La radiothérapie : comment ça se passe, concrètement?

Et voilà! Une nouvelle étape de franchie dans ma lutte contre le cancer, alors que je finis mes 25 séances de radiothérapie🥳!

Je vous ai peu parlé de ma radiothérapie jusqu'ici - après avoir entendu tant de "on-dit" à ce sujet, je préférais attendre d'en avoir une réelle expérience avant de pouvoir vous en parler plus spécifiquement.

A l'issue des 25 séances qui m'ont été prescrites, je peux maintenant vous expliquer plus en détails en quoi consiste ce traitement, la façon dont ça se passe concrètement, et comment je l'ai vécu, de mon côté. Il existe plusieurs types de radiothérapie - mais je vais vous parler de la plus commune, celle que j'ai eue dans le cadre de mon cancer du sein.

J'espère que cela pourra renseigner ou même aider des personnes qui pourraient être concernées : car pour ma part, avant de commencer, à part entendre sans arrêt parler de brûlures et de coupeurs de feu (ce que mentionnent à peu près les 3/4 des gens on en parle autour de soi!), j'avoue que j'avais peu d'informations sur ce que représentait réellement la radiothérapie...

Si ce que j'avais lu sur internet m'en avait expliqué le principe, je ne savais pas comment se dérouleraient concrètement mes séances.

Je savais juste que celles-ci auraient lieu chaque jour de la semaine, et seraient normalement courtes et indolores.

Et c'était finalement un bon résumé^^! Mes séances avaient lieu dans un centre de radiothérapie dédié, tous les jours, sauf les week-ends : un rythme assez contraignant, d'autant plus que je n'ai pas trop pu choisir mes horaires, qui tombaient la plupart du temps le soir...

Pas hyper pratique en famille pour le tunnel et le repas du soir, mon chéri sortant en général assez tard du boulot... Mais c'était finalement un mal pour un bien, car ça me laissait le champ libre la journée.

Et j'avais un avantage certain par rapport à beaucoup de patients : mon centre de radiothérapie se trouve à 10mn à pieds de chez moi, ce qui m'a évité une grande part de trajets, et la fatigue/l'organisation qui va avec.

Les trajets - qui peuvent être réalisés en taxis et pris en charge par la sécu, quand ils sont plus longs que les miens - représentent en fait une grosse part du temps nécessaire à la radiothérapie ; car les séances proprement dites, elles, ne durent qu'une dizaine de minutes.

On a donc souvent plus long de trajets A/R que de traitement! Même pour moi qui venait à pieds, c'était déjà le cas.

Une fois sur place, ça va en général très vite : les séances sont organisées à la chaîne, sur des créneaux de 10mn par patient.

Lorsque vient son tour, on se déshabille rapidement en cabine, avant de venir s'installer sur la machine, un accélérateur de particules en forme d'anneau géant. Impressionnant, mais pas méchant^^!

On commence par revalider son identité : une sécurité supplémentaire pour s'assurer que ce sont bien les bonnes données qui sont chargées.

On se couche ensuite sur un chariot mobile, toujours dans même position (soit, dans mon cas, pour un cancer du sein, sur le dos, torse nu, les bras au dessus de la tête).

La position doit être strictement conforme à celle qui avait été enregistrée lors du paramétrage initial de la machine, pour être efficace tout en préservant au maximum les tissus et organes sains.

Les manipulateurs radio veillent donc à nous replacer très précisément, au millimètre près, ou presque. Ils utilisent pour cela des mesures et un tracé d'après des photos de la position initiale, et aussi des marqueurs placés en amont des séances (j'ai des tatouages réalisés à l'encre invisible, la classe quand j'irai en boite de nuit!😎)(oui bon déjà que ça m'arrivais plus trop, seins nus, encore moins^^).

Puis une fois que tout semble OK, ils nous laissent dans la salle, en gardant toutefois une connexion sonore et visuelle.

On reste alors seule, sans bouger, emportée dans le mini tunnel de la machine : les derniers réglages sont faits à distance, pour éviter tout risque d'irradiation du personnel.

Une fois la position validée, la machine envoie des rayons très ciblés sur la zone du sein/aisselles, en évitant au maximum les organes sains.

Il s'agit d'une dose massive, mais diluée sur 25 jours au total (pour moi - ça peut être plus, ou moins), et à raison de seulement 1 ou 2mn chaque jour, sous différents angles.

Il n'y a donc en fait que 1 ou 2mn de rayons, totalement indolores, avec des lumières au plafond, et la radio en fond sonore pour détourner l'attention du grésillement des rayons (c'est un bruit léger mais bien reconnaissable, comme un pistolet de tatouage, ou un rayon laser).

L'objectif est certainement de détendre les patients un peu claustrophobes, mais des fois c'est ambiance boîte de night dans le tunnel🎉. Le plus désagréable dans tout ça c'est surtout la position bras en l'air (légèrement douloureuse pour moi avec la prothèse), et surtout, quand la musique est pourrie^^

Une fois les rayons finis, le chariot ressort de la machine, et c'est fini! On se rhabille, et hop, à demain! ça devient rapidement une routine.

Les rayons viennent détruire les cellules : celles qui sont saines vont se régénérer très vite, alors que les cancéreuses, elles, mourront ou ne pourront plus se reproduire.

L'objectif est ainsi d'éliminer les éventuels résidus tumoraux, et de limiter les risques de récidive.

Évidemment, le processus reste assez agressif pour la peau...

C'est donc une période où on y prête attention, en s'interdisant l'épilation/rasage des aisselles (pas très pratique à cette période de retour du beau temps, mais on fait avec!), en utilisant un gel douche neutre et sans parfum, et en évitant toute exposition au chlore des piscines et surtout, au soleil, pendant et après la radiothérapie.

Les effets secondaires des rayons sont surtout liés aux brûlures de la peau et à la fatigue, et très variables d'une personne à l'autre.

Ils gagnent en intensité au fur et à mesure de l'accumulation des séances (il faut en général au moins 2 semaines avant d'en ressentir les effets), et peuvent perdurer bien après les séances, dont les effets continuent après l'arrêt du traitement.

Je crois pour ma part avoir été encore une fois assez chanceuse sur ce plan là!

Je n'ai ressenti aucune fatigue particulière, et je n'ai pas eu de sensation de brûlure intense.

(mais, comme je le l'ai mentionné, le fait de ne pas avoir de trajets m'y a sans doute bien aidé, mes petites promenades quotidiennes étant au contraire plutôt agréables)

Ma peau s'est peu à peu colorée en rouge, comme après un fort coup de soleil, et des taches de rousseur sont peu à peu apparues sur mon sein. Quelques petits lambeaux de peau ont pelé, mais sans douleur. (mais suite à ma mastectomie, une partie de mon sein reste de toute façon insensible, ce qui joue sans doute...)

Il n'y a que 2 endroits spécifiques sur lesquels j'ai ressenti un peu plus de brûlure (sous le sein, et à la jonction entre seins et aisselles - là où les rayons étaient les plus concentrés), mais ça reste supportable, je n'ai jamais eu besoin d'intervenir.

En revanche, à l'issue des séances, ma peau est extrêmement tendue - ce qui, à défaut d'être très douloureux, est quand même très désagréable.

D'une part car j'ai l'impression d'avoir un sein "obus", très statique, et d'autre part car cela a fini par décaler ma prothèse (NB : un extendeur, pas une prothèse définitive) dans une position plus désagréable... Je la sens en permanence, et la zone de la valve, juste sous la peau, est douloureuse lorsque je la touche.

Cela reste tout de même assez limité, et bien loin des affreuses brûlures dont j'entendais sans cesse parler! Comme quoi, c'est possible de passer à côté💪

Pour celles qui ont un ressenti plus prononcé que moi, il est toutefois possible de mettre en place quelques solutions pour soulager les effets secondaires.

Un arrêt de travail, déjà, mis en place la plupart du temps, bien appréciable pour alléger les transports et prendre un temps de repos physique et moral important pour bien vivre son traitement.

Et des applications locales, pour agir directement sur les sensations. Des crèmes, en premier lieu, à ne mettre qu'après avis du radiothérapeute, qui nous donnera les bonnes références et dosages - car on peut faire plus de mal que de bien en appliquant soi-même une crème inappropriée ou au mauvais moment.

Et puis, si l'on en ressens le besoin, on peut aussi appliquer de petits morceaux d'ardoise directement sur les zones sensibles - la pierre, qui absorbe et transfère la chaleur, a un effet coupe-feu naturel qui peut faire du bien, sans contre-indication. 

Enfin, on vous en parle forcément si vous êtes patient en radiothérapie : le recours à des "coupeurs de feu" ou "magnétiseurs" soulage beaucoup de patients.

Selon sa sensibilité, on croit ou pas à cette pratique non-médicale, assez ésotérique et énigmatique, dont l'efficacité n'est pas prouvée.

Mais si on en ressent le besoin, je crois qu'il n'y a aucun mal à tenter, tant que les soins sont réalisés dans de bonnes conditions!

La technique consiste pour le praticien à apposer ses mains au-dessus de la zone concernée, en récitant des prières pour absorber la douleur et se débarrasser du «feu».

Je n'ai pas ressenti le besoin d'avoir recours à cette pratique, pour ma part ; et si je reste tout à fait ouverte à un éventuel effet "direct", j'avoue être quand même très dubitative sur des soins par téléphone...

Mais tant que les attouchements n'ont rien d'illicite, ou que les sommes mises en jeu ne sont pas démesurées et n'appellent pas à d'autres soins douteux, pourquoi pas? Il ne semble pas y avoir de risques, dans tous les cas - alors tant mieux si ça marche! Cela semble être le cas pour beaucoup de patients.

Attention toutefois aux retombées psychologiques, si jamais ça ne fonctionne pas ; et surtout, à toujours se rappeler que cela ne remplace jamais un traitement médical, ni ne permet de l'interrompre.

Pour ma part, je termine ma radiothérapie sans encombres majeures, soulagée dans mon organisation et sans difficultés notables...

Et avec une bonne nouvelle : le radiothérapeute m'a confirmé qu'il n'y avait plus de traces de mon cancer!

Prochaine étape, préventive là encore : l'hormonothérapie. Mais là, j'ai carrément 5 ans pour vous en parler^^...