La bascule

Cette fois c'est définitif! Le cap est passé : mes 40 ans sont déjà derrière moi, aujourd'hui je passe carrément à 41.

Quelque part, ça me marque presque plus que les 40 l'an dernier : le chiffre rond est dépassé, cette fois je bascule vraiment de l'autre côté. C'est pourtant bien logique, et plutôt positif, en fait : si j'ai le sentiment de maintenant basculer... c'est sans doute parce qu'à 40 ans, j'étais enfin à l'équilibre.

C'est en tout cas exactement ce que je ressens. Je l'ai déjà dit ici, et vous l'avez sans doute senti, vous aussi : l'an dernier, j'évoquais mon envie de reprendre le fil de ma vie - et tout au long de cette dernière année, je l'ai tissé (et même brodé!^^), jusqu'à me sentir aujourd'hui alignée et épanouie, sur tous les pans de ma vie.

J'ai 3 petites filles parfaites, un mari (presque^^) parfait lui aussi (je n'en dirai pas plus, parfois il me lit!), un travail salarié prometteur, une micro-entreprise à développer tranquillement, par plaisir et sans pression, une passion dévorante pour la broderie et l'aquarelle, du temps pour moi, suffisamment d'argent, et la santé.

Ça ne veut pas dire que je vis sur un petit nuage doré, ni qu'il n'y ait pas ça et là quelques grains de sable à déplorer...

Mais clairement, je ne peux que remercier la vie pour tout ce que j'ai.

A cette étape de mon histoire, tout va pour le mieux. Mes objectifs de vie sont d'ores et déjà remplis : et même si je devais les perdre, ils m'auront apporté des souvenirs à chérir, la sérénité, et la force nécessaire pour tenter de les reconquérir, si jamais.

Car c'est peut-être ce qui me fait le plus peur, aujourd'hui... J'ai réussi. Peut-être pas dans les critères de tous... mais dans les miens, ça, oui. A 20 ans, je ne l'aurais pas dit - et maintenant que j'y suis, ça me semble toujours être une chance inouïe.

Alors une part de moi se demande : que va-t-il se passer, après, à partir d'aujourd'hui? L'avenir me permettra-t-il vraiment d'en récolter les fruits?

Je l'espère, bien sûr, car il me reste heureusement bien des choses à construire, à vivre et à rêver.

Voir mes filles grandir, franchir les étapes les unes après les autres, petit à petit, les garder tout contre moi, tout en les aidant à vivre leur propre vie... Ce sera sans nul doute mon plus grand défi.

Continuer à entretenir la flamme, au quotidien, avec mon chéri, à coup de mots doux, de projets, de souvenirs, de piques et de blagues pourries, de "j't'aime... plus" et de petites attentions, l'air de rien - vieillir ensemble, doucement, mais bien.

Rester sensible à la découverte, et continuer à explorer le monde, ici ou ailleurs, pour montrer à mes filles sa beauté, sa richesse, sa valeur, et leur apprendre à les préserver ; mais leur parler de ses faiblesses, aussi, pour qu'elles puissent y faire face et s'en préserver.

Gagner en compétence, en assurance, pour savoir évoluer et porter mes projets plus loin, en apprenant mille choses en chemin.

Et aider mes filles et d'autres autour de moi à suivre le même chemin. Si j'y parviens, ce sera plus que bien.

Alors - quoi, pour demain? Pour la première fois depuis bien longtemps, mon avenir est une page blanche.

Un monde à réinventer, dont j'imagine les grandes lignes, mais pas le reste, encore en pointillés.

Je ne m'attends pourtant pas à tout changer : j'ai depuis longtemps accepté que ce n'est pas ce qui me plairait. Je n'aspire qu'à la simplicité, à suivre mon petit rythme un peu casanier, à avancer doucement, en me sentant bien et en sécurité. Tout en prenant le risque, de temps en temps, d'oser quand même un peu tout bousculer.

Quelle sera donc la suite? Déménager, sans doute, à un moment ; se remettre à voyager un peu plus loin, sûrement ; lire, écrire, broder, peindre, encore, toujours, assurément. Pour le reste... On verra le moment venu, en son temps.

Je sais qu'il y aura du bon, et du moins bon. Sans doute même désormais de plus en plus de moins bon. La vie et son éternel balancement... Pour trouver l'équilibre, il faut basculer en arrière autant qu'en avant.

Mais pour l'instant, je savoure le précieux équilibre du moment présent - et je profite pleinement du doux calme de mes 41 ans, avant de basculer vers ce qui m'attend.

[Et par nostalgie... le bilan de mes 37 ans, mes 38 ans, mes 39 ans, et 40 ans... Intéressant, de me replonger dans ce cheminement intérieur et ce qui m'a amenée où je suis...]