13 ans, mon papillon

Et en un battement d'ailes, tu as 13 ans, mon coeur... Plus mon bébé, non, je n'ose plus le dire - mon ado, oui, je sais ; même si j'ai encore un peu du mal à le réaliser. 

Je t'ai vue cette année pourtant, jour après jour, sortir de ton cocon, déployer tes ailes et t'envoler doucement, mon petit papillon. Virevolter dans le vent, légère et magnifique ; délicate, colorée, mais si fragile encore...  

Si éphémère, aussi - enfin, cette forme de toi, qui il y a peu encore n'existait même pas, et qui bientôt déjà, disparaîtra. Je savoure ce début d'adolescence sans fracas, où je te vois camper solidement sur tes bases pour gagner en assurance, en autonomie, en personnalité. 

C'est si beau d'observer de loin comment tu te construits, qui tu deviens, les choix que tu fais, les nouvelles expériences que tu vis.

Je sais qu'il t'en reste tellement, devant toi...

Mais chacune d'entre elles, maintenant, te marquera un peu plus fort, et forgera l'adulte qu'un jour tu seras.

Tranquillement, sereinement, tu comptes je crois, comme moi, sur une force intérieure qui sait guider tes pas. Sans effets de mode, sans faux-semblants, sans coups d'éclat ; juste en sachant t'écouter, toi. Et qui sait - si j'ose le penser, je me dis que cette force, c'est peut-être aussi un peu moi.

Peu de traces, en tout cas, des remous qui te secouent sûrement. De tes doutes, tes embrouilles, tes chagrins, ou tes premières amours, inévitables pourtant, je ne sais rien - tu les gardes pour toi, et je le comprends bien. A 13 ans, on cultive son jardin secret ; sauvage, foisonnant, bourdonnant, plein d'une vie invisible à ceux qui voient de loin.

Je te laisse la place d'y voler sans filets ; mais j'attends que tu viennes de temps en temps te poser près de moi, et me montrer les mille reflets que cachent tes ailes une fois déployées. En faisant attention à ne pas trop m'approcher - au risque d'abîmer cette si fragile matière, et de laisser ton élan retomber en poussière.

Tout un équilibre à trouver... Savoir être là, toujours, sans s'imposer, jamais. 

Compter sur mes propres souvenirs, comme sur ce que tu es ; me rappeler comment moi, à cet âge là, j'étais, sans empiéter sur ta liberté d'être tout autre chose, de ton côté. 

Je me reconnais tellement en toi... Nous sommes indéniablement faites du même bois. Mais tu ne te limites pas à ça, et tu sauras me faire découvrir tout ce que tu es, toi, et que je ne suis pas. 

Petit à petit, tu voleras de fleur en fleur, tu suivras de nouveaux chemins, découvriras de plus grands jardins. Tu viens tout juste d'éclore - ta métamorphose ne fait que commencer, en vrai.

Et la mienne aussi, par la même - car être mère d'ado, c'est un autre boulot. Je n'en perçois, moi-même, pas encore le niveau... mais j'espère de tout coeur en être à la hauteur.

Nous grandirons ensemble, monarque de mon coeur. Papillonne, butine, explore ; et moi je t'aiderai à en faire du nectar.