Le rêve envolé
J'aurais aimé revenir avec de belles nouvelles de notre recherche immobilière. Mais, si j'ai bien du nouveau à vous raconter, ça ne s'est pas vraiment passé comme on l'aurait voulu...
Ça partait bien, pourtant! On a fait les choses bien : on a avant tout validé notre budget avec la banque, pour éviter les déconvenues, et puis on s'est lancés à fond dans la recherche d'un appartement ou d'une maison.
On a déterminé nos critères, étudié la région lyonnaise, cerné les prix du marché, écumé les sites immo en long, en large et en travers, évalué l'offre, décrypté les annonces et les "pièges" des agences...
En fonction de tout ça, on a repéré quelques biens, fait des visites, pris des dizaines de photos, croisé toutes les données avec nos souhaits, et notre réalité, imaginé nos futurs trajets et notre quotidien... De quoi se rendre compte qu'il n'est pas facile de trouver de quoi correspondre à nos envies, comme à nos possibilités! Alors, la plupart du temps, ça ne donnait finalement rien.
Jusqu'à ce qu'on trouve enfin! L'appartement qui cochait tout, et juste à 15mn à pieds de chez nous - cette fois, on s'y voyait! 🤩
De quoi garder nos habitudes de vie, à peu de choses près ; mais en leur donnant le petit coup de mieux que l'on cherchait.
On a fait une proposition, assez en dessous du prix🤞... et elle a été acceptée, à peu de choses près!
On n'en revenait pas : cette fois, c'était lancé, tout se passait pile comme on l'espérait! Ayant tout préparé en amont, on était fin prêts : alors malgré le jour férié, on s'est activés - histoire de ne pas prendre le risque de se faire doubler!
On a pris les rendez-vous chez le notaire, avec l'agence immobilière, pour la vente de notre appartement, et enfin à banque, pour valider définitivement le projet... Une fois tout bien calé, on a trinqué, montré les photos à nos filles, et à nos proches, dessiné des plans, imaginé ce qu'on allait changer, prévoir, réorganiser...
Même sans trop encore s'emballer, c'est tout un monde de possibilités qui s'ouvrait!
Et puis... on s'est pris une grande claque. Un bon gros coup de massue.
On a beau avoir pris les devants pour assurer notre budget, on ne pourra pas réaliser le montage financier qui nous permettrait d'acheter l'appartement qui nous plairait - ou sans doute même un autre bien qui correspondrait vraiment à nos souhaits.
Pas aujourd'hui. Pas sur un marché aussi tendu et instable qu'il ne l'est en ce moment. Entre les taux de crédit qui explosent, et les prix immobiliers qui, eux, commencent à s'écrouler, les conditions ne sont pas réunies et nous offrent la pire conjoncture pour mettre notre projet sur pieds...
En l'état, le passage par un prêt relais rend finalement pour nous l'opération trop risquée, dans le budget que l'on s'était fixés.
Les conditions qui nous sont proposées ne correspondent finalement pas à ce que nous avions envisagé, et nous laissent trop peu de marge pour pouvoir mettre à bien notre projet en toute sérénité.
On a tout tourné et retourné mille fois au cas où - 'et si...', 'peut-être que...', 'on ne sait jamais?..." - mais on a fait le choix de la sécurité. Ce serait trop aléatoire de tout risquer...
Ce sont des années et des années d'épargne que l'on met en jeu, et aussi, sans doute, une partie de l'avenir de nos filles, dont elles pourraient se retrouver privées. On préfère ne pas tenter.
Alors on s'est désengagés. Voilà. Pouf. Le rêve s'est envolé. Aussi vite qu'un ballon éclaté.
On a touché notre but du doigt, pour mieux le voir nous échapper... C'était un peu dur à encaisser.
Des semaines à y croire, à se projeter, à rêver, qui d'un coup partent en fumée...
On a beau avoir essayé de ne pas trop s'emballer, forcément, s'imaginer dans mieux, dans plus grand, c'est tentant! Alors même si la raison nous intimait d'attendre d'avoir en mains les clés, difficile d'empêcher son esprit de rêver, surtout quand tout semblait jusque là bien s'aligner...
C'est d'autant plus rageant qu'on avait justement pris la peine de bien encadrer notre projet, pour éviter ce type de désillusion. Mais ça n'a pas suffi! On ne peut pas tout maîtriser, surtout dans un marché aussi compliqué.
Et nous sommes visiblement nombreux dans notre cas, à être bloqués par des montages financiers - beaucoup sont d'ailleurs sans doute dans des situations bien pires, n'ayant même pas la possibilité d'y croire, de leur côté, tant les conditions actuelles pour obtenir un prêt sont limitées ou bloquées.
Quant aux vendeurs (desquels on aurait aussi été!) eux aussi déchantent face aux innombrables compromis finalement avortés...
Même en sachant que le marché commençait à être bouché, je ne pensais pas qu'il laisserait si peu de marge de manœuvre!
La douche froide était violente, et assez rude à affronter - on s'est un peu pris un mur de plein fouet (toutes proportions gardées^^).
Sur le moment, face à la déception et à la décision difficile qu'il nous a fallu prendre, en urgence et à regrets, j'ai beaucoup stressé, et pleuré.
Mais en sourdine... Parce qu'au fond, ce n'est rien. Parce que notre projet n'avait rien d'essentiel, parce qu'on a de la chance d'avoir déjà ce qu'on a, d'être bien chez nous, et ensemble ; et que ça aurait pu être encore pire plus tard, si l'on avait foncé aveuglément sans prendre le temps d'y réfléchir et de rationaliser.
Peut-être que ça aurait pu quand même bien se passer. Ou peut-être qu'un jour, nous regarderons en arrière en nous réjouissant d'avoir été ainsi stoppés dans notre élan - car on aura le recul pour se dire c'était finalement une bonne chose, selon ce qui viendra après. Peut-être même - sait-on jamais! - qu'on va en fait rapidement trouver une alternative pour continuer.
Mais on ne peut pas le savoir aujourd'hui. Et ça fait partie de ce qui était si difficile dans la décision que nous avons prise, de mettre un stop à notre projet immobilier.
Cet échec, et cet arrêt un peu trop brutal de nos ambitions immobilières en pleine euphorie, était difficile à accepter.
Mais après quelques jours de recul, le temps de digérer, ça va mieux.
Reste bien sûr une pointe de regret, et le cœur serré de devoir abandonner, ou en tout cas, de ne pas savoir ce qu'on va faire après. Mais on a au moins le réconfort de se dire que même si on a loupé une belle opportunité, elle n'avait rien d'unique ou d'irremplaçable, que nous ne serons pas capable, un jour, plus tard, de retrouver.
Ce n'est pas la fin ; sans doute pas, non. Remettre à plus tard, basculer peut-être sur la location, à court ou moyen terme, revoir nos ambitions à la baisse, espérer quand même un petit miracle sur d'autres biens dont les prix pourraient s'écrouler...
Je ne sais pas ce que sera la suite, ni s'il y en aura une.
Pour l'instant, on a déjà la chance de pouvoir rester sans problème là où on est, comme on est, et de pouvoir encore imaginer quelques améliorations, si le besoin s'en faisait sentir avec le temps.
C'est un peu bizarre de revenir vers vous, "ventre à terre", comme on dit, si rapidement après vous avoir fait part de mon enthousiasme quant à notre projet immobilier.
Mais ça correspond finalement bien à la violence avec laquelle nos propres avancées sur le sujet ont évolué. On y a cru ; mais ce n'est finalement pas encore tout de suite que nous vivrons dans un palais.
Mais aussi dur que ça ait été, au fond, peu m'importe. Comme le dit l'une des affiches qui décore notre foyer : "ce que j'aime le plus dans ma maison, c'est ceux avec qui je la partage".