Encore un peu tout contre moi...
Et ça y est, 6 bougies de soufflées, ma Chouquette, c'est fait! Je ne risquais pas de le louper à vrai dire, car tu m'en parles tous les matins depuis quelques temps...
Nous y voilà maintenant, tes 6 ans, tu les as, ceux que j'avais presque déjà intégrés malgré moi. Dès l'an dernier, déjà, j'avais presque l'impression que tu les avais déjà atteints... Pourtant maintenant que nous y sommes, je mesure tout ce chemin que tu n'avais pourtant pas encore parcouru.
Ta grande taille et ta facilité de parole sont trompeurs, on te croit facilement plus grande que ton âge... Et même moi, ta maman, qui a pourtant suivi cette même route et sait mieux que personne ce que ça fait, je ne peux m'en empêcher.
Tout d'une grande, ou presque... Mais tes milliers de câlins et de douceurs sont là pour me rappeler chaque jour combien tu restes mon bébé.
Comme j'aime te sentir te coller contre moi, prendre ma main lorsque l'on marche, courir vers moi dès que j'arrive, et me glisser sans cesse des mots doux à l'oreille...
Je profite de ces merveilles tant que je le peux, j'en fais des réserves pour ce jour où tu grandiras vraiment, et où tu les oublieras peut être en chemin...
Même si j'en doute, tant cette tendresse et cette douceur font partie de toi depuis toujours.
Mais je sens bien, déjà, que le fil qui nous lie commence à se distendre, qu'il faudra bien un jour me résigner à te laisser voler de tes propres ailes...
Mais tu comptes sur moi, encore, tu te rassures sans cesse auprès de papa ou de moi, et tu ne t'éloignes jamais très loin.
Tu es tellement raisonnable, ma douce...
Trop même peut être, toi qui n'ose jamais sortir des clous et qui me rappelle même à l'ordre quelques fois - "mais non maman! mais ça j'ai pas le droit!" - oups, oui, c'est vrai... Moi j'avais oublié ; toi, jamais.
Une petite fille modèle, de celles que l'on ne voit que dans les livres d'antan, auxquelles les parents ne croient jamais vraiment tant elles semblent rares et précieuses.
Une image d’Épinal, qui m'émerveille et me fais me sentir si chanceuse chaque jour.
Jamais de vraies bêtises, à peine quelques broutilles ; de la tendresse à revendre, de l'imagination en pagaille et des réflexions déjà si posées et pertinentes...
Et tu es la grande sœur parfaite, le meilleur des modèles, fière, aimante et protectrice. Chaque jour je t'observe aimer ta sœur si fort, et diriger les rênes de votre si belle complicité.
Tu as les meilleures bases pour t'élancer dans la vie ; et même si tu hésites encore un peu, mon ange, je te sens désormais prête à voler un peu plus de tes propres ailes.
Je sens d'ailleurs ce mouvement s'accélérer d'un coup, depuis quelques semaines... Ta volonté de grandir imprègne tes actions.
Ou n'est-ce pas plutôt que je commence seulement à être prête à le voir, et à en saisir le sens?
Il y a ces dents, que tu perds plus vite que ton âge ne le devrait (6 en moins déjà, et 2 bien vacillantes, et ce craquant sourire de guingois qui respire ta fierté de grandir). Et puis ce sifflement que tu t'obstines à apprivoiser petit à petit, t'entraînant sans relâche vers un son cristallin.
Il y a ces mots, que tu domptes depuis toujours, et que tu sais maintenant si bien déchiffrer de toi-même, tant ta curiosité t'entraîne à lire toute seule bien à l'avance de ta grande rentrée en CP. Ces mots que tu prononces aussi maintenant en haussant parfois trop le ton, comme une mini-ado rebelle.
Il y a cette mémoire impressionnante que tu te construis, autour de ce qui t'intéresse - tu t'interroge, on t'explique, tu enregistres, et on est tout surpris la fois d'après de voir que tu as déjà largement tout assimilé.
Tu commences à m'échapper, à courir au devant de sa vie, par tous les moyens possibles.
En vélo sans roulettes (après quelques hésitations pour te lancer vraiment, tu as surmonté ta peur et roule depuis sans arrêt, bravant les obstacles et t'amusant à t'en créer de nouveaux).
En grimpant aux murs (ce plaisir que tu as à te lancer de petits défis en salle d'escalade, et ta fierté à te dépasser me réjouissent et m'impressionnent).
Tu voudrais bien aussi déjà savoir nager... (tu le crois en tout cas, même si ce n'est pas encore ça - mais ce n'est que partie remise, ça viendra vite, je le sais).
Petit à petit, tu trouves ton rythme, celui qui t'amène en dehors de l'enfance pour te construire réellement en tant que "grande", et pas juste parce que tu en as déjà l'air.
6 ans, déjà. Et quoi qu'il ne m'en paraisse, le temps ne s'accélère pas... C'est juste toi qui accélère, pour préparer ton envol, tranquillement.
Alors je profite pleinement de pouvoir encore te couver un petit peu...
Et je fais des réserves de ce temps supplémentaire que j'ai l'occasion de passer en ce moment avec toi, tout contre toi...
Je te garde là, encore si près de mon cœur, la chaleur de ton corps collé au mien, la douce odeur de tes cheveux plein les poumons, la douceur de tes mots doux et de tes rires à mon oreille, la pression de ta petite main encore glissée dans la mienne.
Pour l'instant tu t'accroches encore à moi, craintivement, farouchement. Pour chaque pas en avant, tu viens reprendre des forces auprès de moi. Bientôt tu prendras vraiment ton envol, et je te laisserai faire, en t'observant toujours de loin, pour te soutenir si tu chutes...
Mais d'ici là, je te serre encore dans mes bras, ma fausse grande, pourtant plus si petite ; et je te serre fort, ma précieuse. Encore un peu tout contre moi.