8 ans, en avant!
8 ans déjà pour toi, ma douce... Et tu devrais t'en rappeler, de cette 8ème année, vu toutes les surprises qu'elle t'a apportée!
Ce soir, je te verrai souffler tes 8 bougies, et éteindre avec elles l'ardente flamme de cette année chargée, qui sans nul doute pour toi marquera un tournant.
Pour ce moment de fête, je verrai dans tes yeux briller à parts égales ta joyeuse ferveur d'enfant, et la calme distance de la grande que tu es maintenant.
Les deux se mêlent au fond de toi, au moment de mûrir pour de bon, en douceur, sans tourments. La naïveté de l'enfance et la raison des grands cohabitent en toi pour te faire filer droit : tu saisis le meilleur de chacun des deux camp, au gré de tes besoins, pour avancer doucement, tranquillement, mais sûrement.
Quelle année tu viens pourtant de traverser! Il y avait de quoi te bousculer, et te faire vaciller...
Et pourtant - imperturbable, belle figure de proue, tu files, en avant, comme si de rien n'était.
On t'enlève ta chambre, et tu dois partager?
Certes, tu as dû laisser ta place, et partager l'espace - mais pas grave, c'est encore mieux pour jouer! Et puis quel privilège, d'avoir le haut du lit superposé - parfait pour pouvoir parfois un peu t'isoler, et plonger dans les pages des romans que tu dévores maintenant, tout en restant tout près.
Alors, oui, c'est sûr, parfois tu aimerais plus de tranquillité, et maintenant aussi plus d'intimité, sans que personne ne vienne sans arrêt te coller... Mais tu t'accommodes avec facilité de cette promiscuité, en n'en voyant que les bons côtés.
Une nouvelle petite sœur?
A la bonne heure, tu es déjà rodée! Ce rôle, tu le portes à merveille, alors c'est à peine si ça t'a fait ciller. De l'amour, tu en as à revendre - et cette nouvelle née en a vite profité. Elle n'a fait que t'améliorer encore...
Deux fois plus de câlins à donner, pour couver la nouvelle venue, et dans le même temps rassurer celle qui pouvait, de son côté, se sentir menacée. A chacune tu donnes un amour différent, mais avec autant de temps, d'affection, et de patience, souvent. D'instinct, tu les guides et tu les protèges, et leur offre le meilleur modèle dont j'aurais pu rêver.
Une vraie petite maman - et ça m'aide tellement!
3 mois de confinement?
Et alors? Quand on est bien dehors, on l'est aussi dedans, non? A peine si ça t'a perturbée. Oui, les copines t'ont beaucoup manqué, maman comme maîtresse t'a parfois énervée, et ce n'était pas toujours facile de tous se supporter sans arrêt...
Mais tu as su t'effacer, sans pour autant t'oublier ; et bien souvent t'auto-gérer, gagnant en autonomie quand il le fallait, pour mieux nous aider. Tu nous as définitivement prouvé combien tu sais t'adapter, en douceur et sans heurts, et te développer en toute sérénité, même dans l'adversité. Et c'est oh combien rassurant, en tant que parents!
Merci infiniment de ça, ma grande, qui m'a tant épaulée cette année. J'espère ne t'avoir pas trop délaissée en chemin...
Car tu avances avec tellement de calme et de raison, que j'ai peur parfois de ne pas t'accorder assez d'attention.
J'essaie d'y veiller, pour ne pas laisser ton rôle d'aînée et ta sagesse t'écraser... Tu parais toujours si bien te débrouiller, que je considère parfois comme garanti qu'avec toi, tout va bien se passer. Je sais combien je peux compter sur toi - et en ces temps chargés, les bras toujours bien occupés et l'esprit saturé, j'espère ne pas en avoir trop abusé.
Car tu as le droit, et le devoir, malgré ton obéissance innée, de laisser perdurer, autant que tu le pourras, cette petite pointe de folie, même parfois de défiance, et cette liberté qui est propre à l'enfance.
Ne laisse pas ta timidité s'imposer ; continue d'accueillir le monde à bras ouverts, tout en restant lucide et juste, et en sachant aussi le remettre parfois en question.
Tu as déjà évolué là dessus cette année - le père Noël, la petite souris, le deuil... Tu as perdu certaines illusions - sans toutefois les lâcher complètement. Il sera bientôt temps de voir la vie telle qu'elle est, sans fards ni faux-semblants ; et à mots choisis, petit à petit, je t'y aiderai, comme j'essaie de le faire dès que tu m'interroges, à mots choisis et, j'espère, éclairants.
Tu apprends tellement vite, maintenant...
Au delà de l'école, c'est notre monde que tu questionnes, et que tu analyses, d'un regard bienveillant.
De ton regard toujours inspiré, prête à redessiner parfois ce que tu vois, tel que tu aimerais que ce soit - en en gommant les aspérités, et en en voyant toujours le bon côté, parfois aveuglément. Tu rêves d'ailleurs d'être un jour une artiste : de ceux qui rendent le monde plus beau, et qui savent transmettre leur vision unique.
Je te le souhaite, ma douce... De savoir garder ce caractère créatif, réaliste mais optimiste, raisonnable mais éveillé - celui dans lequel je me reconnais tant, puisque je te l'ai transmis je crois, et qu'il m'a porté chance, moi aussi, jusqu'ici.
Te voici sur un fil, ma fine équilibriste, entre la douceur de l'enfance et la réalité des grands.
Tu penches d'un côté, puis l'autre fois d'un autre, trouvant à chaque fois ton équilibre à toi pour partir en avant, à petits pas légers - sans même qu'on ne remarque les efforts qu'il t'en coûte, et que l'on ne se rende compte que tu pourrais tomber. Vas-y pas après pas, ne te précipite pas... ma douce, promets-le moi.
Un jour tu te tiendras tout au bout de ce fil... et moi je serai là, pour t'aider à descendre en sautant à pieds joints dans la vie qui t'attend. Ne cours pas trop vite - mais maintenant, en avant!❤️