Envies de printemps
lI y a ce frémissement intérieur...
Cette douce chaleur retrouvée du soleil sur ma peau, et mes yeux bleus qui de nouveau clignent face à trop de lumière.
Il y a tous ces bourgeons, promesses de la nature qui reprend ses droits, ce retour de la vie qu'on sent grouiller partout.
Ces bourdons qui se mettent à voler et farfouiller sur le bord de mes fenêtres, et ces oiseaux qui, revenus, pépient de joie le matin aux aurores.
Il y a ce plaisir à sourire, à fredonner des airs gais ; ce bonheur à sortir du travail le soir quand le jour n'est pas encore tombé.
Ces envies de fleur, ces jonquilles et ces branches de fleurs roses piquées au parc, ces tulipes et mimosas achetés au marché pour égayer notre intérieur, ces plantes aromatiques qu'on plante et qui feront notre bonheur cet été.
Il y aura bientôt les manteaux, les gants, les gros pulls remisés au placard, et ces blouses, ces jupes, ces vêtements colorés qu'on sortira de leurs cartons pour les remplacer.
Bientôt ces journées enfin rallongées, cette petite heure de lumière en plus gagnée sur la nuit de l'hiver.
Qu'il traîne encore pourtant, ce printemps que j'attends!
Il prend son temps, n'avance qu'à pas de velours, nous donne de beaux aperçus avant de s'enfuir de nouveau, me laissant sur ma faim.
Un petit jeu de va et vient...Un jour de soleil parfait, je me prend à y croire...ça y est, enfin, on y est, c'est sûr les jours gris sont finis!... Puis les fameuses giboulées reviennent vite à la charge, me rappellant combien les bonnes choses se font souvent attendre.
Seulement j'en ai marre, moi! Je le veux pour ce bon, ce si joli printemps qui plante les graines de ma bonne humeur!
Alors, je conjure le sort - je pars dès à présent pour quelques jours à la montagne, y retrouver sur le tard les dernières traces d'hiver blanc, profiter une dernière fois du froid, de la neige, des tartiflettes, et des flambées dans la cheminée.
Je m'émerveillerai de voir Bouclette découvrir l'étendue blanche qu'elle n'a encore jamais vue du haut de ses 2 ans. J'observerai doucement ma grande Chouquette redécouvrir les sensations du froid, du silence et des pas étouffés sur la neige.
Je me serrerai dans les bras de mon jules pour me réchauffer tout contre son coeur, je croiserai tant bien que mal mes doigts avec les siens, encombrés de nos gants.
On rira aux éclats tous ensemble à s'envoyer des boules de neige, à construire un bonhomme de neige plus haut qu'elles.
Et je laisserai les rayons francs du soleil me chauffer le dos, je mettrai mes lunettes pour protéger mes yeux de cet éblouissement. Je fermerai les yeux, j'enregistrerai quelques instantanés dans ma tête pour me souvenir de ce que l'hiver a de bon.
Puis je regarderai fondre peu à peu ce qu'il reste de neige. Je laisserai passer les dernières heures de l'hiver, je lui dirai au revoir, tu as fait ton temps, merci - à l'année prochaine maintenant.
Parce que quand je rentrerai, ça y est, ce sera le printemps. Et cette fois pour de bon, pour de vrai, moi, je l'ai décidé!