Parler de soi sur son blog, sans trop en dévoiler
Dès l'ouverture de mon blog, je me suis fixée certaines lignes de conduite quant à ce que je pourrais publier ici. En premier lieu : réussir à me préserver.
Dès le départ, je me suis présentée sans fards : je ne triche pas, je me montre à vous telle que je suis, sans pour autant tout vous dévoiler sur moi. Je tiens à entretenir une petite part de mystère, une petite sphère privée.
Je blogue anonymement, je mets en avant un pseudo (même si mon prénom n'a rien de secret), je ne me montre pas souvent. Et je n'identifie jamais directement mes enfants ou mes proches.
Je veille à conserver mon petit jardin secret, en gardant certaines choses pour moi ; et surtout, en m'interdisant d'écrire tout ce que je jugerais trop intime.
Si je parle de vie de famille par ici, c'est la plupart du temps sous un angle général, en évoquant une expérience que je pense être universelle.
Ma petite vie à moi, celle qui m'est propre, je la relègue au second plan.
Par pudeur, par protection avant tout ; mais aussi parce que je n'ai pas envie de me "starifier", ou de provoquer une identification trop poussée. Je ne tiens pas à ce qu'on s'intéresse à moi, en tant que personne ; je préfère attirer l'attention sur mes mots. Je ne veux pas que ce que je suis parasite ce que j'ai à dire.
Et je suis persuadée qu'on a pas besoin de tout déballer pour réussir à intéresser un public (ce que me prouvent d'ailleurs mes 2 ans de blog).
Pour autant, il faut bien avouer qu'il y a quelque chose de paradoxal à bloguer de la sorte...
Sans vouloir trop en dire, mais en exposant quand même sans arrêt son opinion à un public de plus en plus nombreux.
Si je ne voulais pas qu'on me lise, il me suffirait d'écrire dans un carnet - pourtant quelque part, je recherche ce partage...
Qu'on le veuille ou pas, en partageant ses humeurs sur la toile, on crée petit à petit un lien fort avec nos lecteurs les plus engagés, qu'on a envie de développer car on finit par s'attacher aux gens avec qui on échange, même si ce n'est que virtuellement.
C'est un aspect du blogging que je n'avais pas entrevu avant de me lancer sur la toile : écrire derrière un écran, ce n'est pas forcément rester dans son coin - ce n'est pas une communication à sens unique.
Avec le temps, ma position de départ a donc fini par évoluer un peu, et j'ai assoupli ma façon de faire.
Petit à petit, j'ai fini par donner plus de moi que ce que je ne l'avais imaginé au départ...
J'ai compris qu'en tant que lecteur (moi la première) on a besoin de connaître un peu celui qui nous parle, de voir ses aspérités, pour s'en faire une image tangible, et créer un lien.
J'ai ainsi décidé de montrer parfois mon visage (même si ça reste rare et plutôt sur instagram) - et de publier régulièrement des bribes plus personnelles de ma vie à moi (entre autres via mes petits bonheurs du mois, ou mes billets d'anniversaire).
Ça n'a d'ailleurs pas toujours été compris par mon entourage...
Il est arrivé plusieurs fois que certains de mes proches se sentent blessés de ne pas être "en première ligne" de ce que j'avais à dire, ici ou de manière plus spontanée, sur les réseaux. Comme si je les privais d'une confidence sur laquelle ils auraient priorité.
Je ne peux légitimement pas leur donner tort ; pourtant lorsque je me dévoile ainsi, c'est parce que je sais qu'eux seuls auront le développement complet, sans filtre.
Certains se sont étonnés de me voir dévoiler autant de moi en ligne, là où je ne l'ai pas toujours fait aussi ouvertement dans la vie. Ils ont même parfois eu l'impression de découvrir certaines facettes de moi via mes écrits, plus que dans la vraie vie.
Il faut dire que le blogging m'a aidée à m'ouvrir plus aux autres, de manière générale.
Il est parfois plus facile de se confier derrière un écran, à l'abri de mots choisis, quand on peut garder le contrôle...
J'arrive souvent à mieux exprimer par écrit certains de mes ressentis, parce que j'ai un recul, une distance, une maîtrise que je n'ai pas toujours le sentiment d'avoir dans une discussion en face à face.
Paradoxalement, partager ses pensées profondes (ou pas, hein!^^) à des inconnus est parfois plus facile qu'à des proches... Parce qu'on se sent moins vulnérable, peut être, et qu'il y a sans doute moins d'enjeux directs.
Si vous n'appréciez pas ce que j'écris, tant pis - je m'en remettrai ; je n'ai qu'à fermer mon ordinateur à vrai dire... Si mes proches le rejettent, là je serai bien plus blessée.
Dévoiler une part de soi en ligne n'est pas si anodin, ni si facile que l'on le croit.
Trouver le bon équilibre est difficile, et je doute à chaque article un peu personnel.
Il est facile de se convaincre que plus on partage sa vie, comme on le ferait avec une bonne copine, plus on plaira au public.
Qui n'a pas envie d'attirer l'attention à soi et de se créer une image positive? Et dans la blogosphère comme sur les réseaux sociaux, il faut bien avouer que ça marche...
Certaines ne comptent d'ailleurs que sur ça, et leur contenu un peu vide ou bâclé ne les empêche pas forcément de cartonner. Et c'est parfois rageant, quand de son côté on ne décolle pas, malgré ses efforts pour créer un contenu de qualité.
C'est une réalité - il est bien plus difficile de percer quand on reste un peu caché. Alors, la tentation est grande de se faire un peu violence, et d'en montrer un peu plus... Et on ne réalise pas toujours qu'on va trop loin - ça peut aller très vite.
La frontière n'est pas toujours facile à respecter, entre donner suffisamment de soi, et trop en dévoiler.
Je crois que quelque soit son point de vue sur le sujet, il faut s'entourer de précautions.
Comme tout le monde, j'aimerais parfois crier haut et fort certaines choses, ou montrer au monde entier comme mes filles sont belles... Seulement ce serait un leurre - car ça ne viendrait pas du fond de moi.
Au final ça me mettrait mal à l'aise, je me sentirais gênée vis à vis de mes proches, qui n'ont rien demandé, et j'aurais l'impression de mettre mon petit monde en scène.
Certaines sont plus à l'aise avec ça - et je ne les juge pas, car nous avons toutes un curseur différent quant à ce que nous souhaitons mettre en avant de nos vies.
L'essentiel est d'être raccord avec soi-même (en respectant aussi ses proches), de garder le sens de la pudeur, et de ne pas se forcer pour faire comme tout le monde, ou pour se "vendre".
A chacun de fixer ses propres limites, et de veiller à toujours les respecter pour ne pas regretter ce qu'il publie.
Car dès qu'on met en ligne une part de soi, il faut accepter qu'elle ne soit plus tout à fait qu'à nous.
La blogosphère, et les réseaux sociaux encore plus, sont souvent le théâtre d'une grande bienveillance... mais malheureusement aussi, d'une critique acerbe, parfois même injuste, qui peut être dure à encaisser.
Les jugements haineux et agressifs des fameux "trolls" restent toujours - d'après mon expérience en tout cas - minoritaires, et facilement occultables. Autant ne pas leur accorder de crédit, ils sont tellement dénués de fond...
Mais il arrive aussi de recevoir des remarques négatives qu'il est bien plus difficile d'ignorer...
Soit parce qu'au fond elles sont justes (ce n'est pas parce qu'on a une tribune pour donner son avis qu'on a toujours raison!), soit parce qu'elles tapent pile là où ça fait mal (s'ouvrir aux autres, c'est aussi tendre la main aux jugements, sur soi-même ou sur ses propos).
Aussi confiant que l'on soit, on ne sait jamais à quel point on se laissera toucher par ces commentaires qu'on attendait pas forcément...
Et il faut être bien armé pour s'en tirer sans mal.
Pas facile de trouver le juste milieu entre parler de soi, et trop se livrer... Un blog n'est pas un psy ; mais pas non plus un magazine en papier glacé.
Pour trouver le point d'équilibre, l'intégrité reste notre meilleur guide... Je vous avoue avoir des doutes, souvent. Je ne sais pas si je ne donne pas déjà trop de moi ici, sans le réaliser parfois, si je ne me laisse pas emporter par le sentiment grisant d'être lue...
Continuer à me poser cette question, même après deux ans à vous écrire, est important, je crois. Comme un garde-fou, pour ne pas aller trop loin.
Je crois que pour l'instant ça nous va comme ça, à vous comme à moi. Je l'espère en tout cas ;o)