Et la suite?...

Voilà bien longtemps que je ne vous ai pas fait de mise à jour au sujet de mon cancer... La dernière fois, c'était justement déjà pour évoquer le calme 'd'après'.

Car en effet, pour moi les choses se sont bien calmées : après quelques semaines/mois de tempête, le calme est revenu, puisque j'ai la chance d'avoir évité la chimiothérapie et la fatigue au long cours qui l'accompagne souvent, et de bien tolérer, jusqu'ici, mon hormonothérapie, débutée il y a maintenant 6 mois.

Pour les 5 prochaines années, ce traitement préventif sera mon quotidien, et ma principale arme pour éviter une récidive de mon cancer du sein.

Ça semble plutôt "facile" sur le papier : il ne s'agit "que" d'une pilule à prendre chaque jour, accompagnée, dans mon cas, d'une injection mensuelle réalisée par une infirmière (NB : ce n'est pas le cas général ; du fait de contre-indications, je ne suis pas le protocole "classique") .

Mais ce traitement peut s'avérer extrêmement pesant, pour certaines femmes, tant ses effets secondaires peuvent être nombreux, et impactants.

Le principe de base de l'hormonothérapie est de venir bloquer, artificiellement, la production d'hormones, qui dans certains cas, stimulent le cancer du sein.

Elle a donc pour effet de provoquer une ménopause artificielle, avec toute la myriade d'inconvénients qui vont souvent avec...

Parmi les plus fréquents : bouffées de chaleur, prise de poids, insomnie et fatigue, perte de densité osseuse et douleurs articulaires, maux de tête, perte de cheveux, acné et transpiration excessive, troubles d'humeur ou dépression, oedeme, hypertension, accélération cardiaque, baisse de libido et sécheresse vaginale, et bien sûr, infertilité.

Le tout, amplifié par la rapidité à laquelle on impose au corps une ménopause qui s'instaurerait naturellement de manière plus progressive... Un sacré tableau!

Franchement, lire dans le détail la notice de ces traitements peut s'avérer déprimant, voire effrayant... Mais il faut garder en tête que les effets secondaires varient énormément d'une femme à l'autre, et peuvent aussi évoluer dans le temps.

Et pour l'instant (je touche du bois!) je n'ai souffert que de peu d'entre eux, et pas de façon invalidante. Même si la logistique de traitement reste assez lourde (surtout pour les injections, à faire à date fixe, par une infirmière - assez chiant en cas de déplacement...), je m'en sors bien!

Au-delà de l'hormonothérapie, il me reste aussi à envisager ma reconstruction mammaire, après la mastectomie que j'ai subie l'an dernier.

Mais avant de déterminer la forme que celle-ci va prendre, j'attendais avec appréhension le résultat du bilan onco-génétique que j'ai passé il y a quelques mois.

Le but de cet examen, réalisé d'après une simple prise de sang, était d'identifier si j'étais porteuse d'une anomalie au niveau de gènes susceptibles d'accroître le risque de développement des cancers féminins (sein, ovaires...).

Une information importante, pour moi bien sûr, mais aussi - ce qui m'importait en priorité - pour mes apparentés, et donc surtout, mes 3 filles... Si je gère jusqu'ici très bien mon propre cancer, l'idée que mes filles aient un risque élevé d'en développer un à leur tour m'effraie beaucoup plus.  

Le fait d'avoir 3 filles, mais aussi une grand mère ayant développé un cancer du sein "jeune" elle aussi, ont permis que je puisse bénéficier d'un bilan onco-génétique (qui n'est pas systématique, et ne s'envisage qu'au cas-par-cas), pour explorer une cause génétique.

Après 6 mois d'attente sous fond d'inquiétude, j'ai eu le grand soulagement d'apprendre il y a quelques jours que je n'ai pas d'anomalie génétique pouvant expliquer la survenue de mon cancer (en tout cas en l'état actuel des connaissances scientifiques).

Et donc, que je n'en ai pas transmis à mes filles... qui ne sont donc pas plus à risque que les autres de développer un cancer.

C'est un sacré poids qui s'enlève! Me voilà très rassurée pour elles...

...mais aussi pour moi : car cette confirmation a aussi un impact direct sur ma reconstruction mammaire.

En effet, si le résultat avait indiqué que j'étais porteuse d'une anomalie génétique, il aurait été conseillé que je subisse une nouvelle mastectomie, préventive cette fois, de mon autre sein "restant" (vous avez sans doute déjà entendu parler de cette éventualité, qu'Angelina Jolie a beaucoup médiatisée : pour prévenir les risques de cancer/récidive, accrus dans le cas d'une mutation des gènes BRCA, on retire les seins, même en bon état).

Cela aurait été fait au cours de la même opération que ma reconstruction mammaire : mais avec du coup une intervention encore plus lourde, tant physiquement que psychologiquement.

Si j'ai bien vécu la perte de mon sein droit, du fait du caractère d'urgence pour retirer mes tumeurs, le fait de perdre le 2ème, avec une approche cette fois bien différente, m'aurait certainement été bien plus difficile...

Je me réjouis donc de ne pas avoir à en passer par là! Mais il reste tout de même à mener à bien ma reconstruction mammaire, puisque ma prothèse actuelle (un expendeur, en réalité) n'est que temporaire, et doit absolument être changée.

Je reviendrai sans doute plus en détails sur cette opération, qui aura lieu dans les prochains mois, lorsque je serai moi-même un peu mieux fixée...

Pour l'instant, je sais seulement que la pose d'une prothèse n'est pas conseillée dans mon cas (du fait de ma peau irradiée, et d'infections cutanées à répétition), et qu'il faudra donc recourir d'autres techniques, lors de plusieurs interventions certainement lourdes et très douloureuses... mais en revanche, définitives. Chaque chose en son temps...

Pour l'instant, je vais déjà me réjouir de ne pas être porteuse d'anomalies génétiques : car cela rend la suite beaucoup plus douce à mes yeux!