Tout là haut
Il y a quelques jours, je vous parlais de mes envies de printemps, et de mon petit séjour en famille à la montagne, tout en haut du Jura, pour dire au revoir une fois pour toutes (et un peu après coup!) aux dernières traces de l'hiver.
Et le ciel a exaucé mes voeux! Finalement, le printemps nous attendait déjà, même là haut.
Seulement un peu plus de deux heures de route, et quelques centaines de mètres d'altitude en plus, ça change tout un paysage. Oubliés les bourgeons, les oiseaux chantants et les premières fleurs de cerisier, premiers signes du printemps. Là haut, même sous le même ciel bleu, c'était encore neige, glace et sapins.
Là haut, c'était exactement comme je l'avais imaginé.
Quelques jours de pur soleil, à profiter doucement une dernière fois des joies de la neige, juste avant qu'elle ne fonde.
Les filles ont construit un beau bonhomme de neige, fait quelques descentes à sensation en luge, ri aux éclats à nous lancer des boules de neige.
Entre grands, on a profité des joies des sports d'hiver - ski de fond, de descente, raquettes - et d'un régime particulièrement sain et équilibré à base de comté, de raclettes et de saucissons au Macvin jurassien.
Là haut, ensemble, on était bien, on a profité quelques jours d'un joli temps suspendu.
On a ri, on a joué, on a trinqué, on a lézardé sur des transats au soleil, on a fait gouzi-gouza à la toute jolie petite nièce/cousine. On a dessiné, on a refait le monde, on a re-trinqué, on s'est reposés, on a re-re-trinqué (on a même tenté la liqueur de bourgeons de sapins!). Et on a même réussi à léviter (si si! tentez l'expérience vous aussi - rires garantis et en plus ça marche vraiment!).
On a totalement oublié notre petite routine.
5 jours seulement, mais 5 jours hors du temps, pleins de dépaysement, à profiter de la montagne qu'on avait pour nous tout seuls ou presque.
Un peu entre deux mondes, à la fois la neige sous nos pieds, et le soleil ardent déjà chaud sur la peau.
Là haut, on s'est construit une fois encore, ensemble, de très beaux souvenirs.
On était ensemble, on avait bien profité, on était bien.
Et puis, de là haut, juste au moment où l'on allait partir, on a appris qu'il était parti, lui aussi.
Lui, ce si beau patriarche, ses doux yeux bleus rieurs et perçants, sa mémoire infaillible.
Son regard si plein d'amour pour sa douce, après 70 ans de vie commune. Son amour si tendre pour sa si belle lignée, ses enfants, ses petits enfants, ses petits-petits enfants.
Sa rigueur et sa douceur, ses voyages lointains d'antan et ses dernières années casanières. Ses petits billets glissés vite dans ta main comme le font les vieux, presque en secret, pour t'offrir du bonheur.
Sa longue vie bien remplie, sa tendresse, son sourire, ses gentilles attentions.
Je remercie la vie de m'avoir permis de le côtoyer quelques temps, et d'avoir laissé le temps à mes filles de connaître cet homme si admirable et ce si bel exemple qu'était leur arrière-grand-père.
J'espère que de tout là haut, il nous regarde de ses beaux yeux bleus, et qu'il sait qu'on pense et pensera toujours à lui avec beaucoup de tendresse.