l'ennui se fasse sentir. Et finalement... et bien j'ai à peine utilisé ce que j'avais prévu! Pas de sorties, des cahiers de gommettes à peine entamés, et des DIY qui attendront une prochaine fois.
Pour autant, les minettes ont quand même passé de super vacances!...à ne rien faire, ou presque.
Elles ont très bien su s'amuser par elles-mêmes, s'inventer mille jeux, se réapproprier leurs anciens jouets comme découvrir les nouveaux, dessiner ou créer sans consignes, au fil de leur imagination.
Evidemment, la période s'y prête... Le temps passé en famille, les trajets en voiture, les cadeaux tout neufs sous le sapin, ça occupe déjà en soi. Mais malgré tout, même pendant les temps morts, je n'ai pas eu besoin de tous ces "supports" que j'avais prévus, dont une partie est passée à la trappe.
Je me suis réjouie de les voir s'inventer elles-mêmes des jeux plus abracadabrants les uns que les autres, construire des cabanes en plaids et coussins, découper d'improbables bonhommes de Noël et s'amuser avec rien. Et rigoler ensemble, complices, de toutes les mignonneries qu'elles imaginaient au jour le jour.
C'est un constat que je me fais depuis déjà quelques temps : elles n'ont pas forcément besoin d'une foule d'activités pour s'amuser.
Je ne travaille plus les mercredis, ce qui me laisse le bonheur de profiter à fond de mes filles à qui je consacre une partie de cette journée. Si j'ai toujours sous le coude une activité créative, comme Chouquette les adore (et maintenant aussi un peu Bouclette, même si elle reste petite et fait des choses plus simples), depuis la rentrée j'ai un peu revu mes ambitions à la baisse, et on fait un peu moins de choses.
Moins de sorties à la bibliothèque, de goûters à droite à gauche, d'activités à foison - je laisse maintenant aussi aux filles le temps de jouer à la maison, tranquillement, à leur rythme, sans leur suggérer sans arrêt de "pistes" ou investir sans cesse dans des matériels élaborés.
Je continue à leur proposer quelques activités qui, je le sais, leur feront plaisir et les éveilleront - mais je leur laisse aussi le temps de s'ennuyer.
A leur proposer trop de choses, elles y prêtent parfois moins d'attention, et finissent aussi par se fatiguer en s'éparpillant. Je ne compte plus les activités débutées, mais jamais complètement finies, car elles prennent aussi l'habitude d'attendre les nouveautés plutôt que de terminer un kit.
C'est évidemment super d'éveiller ses enfants avec des activités ludiques, mais au final, à trop en faire, on élimine petit à petit une partie des temps vraiment "calmes" où ils peuvent trouver par eux même comment s'occuper, inventer ou créer. Ou même juste s'ennuyer un peu.
C'est évidemment différent d'un enfant à un autre, certains ayant une imagination débordante, là où d'autres ont plus besoin d'être stimulés ; et certains s'entendant à merveille dans une fratrie, là où d'autres ont du mal à jouer ensemble ou à rester seuls.
Mais je crois que dans l'ensemble, à l'heure des blogs et des réseaux sociaux, on cherche parfois trop à proposer des activités à nos enfants.
Nous voyons ça et là des idées formidables, de quoi faire des merveilles avec peu de matériel, ou trouver des moyens géniaux d'apprendre en s'amusant.
Forcément, on est tentées de vouloir en faire profiter nos enfants... et dans une certaine mesure, c'est indéniablement bénéfique! On ouvre leur champ des possibles, on leur offre des découvertes et des expériences qu'ils n'auraient pas pu réaliser seuls.
Seulement à trop leur proposer de ces activités ou sorties ludo-éducatives, parfois dès le plus jeune âge, ne risque-t-on pas de biaiser leur imaginaire, ou de les stimuler de trop?
Si je le ressens moins chez Bouclette, qui passe encore des journées tranquilles chez sa nounou, je sens bien avec Chouquette combien le rythme scolaire est fatiguant. Elle est très studieuse, et s'amuse aussi maintenant aussi à lire seule à la maison, ce qui la stimule encore plus.
Avec une semaine de 5 jours, et son cours de danse hebdomadaire le samedi matin - qui supprime une des seules matinées de la semaine où elle pourrait se reposer - il ne lui reste plus tant de temps libre que ça... Son après-midi du mercredi, plus un jour et demi le week-end, où nous imposons aussi notre rythme d'adultes, avec nos propres activités, voyages ou soirées.
Alors même si mes filles apprécient les activités que je propose, j'ai un peu peur qu'elles n'aient plus suffisamment de temps pour suivre leurs propres envies.
J'ai donc petit à petit pris le pli de moins proposer de nouvelles activités. J'en suggère encore quelques unes, pour éveiller leur curiosité, stimuler leur créativité et maintenir leur intérêt.
Mais je tourne plus sur des valeurs sûres (pâte à modeler, dessin et peinture, gommettes ou cahiers créatifs, playmaïs...), qui seront parfois plus reposantes et auront autant de succès que des nouveautés perpétuelles.
Bien entendu, ce qui vaut pour mes filles n'est pas forcément le cas chez tous les enfants, et ma vision est biaisée par tout le temps que je passe sur des blogs ou comptes instagrams de mamans, qui mettent justement sans arrêt ces activités en valeur.
Mais je me demande parfois si nous ne cherchons quand même pas trop à "occuper" nos enfants à tout prix...sans leur laisser le temps de juste souffler tranquillement.