Péridurale ou pas? Mon ressenti des deux
Jour ou nuit, voix basse ou césarienne, à terme ou non...On ne peut être sûre que d'une chose à propos de son accouchement : c'est qu'on ne peut être sûre de rien!
On aura beau créer un "projet de naissance" aussi détaillé que l'on veut, le jour J...on ne contrôle pas grand chose! C'est à la fois un peu terrifiant, et un peu magique : ce moment restera toujours plein de surprises.
Ainsi mes deux accouchements, bien que basés sur le même schéma global, ont fini de manière très différente.
Notamment parce que j'ai vécu mon premier accouchement sous péridurale, puis le deuxième, sans.
Alors je me suis dit que partager ce que je retire de ces 2 expériences pouvait intéresser les quelques futures mamans qui me lisent (et notamment la pétillante Lyna Johnes, à qui j'ai justement promis ce retour d'expérience!).
Avoir accouché tour à tour avec et sans péridurale ne me rend pas experte, comprenons-nous bien ; mais je peux globalement comparer les deux approches.
Sans vous raconter mes accouchements dans le détail, je peux partager la façon dont j'ai vécu ce moment, dans chaque cas.
Considérant les douleurs d'accouchement comme quelque chose d'intense, mais de limité, je n'appréhendais pas plus que ça.
Je ne suis pas très douillette, et j'arrive bien à gérer la douleur en général. Avant mes accouchements, quand on me demandait "quel niveau sur l'échelle de douleur?", je ne savais jamais quoi répondre, n'ayant pas de maximum - j'avais tendance à toujours minimiser.
Pour mes 2 grossesses, j'ai eu la chance de ne pas sentir mes contractions avant l'accouchement. J'avais d'ailleurs un peu peur de ne pas les reconnaître....Mais pour celles du jour J, on ne peut pas se tromper!
J'ai d'abord trouvé mes contractions tout à fait supportables, lorsqu'elles étaient espacées toutes les 10mn, même pendant des heures ; puis d'un coup, elles se sont accélérées en revenant toutes les 2mn (si j'avais attendu les fameuses "2h de contractions toutes les 5mn" avant de partir à l'hôpital, j'aurais accouché chez moi).
Mes 2 accouchements ont suivi le même scénario - des heures de contractions espacées et supportables, puis une intensification soudaine.
Un changement brutal de rythme qui rendait mes contractions plus efficaces, mais aussi bien plus douloureuses.
Pour mon premier accouchement, j'ai été suivie de manière "classique" une fois arrivée à la maternité.
On m'a confirmé que ma poche des eaux était rompue, et que le travail suivrait son cours sur place.
J'ai alors été suivie régulièrement en salle de travail, au cours des heures suivantes, supportant très bien la douleur. Alors que mes contractions s'intensifiaient, on m'a proposé la péridurale, que j'ai accepté, même si j'arrivais encore à supporter la douleur.
L'anesthésiste est donc venu me poser la péri, sans souci notable à part un petit réajustement (au début je ne la sentais que d'un côté, ce qui est très perturbant, mais elle a fini par se diffuser).
J'ai donc bénéficié d'une anesthésie bien dosée, me permettant de ressentir les choses, sans trop souffrir.
(drôle d'effet d'ailleurs, quand on regarde la courbe du monito en rigolant, genre "oh elle est forte celle là!", mais qu'on n'en souffre plus!).
Tout s'est bien passé, et après 20mn de poussée j'avais ma fille dans les bras (ma dodue de 4,2kg! voilà aussi pourquoi je voulais bien une péridurale ;o)!), et je découvrais le bonheur formidable d'être maman.
Pour ma 2ème fille, quand j'ai appelé la maternité, devinant le travail déjà bien commencé, on m'a fait comprendre que le service était débordé.
Tout ce que je pouvais gérer chez moi les arrangeait. Je suis donc restée un peu chez moi ; mais ne voulant pas "louper le coche" (la naissance de Chouquette ayant été assez rapide, et sachant qu'un 2ème va en général plus vite), nous nous sommes quand même rendus sur place après quelques heures.
Encore dans les temps, ouf! : à mon arrivée, mon col était encore peu ouvert. J'étais donc rassurée d'être déjà en place!
On m'a alors laissée un peu seule. Une heure...deux heures...Le travail semblait avancer tranquillement, ma douleur augmentant de plus en plus. Lorsque je l'ai jugée vraiment forte, j'ai demandé qu'on me pose une péri - mais à ce moment là l'équipe, surbookée, ne pouvait pas venir, et l'examen ne semblait pas indiquer d'urgence.
Pas le choix, j'ai donc pris mon mal en patience, et en souffrant, j'ai attendu.
Lorsque j'ai vraiment atteint mes limites, une heure plus tard, et que j'ai cette fois presque supplié, la sage femme pouvait enfin venir s'occuper de moi, et m'a alors posé une simple petite question avant l'examen : "Vous n'avez pas envie de pousser?"...............
...Euh, ben, maintenant que vous le dites!?!... Examen rapide, regard paniqué de la sage-femme. "vous êtes à 9, on y va. Désolée, il est trop tard pour la péridurale...mais dans 20mn ce sera fini!".
En réalité, 5mn après, j'avais accouché, en catastrophe, dans un état second, alors que la sage femme avait à peine eu le temps de s'installer et que ma fille avait le cordon autour du cou. Tout s'est finalement bien déroulé, Papa Picou ayant été un peu mis à contribution, pendant que moi, j'étais complètement dans les vapes.
De souffrance (je ne préfère pas vous mentir, oui ça picote un peu, hein)(et maintenant j'ai mon échelle de douleur!), mais aussi à cause du gaz hilarant.
Les premières heures de découvertes de ma fille, j'étais encore dans un état un peu second (d'autant plus que je suis restée sur ma table d'accouchement une demi journée, par manque de place) ; mais j'ai ensuite très vite récupéré, et en 24h je m'étais tout à fait remise.
Alors, à choisir, si je devais avoir un 3ème enfant - péridurale ou pas?
Et bien...je ne saurais pas vous répondre! (ah ben merci, ça valait bien un article, tiens!).
Au final ce qui m'a le plus gênée dans mon accouchement sans péri, ce n'est pas la douleur. Elle était certes extrêmement forte, mais limitée - dans mon cas - à quelques heures ; et je l'ai oubliée immédiatement quand j'ai eu mon bébé dans les bras.
Mais le gaz hilarant, je pense que je ne l'accepterai plus jamais.
J'ai eu l'impression que mon esprit et mon corps se dissociaient complètement, donnant 5mn de retard à mes gestes par rapport mes pensées - c'est très déstabilisant, et en ce qui me concerne, j'ai eu le sentiment que ça me dépossédait complètement de mon accouchement, sur lequel je ne pouvais pas agir.
Les 5mn de la délivrance m'ont paru à la fois durer une éternité, et passer en un clin d'oeil. Cette fin a été si rapide, et si intense, qu'il m'a fallu quelques heures avant de réussir à reprendre pieds.
Pourtant, au final, je suis heureuse d'avoir accouché sans péri, alors que je ne l'avais pas voulu au départ.
Ca reste ma fierté, de pouvoir dire que je l'ai fait, que je comprends, que j'ai vécu et réussi ce qu'ont pourtant fait des milliards de femmes avant moi (même si elles l'ont fait dans des conditions bien pires que moi et sans ce fichu gaz!).
Toutefois je reste persuadée que quand la souffrance paraît intolérable, si l'on veut et peut l'éviter, il n'y a pas de mal à s'en priver.
Beaucoup veulent éviter la péri, pour garder le contrôle sur leur accouchement - pourtant même sans anesthésie, on n'a pas forcément le contrôle (à ce moment là je pense que c'est avant tout bébé qui agit!).
D'autres veulent garder ce moment aussi naturel que possible - et sur ce point, j'avoue avoir beaucoup mieux récupéré sans anesthésie.
Au final, comme vous l'aurez compris, on a pas toujours le choix, et mieux vaut se préparer aux 2 éventualités.
Pour avoir vécu les deux options, on peut tout à fait surmonter les deux (même si les cas exceptionnels sont sans doute plus compliqués - j'ai eu des accouchements "classiques"!).
La douleur d'un accouchement est évidemment très intense, mais aussi limitée dans le temps - et le savoir, et le prendre en compte, change tout.
Car dans tous les cas, avec péridurale ou non, lorsqu'on a son enfant dans les bras, la légende est vraie - on oublie tout pour se concentrer sur ce bonheur à l'état pur.
Et ce que l'on retient, c'est la merveille d'avoir réussi à mettre au monde une si belle chose, quelque soit le chemin qu'on ait pris pour y arriver.