☆Mes étincelles de vie☆ (#Mars 2023)
Vous vous en doutez bien... Ce n'était pas le meilleur mois de ma vie. Sans doute était-ce même le pire - mais je le finis, si ce n'est bien (faut pas pousser!) au moins, apaisée.
Comme je vous l'ai dit, les choses sont allées très vite depuis l'annonce de mon cancer du sein : peut-être même parfois trop vite, mais je n'ai, pour le moins, pas eu le temps de m'ennuyer! Ce mois de mars m'a emportée dans une tornade folle, qu'il m'était impossible de visualiser, avant d'être au coeur même de la tempête.
Il y a quelques semaines à peine, je vivais ma tranquille petite routine ; aujourd'hui, mon coeur et mon corps sont définitivement changés, et je ne suis d'ores et déjà plus tout à fait la même femme, même si je peux heureusement compter sur les bases solides que je suis, aujourd'hui plus que jamais, si reconnaissante d'avoir bâties par le passé.
Cet équilibre, cette force qui était déjà la mienne, m'aide aujourd'hui plus que je ne saurais l'exprimer à faire face à l'épreuve avec positivité. Conjugué à mon diagnostic heureusement plutôt clément, cet état d'esprit m'aide à vivre le "combat" contre mon cancer pas après pas, avec une sérénité qui me surprend parfois moi-même.
Je ne prétends pas minimiser les faits : ce mois de mars a été très éprouvant pour moi, tant physiquement qu'émotionnellement. Mais pour l'instant, ça va.
Forcément, tout a tourné autour de ça... Et même si ce n'était pas drôle, ces moments resteront définitivement gravés en moi.
Alors pour ce mois de Mars 2023 qui vient de s'achever, voici ce dont j'aimerais garder la trace :
★ Préparation au combat
Après l'annonce officielle de mon cancer du sein, j'ai dû prévenir mes proches de mon cancer, petit à petit. Une première étape extrêmement intense émotionnellement, à la fois difficile et éclairante, pour réaliser moi-même l'ampleur de ce qui m'arrivait.
Durant toute cette période, j'ai enchaîné les RV médicaux, tous les 2-3 jours, et accumulé le stress qui allait avec : les examens eux-mêmes, l'attente des résultats, de leur signification, de leur implication.
Un rythme fou, aussi usant que rassurant : car cet enchaînement m'a permis de rester dans l'action, de ne pas trop appesantir sur le lourd poids de cette nouvelle.
L'issue de ces examens m'offrant finalement un panorama plutôt rassurant au coeur de sa gravité (cancer de stade 1, sans métastases, avec progression lente et sensible aux traitements), j'ai quand même réussi à me détendre lors de petits moments doux et légers, pour soigner mon moral et conserver une part de normalité.
Un après midi de shopping, un dîner en amoureux, une soirée pizza-film en famille, une balade en ville, des sessions créatives... De quoi chasser les idées noires et rebooster mon énergie avant qu'on ne mette sur place mon plan de traitement.
J'étais donc prête pour "me lancer dans la bataille" (j'utilise les guillemets car je n'aime pas trop toutes ces métaphores guerrières autour du cancer...). Mais je suis quand même restée un peu choquée quand on m'a annoncé que la première étape, ma mastectomie, se déroulerait... dès la semaine suivante!
Même si je savais cette issue inéluctable dans mon cas, je ne m'attendais pas à ce que sa date soit si proche ; cela m'a poussée à faire le "deuil" un peu précipité de mon sein.
Au delà de l'opération en elle-même et de sa logistique, il m'a fallu appréhender à vitesse grand V ce que serait l'après, la perte de mobilité, l'impact sur le ressenti de mon corps, et sur l'image de ma féminité... Mais ça m'a finalement évité de passer trop de temps à gamberger, et je ne regrette pas que ça ait été si rapide.
En partant pour mon dernier rendez-vous préopératoire, après avoir dit au revoir à mes collègues pour quelques mois, j'ai traversé la presqu'île lyonnaise, en passant devant ses magnifiques magnolias en fleurs.
Ça m'a rappelé le souvenir, 3 ans avant presque jour pour jour, de la toute dernière visite que j'avais faite avant le confinement : j'avais foncé aux Célestins, pour ne pas louper cette si belle floraison et profiter d'un dernier shoot de douceur et de beauté, avant ce saut vers l'inconnu dont je savais déjà qu'il aurait un avant et un après.
J'y avais fait un tour aussi l'an dernier, dans mes derniers instants de liberté avant de reprendre le chemin du travail, dans un poste que je n'avais encore jamais occupé...
Alors que j'observais les magnolias en fleurs sur ma route, cette symbolique m'est bien sûr revenue à l'esprit : malgré quelques moments difficiles, ces derniers sauts dans l'inconnu m'avaient finalement été cléments ; alors, sans doute que celui-ci le serait tout autant.
★ L'opération et l'hospitalisation
C'est donc ainsi que j'ai abordé mon hospitalisation. L'opération, en elle-même, a duré 3h, sous anesthésie générale : une mastectomie complète, incluant 2 ganglions, et une reconstruction mammaire immédiate par pose d'une prothèse sous-cutanée temporaire.
Je suis ensuite restée 5 jours en observation à l'hôpital, dans une petite bulle de transition, partagée entre le soulagement de me savoir prise en charge et suivie de près, et l'envie de vite retrouver les miens et mon quotidien.
Un petit sas hors du temps, où les heures s’égrenaient lentement, entre siestes, lecture, podcasts, broderie... mais au rythme infernal des coups de fil et des visites impromptues, à toute heure du jour et de la nuit.
Heureusement, malgré quelques hauts et bas, je suis vraiment bien remise, tant physiquement que moralement. Même si l'équipe médicale a fait un très beau travail, j'étais impatiente de rentrer enfin chez moi (non sans difficultés, puisque la voiture a choisi le moment de ma sortie pour tomber en panne sur le parking de l'hôpital^^).
★ Retour à la maison
Compte tenu du caractère impressionnant de l'opération, je m'attendais à des suites beaucoup plus douloureuses et invalidantes... Mais se réveiller avec un sein, même factice et déformé, est certainement bien moins traumatisant que de n'avoir plus rien.
S'il ne s'agit pas non plus d'une partie de plaisir - n'exagérons rien! - j'ai très bien géré le post-op. J'ai trouvé la douleur tout à fait supportable ; et si j'étais vraiment diminuée les premiers jours, notamment avec le drain que j'avais à l'hôpital (qui m'a été enlevé depuis), cela s'améliore de jour en jour et j'ai désormais retrouvé la plus grande part de ma mobilité.
La douleur s'estompe, jour après jour ; mais je retrouve dans le même temps la sensibilité que j'avais perdue quelques temps, et je dois maintenant m'habituer aux nouvelles sensations de ma prothèse - ce qui n'est pas si évident.
Même en restant au repos (NB : je suis en arrêt de travail), j'ai conservé un rythme assez actif (pas tellement le choix avec 3 enfants, surtout en période de grèves!) - et je crois que cela m'entraîne aussi dans un mouvement positif.
La tentation, et le risque, c'est de vouloir du coup faire (presque) comme si de rien n'était... mais je n'oublie pas que ça reste un lourd changement, et qu'il me faudra encore longtemps pour m'en remettre et en appréhender toutes les facettes.
Mon séjour à l'hôpital, comme mon retour, ont grandement été améliorés par les multiples attentions de mes proches (et par certains d'entre vous♡), qui se sont relayés comme jamais pour me faire savoir qu'ils étaient là, à mes côtés, et m'apporter tout le réconfort qu'il me fallait.
Jolis mots d'encouragement, de soutien, blagues pour me détendre, livres, thé, gâteaux et chocolats, fleurs ou jolis objets, tous ces merveilleux cadeaux m'ont mis du baume au coeur, surtout pour la belle vague d'amour qu'ils représentaient. Me savoir si choyée et bien entourée ne pouvait que m'aider à affronter les choses sous leur meilleur jour, et je ne remercierai jamais assez tous ceux qui ont pensé et pensent encore à moi si souvent.
- "S'adapter" de Clara Dupont-Monod (+)
- "Belle Greene" de Dominique Lapierre (+++)
- "Paris-Briançon" de Philippe Besson (+++)
- "La petite boutique aux poisons" de Sarah Penner (++)
- "Les correspondants" de Grand Corps Malade et Ben Mazué (+++)
- "Une légère victoire" d'Odile d'Oultremont (++)
- "Comme toi" de Lisa Jewell (++)
- "Écoute la pluie tomber" d'Olivia Ruiz (en cours)
Après ce mois si chargé, le souffle de la tornade commence maintenant à retomber - et ça fait vraiment du bien.
Je prends un peu le temps de me reposer, et de reprendre des forces pour la suite. La 1ère étape s'est bien passée, mais ce n'est pas encore terminé...