Facebook se meurt t-il?
Il y a quelques années à peine, Facebook était absolument incontournable.
Tout le monde il y avait un compte, et y postait régulièrement des bribes de son quotidien, ou au moins, suivait assidument celles de ses amis. Le réseau était actif, attractif, et du coup, incontournable.
Mais depuis quelques mois, si ce n'est quelques années, force est de constater que le réseau semble sur le déclin.
On a même un peu le sentiment qu'il se meure... Quelques irréductibles continuent à l'alimenter, mais ce n'est plus pareil.
À titre personnel en tout cas, je ne vois plus beaucoup de mes amis poster d'informations les concernant directement... Le peu de personnes qui y sont encore actives se contente en général de transférer des liens d'articles aux titres accrocheurs, souvent même pas lus.
Quelques photos de vacances par-ci par-là, bien moins qu'avant ; des citations soi-disant inspirantes ou drôles, mais souvent assez bas de plafond ; ou des montages photos ou dessins à l'humour parfois douteux. Et c'est à peu près tout.
De l'information prémâchée, paresseusement partagée à la va-vite... Presque plus personne ne prend encore la peine de créer un vrai contenu personnel.
Le réseau, autrefois incontournable, est majoritairement devenu une coquille vide, désincarnée. On est bien loin de l'esprit "social" originel...
Là on l'on restait autrefois en contact avec ses connaissances, pour partager avec eux et suivre - même de loin - ce qu'ils devenaient, en échangeant quelques lignes à l'occasion, aujourd'hui, la communication semble se faire principalement à sens unique.
Si nous sommes toujours là, pour la plupart, c'est surtout pour regarder, en silence, un peu en voyeurs. Les statuts ne sont plus mis à jour, les commentaires se raréfient, les nouvelles photos se font rares...
Petit à petit, la curiosité des utilisateurs de Facebook c'est éteinte.
Les gens se sont peu à peu détournés vers des réseaux sociaux de niche, aux fonctionnalités nouvelles et plus à la mode.
Instagram pour les photos, Youtube pour les vidéos, Pinterest pour l'inspiration, Twitter pour les mots d'humeur... Et bien d'autres encore que mon âge vénérable m'empêche de maîtriser.
Pourtant Facebook avait l'intérêt de concentrer tout cela en un même lieu... et reste sans doute toujours le réseau social le plus complet.
Mais la mécanique est rouillée, privée de son principal carburant : l'intérêt du public.
Est ce générationnel? Mes contacts, du même âge que moi, ne sont pas forcément aux avant-postes des nouvelles technologies, et se sont certainement détournés de Facebook alors que leur vie de famille prenait le dessus.
Peut-être que dans un milieu plus jeune, on ne ressent pas ce ralentissement sur Facebook? Mais j'en doute, et je crois justement que le réseau n'attire plus les jeunes.
Sans doute à cause de son contenu... Car à force de privilégier les posts "clés en mains", créés pour un partage facile, la qualité de l'information est descendue en flèche.
Désormais, seuls les contenus faciles d'accès et racoleurs semblent remuer les foules. Et encore... Qui prend encore la peine de lire des statuts de plus de 2 lignes? Qui clique réellement sur les liens des articles partagés, pour les lire en intégralité?
On ne recherche plus que du contenu rapide, plaisant mais si vite oublié, au détriment de la profondeur. Et le réseau va d'ailleurs dans ce sens.
Facebook a fait le choix, depuis des années, de diriger les contenus montrés à ses utilisateurs.
Le fil d'actu n'est plus chronologique, mais supposé mettre en avant ce qui est le plus susceptible de nous intéresser, sans qu'on l'ait nous-même choisi.
Seuls les posts qui reçoivent le plus de "likes" rapides, sont considérés comme digne d'intérêt, et mis en avant par l'algorithme, au détriment du reste. Dès lors, on ne voit plus l'intégralité du contenu disponible, certains de nos amis nous étant masqués.
Il m'arrive par exemple souvent de voir que Bidule a "liké" telle marque, mais pas qu'il a mis à jour son statut - alors que ça m'intéresse en réalité bien plus... Les statuts de nos amis les moins actifs sur le réseau ont fini par passer le plus souvent inaperçus.
Et les créateurs de contenu à but lucratif se sont, eux, engouffrés dans la brèche, ne tablant plus que sur des posts "incitatifs", dirigeant une action immédiate.
Et c'est probablement cet algorithme restrictif qui a peu à peu engendré une désaffection des utilisateurs.
La plupart des utilisateurs lambdas n'écrivant pas toujours des statuts inoubliables, ou ne likant pas à tout va, ils sont passés peu à peu à la trappe, engendrant peu à peu moins d'interactions sur leur compte.
Voilà comment nos fils d'actus sont peu à peu devenus vides de nos amis, alors qu'au contraire, la part des publications des marques ou des contenus creux prenait finalement le dessus.
Facebook a tenté d'enrayer la machine, en promettant de revenir à un algorithme qui privilégie l'échange et les contenus personnels des utilisateurs.
L'idée étant de reléguer les marques et autres comptes "professionnels" au 2ème plan. Officiellement pour privilégier l'aspect social de départ (et donc reconnaître quelque part qu'il s'est bien perdu en route), mais surtout... pour mieux les faire payer.
En effet, si j'utilise Facebook à titre personnel, je l'utilise maintenant surtout pour mon blog, avec une page dédiée, configurée en mode "pro".
Et j'ai vu la portée de mes publications commencer par considérablement se réduire, avant de devenir ces derniers temps quasiment invisible.
Et c'est désespérant d'avoir l'impression de parler dans le vide et de faire des efforts pour rien...
Je me démène pour conserver une page active pour le blog, y créer des contenus originaux (à défaut d'être parfaits - je fais ce que je peux!), et entretenir un échange avec ma communauté... Avec des résultats qu'il faut avouer... un peu ridicules!
Ce qui permet à ma page de se faire connaitre, ce sont les likes et les commentaires de mes abonnés, qui deviennent alors visibles de leurs amis, provoquant des partages et des réactions en chaîne.
Mais comme les statuts que je poste sont systématiquement cachés aux trois quarts de mes abonnés, qui sont pourtant venus s'inscrire à la page car ils étaient intéressés, ça tombe à plat la plupart du temps.
Reste alors la seule méthode qui semble efficace : reposter des contenus tout-faits un peu bateaux, faire des concours, ou sponsoriser ses posts ou sa page.
Je trouve ça tellement dommage! Je refuse de le cautionner et de payer pour avoir une chance d'être vue.
Si un utilisateur suit quelqu'un, que ce soit une personne, une marque ou un blog, il en a fait le choix, et devrait avoir le droit de voir tout le contenu proposé ou de paramétrer lui-même ce qui va lui être montré, de façon explicite.
J'aime pourtant toujours autant utiliser Facebook - mais c'est aujourd'hui presque exclusivement sur ma page, mon réseau "réel" étant désormais un peu désert...
Alors je continue à sortir les rames pour essayer de me battre contre l'algorithme, juste armée de mes idées - mais c'est franchement démotivant.
Et j'ai du mal à voir ce que le réseau va devenir avec le temps.
Même si l'algorithme est assoupli, je ne crois pas que les utilisateurs vont se remettre d'un coup à poster sans arrêt pour raconter leurs vies, ils en ont perdu l'envie.
Leur désaffection semble trop ancrée maintenant - et je ne vois pas quelles nouveautés pourraient les rendre de nouveau vraiment actifs (mais je n'ai ni le cerveau ni la paie de Mark Zuckerberg!).
Le buzz incroyable de l'application Vero, il y a quelques mois, a montré l'engouement du public pour un réseau social sans algorithme, et sans pub.
Voilà qui aurait pu être une piste intéressante, si elle n'était pas si utopique (il y aura toujours une reprise commerciale!), et si l'excitation n'était pas retombée aussitôt comme un soufflé au bout de quelques semaines....
Pour l'heure, malgré ses défauts, Facebook reste encore loin de tomber en désuétude. Les utilisateurs sont toujours là, mais seule une minorité reste réellement active et continue à proposer du contenu inédit.
Mais si le réseau continue à laisser ses utilisateurs rester en sourdine, il risque de doucement s'éteindre, tel un vénérable ancêtre auquel on pense avec nostalgie.