En reconstruction

Publié le par Picou

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Je vous l'annonçais il y a quelques jours, je vais maintenant attaquer la prochaine étape de mon cancer, celle de la reconstruction.

Sous plusieurs angles, à vrai dire... Car si le cancer est un vrai choc, et son traitement, un marathon, l'après-cancer est aussi une période particulière, entre soulagement et inquiétude, peur de la récidive, et changements profonds.

C'est bien sûr un sentiment plus serein, tant que tout va bien : mais justement, aborder ma reconstruction mammaire dans cet état d'esprit, m'est presque plus difficile que pour ma mastectomie. Aujourd'hui, fini l'urgence et l'aspect réellement thérapeutique : l'opération massive que je m'apprête à vivre vise à reconstruire mon sein, mais aussi avec lui, l'image que j'ai de moi.

Une image avec laquelle je suis pourtant en paix : mon sein n'est plus le même qu'avant, mais il reste globalement en place (techniquement, on m'a retiré toute la glande mammaire, à l'intérieur ; mais on a pu me conserver son enveloppe, c'est à dire ma peau et mon mamelon).

Mais si extérieurement, ça ne se voit pas trop, ma prothèse a tout de même bougé au cours de l'année, et m'impose pas mal de gêne, d'inconfort et parfois de douleur.

Je suis donc un peu entre deux eaux... D'un côté, je me suis faite à la situation, et je la vis bien ; de l'autre, un sein reconstruit devrait m'être beaucoup plus agréable.

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J'avance donc vers cette nouvelle étape avec beaucoup plus d'appréhension qu'il y a un an.

Malgré l'aspect psychologique de la reconstruction, dont je ne doute pas qu'elle ait tout de même son importance pour la réappropriation de moi et de son corps, elle n'a rien d'indispensable...

Et comme, malgré les explications techniques du corps médical, je ne sais pas réellement à quoi m'attendre en termes de douleur, d'incapacité, ou même de résultat, je me demande souvent si je ne suis pas en train de me lancer dans un combat trop difficile, ou même au fond, un peu inutile.

Après, je me rappelle que c'est un choix que j'ai fait après mûre réflexion... Pour les "contre", la douleur, le retour à l'hôpital, l'anesthésie, les risques, les arrêts de travail, la peur que le résultat soit raté, et la peur tout court, évidemment.

Mais du côté des pour, retrouver plus de confort corporel, plus de féminité et de confiance sociale, et mettre en place une solution naturelle et définitive. D'un côté, des inconvénients certains, mais temporaires - de l'autre, un bénéfice durable.

Alors j'y vais... même si j'ai peur, de plus en plus alors que le moment critique arrive.

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Parce que je sais que même si tout se passe bien et que le résultat me satisfait, ce sera long et difficile.

L'opération que je vais subir est en réalité un mélange de deux opérations : d'un côté, une chirurgie de reconstruction par "lambeau", ou grand dorsal ; de l'autre, un lipo-filling.

Concrètement : on va me découper un muscle du dos (du grand dorsal, donc), pour venir le rattacher devant sur mon muscle pectoral ; ce geste formera une sorte de "banane" musculaire, qui reformera le galbe naturel d'un sein.

Puis on me prélèvera de la graisse au niveau des cuisses et/ou du ventre (comme on le ferait pour une liposuccion esthétique), que l'on viendra injecter dans le creux ainsi formé, pour le combler et recréer le volume d'un sein.

La chirurgie se déroulera donc sur 3 plans distincts : le dos, le sein, et le site de prélèvement de graisse. Un trois-en-un... avec aussi, donc, 3 récupérations post-op à faire en même temps...

Je m'attends donc à la fois à avoir un mal de chien, à ne pas pouvoir dormir sur le dos (ni sur le côté, ni sur le ventre - donc en gros, à ne pas tellement pouvoir dormir^^), à être couverte de bleus et d'oedemes, et à ne plus pouvoir utiliser mon bras droit pendant quelques temps... On m'a d'ores et déjà annoncé 2 mois d'arrêt pour me remettre.

Vous commencez certainement à comprendre pourquoi l'angoisse monte petit à petit^^

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...D'autant plus que ça ne suffira pas - et que je devrai encore retourner plusieurs fois sur le billard.

Parce que la graisse déplacée pour combler l'espace du sein migrera naturellement dans mon corps; et ne restera pas immédiatement en place... Il sera nécessaire de répéter le processus et de faire plusieurs prélèvements/injections, avant que la graisse ne se fixe suffisamment pour obtenir le volume recherché.

Ce sera bien sûr à moi de déterminer quand ce volume sera suffisant, sans forcément devoir atteindre celui qui était le mien avant de perdre mon sein. Mais il faudra sans doute idéalement 3 ou 4 injections, espacées de 3 mois chacune pour que mon corps puisse se remettre et se stabiliser ; soit au total, un étalement sur plus d'un an. Sans compter, si cela s'avérait nécessaire, une dernière chirurgie pour "égaliser" mon autre sein.

Voilà pourquoi, au delà du jour J, cette opération va influer sur toute mon année... mais elle devrait en revanche être définitive (tant que je ne subis pas de variations drastiques de poids), puisque entièrement naturelle. Je ne récupérerai pas ma poitrine d'avant, ni ma sensibilité ; mais je retrouverai des formes plus naturelles, avec laquelle évoluer plus librement.

Même si j'appréhende, je sais que c'est surtout l'inconnu qui me fait peur : car tout cela sera temporaire, et je serai évidemment suivie et accompagnée.

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Ça fait partie d'un processus global... tant sur le plan physique, que psychologique.

Je prépare mon corps depuis déjà quelques semaines, grâce à des séances de kiné, pour m'aider à retrouver la motricité de mon bras, à préparer la redirection de mes muscles dorsaux, et à préparer les sites de prélèvement de graisse ; et je continuerai la kiné après mon opération, pour réhabituer mes mouvements et rétablir ma mobilité.  

Au delà de préparer mon corps, cela m'aide aussi psychologiquement à aborder la réalité de cette opération, et ce qu'elle va représenter pour mon corps, qui y trouvera, au départ, un traumatisme conséquent.

Jusqu'ici, j'ai plutôt "bien vécu" mon cancer : j'ai pu éviter la chimio, et j'ai trouvé la mastectomie, la radiothérapie et l'hormonothérapie plus faciles à vivre que je ne l'aurais cru (surtout maintenant qu'elles me semblent loin, il faut avouer^^ - hormis l'hormonothérapie que je poursuis encore pendant 4 ans).

Tout est allé très vite, et je m'en suis bien sortie à chaque étape, tant physiquement que moralement (je croise évidemment les doigts pour que ça continue!).

Alors, cette opération très lourde va me replonger dans tout ce que j'ai déjà dépassé ; et me reconstruire finira sans doute par devenir presque plus lourd pour moi que le cancer lui-même. C'est, après tout, une sacrée chance ; je ne l'oublie pas - mais, forcément, c'est aussi très dur.

Ce sentiment de retour en arrière risque d'être, au delà de la douleur physique, assez difficile à dépasser.

Mais je sais que c'est pour le bien - et si j'ai pu rester positive pour le reste, il n'y a pas de raison pour que ça ne continue pas!

Publié dans Mon cancer du sein

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