Solo
Pour la première fois depuis des années, depuis que je suis maman même, je passe quelques jours complètement seule chez moi.
Et oui, cette année, c'est à mon tour de ne pas avoir de vacances, comme je viens de démarrer mon nouvel emploi, alors que chéri, lui, a pris les deux semaines des vacances d'avril.
Nous devions initialement aller dans le Sud, et, alors que chéri resterait là bas seul avec nos 3 filles, je serai rentrée à la maison après un long week-end ensemble. Le covid est venu contrecarrer un peu nos plans : un test inopiné nous a appris que notre aînée, complètement asymptomatique et ayant déjà eu le Covid il y a un mois et demi à peine, était en fait de nouveau positive...
Nous avons donc dû annuler avec regrets notre réservation initiale, la résidence ne souhaitant pas accueillir de cas positifs, et ne sachant pas si nous serions à notre tour atteints, dans la semaine suivante. Finalement, tout va bien : seule Chouquette a été touchée, et elle n'a rien - et chéri a retrouvé, en dernière minute, de quoi repartir quelques jours, à l'issue de son isolement.
Au revoir le Sud, mais bonjour la campagne à la montagne : les filles peuvent quand même profiter d'une belle escapade!
Pour ma part, en revanche, compte tenu de mes horaires de travail, ça valait moins le coup de les rejoindre. Alors, me voilà quelques jours seule chez moi.
S'il m'est arrivé plusieurs fois de me retrouver seule, ailleurs, ou en amoureux sans enfants, chez nous, c'est la toute première fois que je reste chez moi, plusieurs jours, seule, sans maris et enfants.
Le kiff total de pouvoir vraiment faire ce que je veux, quand je veux, sans entraves ni responsabilités, à mon rythme et en silence! Incroyable. Vraiment... Mais passé le premier jour, c'est aussi un peu flippant. Une fois passé la sensation de liberté, je me suis vite retrouvée un peu déboussolée.
J'ai fait un peu de shopping : bien sûr je n'ai rien trouvé pour moi, ça va de soi (sauf du matériel créatif, pour m'éviter la frustration de rentrer sans rien!). Puis en faisant les courses, j'étais perdue... Devant les rayons, je ne savais plus quoi prendre, rien ne me paraissait valable à cuisiner pour une personne seulement ; et de toute façon, j'avais une flemme totale.
Je voulais regarder un truc à la télé, mais j'ai scrollé tout le catalogue sans trouver de quoi m'inspirer.
Les réveils tardifs auquel j'aurais droit, dès que le jour se lève, je n'y arrive pas.
Le silence, que j'implore pourtant tant bien souvent, m'oppresse.
J'ai mis des podcasts ou la télé en fond, presque tout le temps, pour combler un peu l'espace. J'ai peint, j'ai brodé, lu, écrit, regardé la télé, zoné sur instagram, chiné, et même fait un peu de sport : si, si!
Rien ne m'y obligeait, mais j'ai aussi tout rangé, nettoyé, trié. Je me suis même attelée à cet album photo qui m'attendait depuis des mois déjà...
J'ai été à la fois hyper productive, et complètement inutile. Et le temps, pour une fois, m'a paru long, vraiment. Littéralement - car j'ai trouvé ça dingue le nombre de choses que l'on peut faire dans une journée, quand on est pas sans arrêt stoppée et qu'on peut oublier un peu ses responsabilités! Dire qu'avant, c'était ce que l'on faisait de toutes nos journées... ça me semble un tel temps perdu, maintenant!
Et puis moralement, aussi, parce que passée l'euphorie du premier jour, le temps sans eux me pèse, même si je sais qu'ils vont bien, de leur côté, et qu'ils me donnent des nouvelles 3 fois par jour.
10 ans plus tard, et c'est toujours pareil : quand on a ses gosses sur le dos on rêve d'être seule ; et dès qu'on est seule, on veut les retrouver...
L'ambivalence maternelle a toujours de beaux jours devant elle!
Mais cette petite parenthèse en solo m'a permis de renforcer cette certitude que j'ai depuis plus de 10 ans maintenant : je suis infiniment reconnaissante d'être devenue maman, d'avoir pu construire ma propre famille, et de pouvoir bâtir tous ces souvenirs avec eux, dans le tumulte du quotidien comme dans les escapades ou les grands moments.
Ma vie serait tellement plus vide et plus triste, sans toute cette agitation, ce bruit, ces débordements et cette charge parfois écrasante que représente la vie de famille... Et réaliser, dans des jours comme ceux-ci, ce qu'aurait pu rester ma vie, me rend encore plus heureuse du tour qu'elle a pris.
Aujourd'hui encore plus que d'habitude, je me rend compte de la chance que c'est de pouvoir passer quelques jours seule, sans que ça ne soit par obligation, ou que ça ne soit pour tout le temps.
Maintenant bien reposée, j'ai hâte de les retrouver. Même avec leur vacarme, leur énergie, et ces cent cinquante mille "Mamannnnn!" si énervants... mais que j'aime tant.