Le calme et la tempête
🎉38 bougies pour moi aujourd'hui...🎉
L'année dernière, à la même date, je faisais le constat que j'étais bien dans ma petite routine. Métro, boulot, dodo, mercredis jolis, petite vie tranquille assumée et une certaine mémérisation en cours, tout roulait, sans surprises.
Aujourd'hui, je vous rassure tout de suite, ça va toujours bien! Pourtant, à 38 ans aujourd'hui, je me sens entre deux eaux.
Un petit grain est venu gripper ma mécanique bien huilée et tout remettre en question. Juste après mon dernier anniversaire, je perdais mon emploi. Et forcément, ça a tout chamboulé, et donné à mon année une toute autre tournure.
A l'heure de regarder en arrière, je me dis que l'année que je viens de passer restera un tournant dans ma vie.
Un virage pris en douceur, et pas encore achevé à vrai dire...
J'ai vécu mon licenciement comme un choc - je l'envisageais pourtant depuis longtemps, mais se retrouver face à cette réalité, et à l'injustice profonde qu'elle représentait, m'a forcément déstabilisée.
Heureusement pour moi, c'est arrivé aux beaux jours - alors j'ai profité à fond de l'opportunité que ça me donnait de profiter à fond des mois d'été, et de m'accorder le luxe d'une vraie pause.
J'ai ainsi eu l'occasion rare de prendre beaucoup de temps pour moi, juste pour moi: quelques semaines seule, alors que mes filles étaient encore gardées la journée, puis tout un été en famille, à profiter pleinement, sans pression.
A la rentrée de mes filles à l'école, j'ai mis en place ma nouvelle organisation, et je me suis lancée à la recherche d'un emploi.
J'ai décidé de prendre cette pause professionnelle forcée comme un tremplin.
Après tout, c'est peut-être un coup de pied du destin pour m'amener à évoluer, à découvrir de nouveaux horizons, et à mettre ma vie sur de nouveaux rails.
Au delà d'une simple recherche d'emploi, j'ai donc débuté une véritable introspection, dans une démarche beaucoup plus large de réorientation professionnelle et d'épanouissement personnel.
L'année que je viens de passer a donc été à la fois très calme - avec un rythme ralenti, du temps pour moi, et pour mes filles - et très chargée. De questionnements, de doutes, de remises en question, de grandes décisions.
Depuis 1 an, je navigue entre un quotidien en forme de mer d'huile, et une tempête intérieure.
A mi-chemin entre le confort indéniable de rester à la maison, et l'inconfort de ne pas toujours m'y penser à ma place.
En réalité, j'ai beau être quelqu'un de très actif, rester au foyer ne me déplaît pas. J'avais peut-être un peu peur de m'ennuyer, mais j'ai vite réalisé que ce n'était absolument pas le cas!
J'ai toujours des choses à faire, que ce soit pour ma recherche d'emploi ou pour mon organisation familiale (une mine inépuisable d'amusement^^). Et mon blog m'offre une stimulation intellectuelle permanente à laquelle je suis heureuse de pouvoir accorder du temps.
Et surtout, j'ai le temps de profiter pleinement de mes filles, et de les voir grandir, en les gardant l'après midi et les mercredis ; et d'avoir du temps pour moi.
Mais tout ça n'est pas très lucratif... Et ce confort relatif peut finir par devenir un piège.
Car je n'ai pas envie de pérenniser cette situation à très long terme, que ce soit financièrement ou moralement.
Je n'arrive pas à m'enlever de la tête une certaine culpabilité à rester à la maison à "ne rien faire". J'ai toujours été active, et quelque part j'ai l'impression que je me laisse trop aller, ou qu'on va me reprocher une certaine paresse...
Sans parler de l'aspect social - car passé les quelques premiers mois "excusables", quand la situation s'éternise, passer d'un statut de cadre dynamique à celui de femme au foyer n'a pas tout à fait une image aussi valorisante (à défaut, soit dit entre nous).
Je le vis très bien pour l'instant - mais j'ai toujours un peu peur que le regard de mes proches puisse finir par changer avec le temps, et qu'un jour ils ne me considèrent plus de la même manière, de peur que je ne "gâche" mon potentiel ou que nos situations disjointes ne finissent par nous éloigner.
J'aimerais réussir à terme à retrouver un équilibre entre une vie personnelle épanouie, et une vie professionnelle riche, qui la complète.
J'ai la chance de pouvoir profiter d'un environnement stable, et d'un entourage compréhensif, qui me permet de prendre mon temps...
Je n'ai pas envie de me précipiter dans un poste qui ne me conviendrait pas, juste pour retrouver au plus vite une vie active et le salaire qui va avec.
Je préfère m'accorder une chance de trouver un compromis satisfaisant et surtout durable, dans lequel je sentirai bien pour la suite.
Trouver sa voie ne se fait pas en un jour - c'est un long cheminement. Si j'ai pour ma part réussi à déceler assez vite la piste d'un compromis entre mes rêves, mon caractère et le marché du travail tel qu'il est, ce n'est pas forcément facile de le mettre en œuvre.
Même avec une solution entre les mains, il faut encore la confronter à sa réalité...
...et intégrer que tout ne dépend malheureusement pas uniquement de nous.
Postuler à des offres un peu en dehors des "clous" de son CV ne marche pas à tous les coups... et même si j'ai réussi à décrocher différents entretiens au cours de ces derniers mois, ça n'a pas forcément suffi, et ne m'a pour l'instant mené à rien.
Avoir l'idée d'une reconversion possible ne fait pas tout - il faut aussi l'organiser en pratique, trouver une formation pertinente pour soi, la financer, la planifier. Et avoir le courage et l'énergie de s'y lancer à fond, et surtout au bon moment.
Au delà d'un simple job, je suis en ce moment en train de réorganiser toute ma vie - et ce n'est pas tous les jours évident...
Je me projette, mais je doute souvent. L'angoisse de la page blanche. De quoi sera fait demain?
Je pèse le pour et le contre, j'évalue la part de risque, je passe mon temps à me poser des questions sans avoir les réponses.
Est-ce que je suis le bon chemin? Quand sera le meilleur moment pour me lancer? Est-ce-que je ne vais pas me perdre avec le temps? Dois-je vraiment remettre tout mon équilibre en cause? Ne vais-je rien regretter de mes choix?...
Je dois me résoudre à accepter cette part d'incertitude, et malgré mon assurance générale, je me sens parfois perdue. Je ne sais pas si j'avance correctement. Si tant est qu'il y ait, au fond, une bonne façon d'avancer...
J'avance avec les clés dont je dispose, et je fais au mieux, petit pas par petit pas.
Et je crois que c'est surtout là que mes 38 ans m'aident à prendre le recul nécessaire.
J'ai 38 ans, une jeunesse qui s'éloigne, des cheveux blancs qui se multiplient, quelques rides en devenir, sans doute. Mais j'avoue que ce n'est pas ce qui me fait peur. J'ai surtout peur des choix que je fais pour mon avenir.
Et pourtant au fond... peu importe.
A 38 ans, je suis bien dans mes baskets, prête à assumer que je ne me définis pas que par mon statut social. Que mon socle dans la vie, c'est ma famille - pas au point que je m'y perde moi-même, mais au point que je me mette un peu en veilleuse, s'il le faut.
Je suis à l'aise avec ça, et j'y trouve même au contraire une vraie force. De celles qui durent toute une vie. Quoi qu'il se passe, tant que je les ai - j'ai tout. Et c'est un moteur puissant.
Le reste c'est du bonus! Alors c'est d'autant plus motivant. C'est dur, je me perds parfois, mais je commence à entrevoir où m'amène ma nouvelle route...
Et c'est sûr, elle sera pleine de surprises, de doutes encore, de remises à zéro. Mais elle sera belle. Où que le vent me mène - j'y crois. On en reparle à mes 39 ans ;o)