Ma 'bienveillance'
Depuis que je tiens ce blog, il m'est arrivé quelques fois qu'on me remercie pour la bienveillance de mes articles et de mes propos.
Évidemment, c'est un compliment qui me fait chaud au cœur, et je remercie celles qui ont eu quelques fois l'occasion de me l'adresser.
Mais figurez-vous que quelque part... c'est une remarque qui me met aussi un peu mal à l'aise, en particulier dans le contexte général de la blogosphère qui n'en peut plus de parler de "bienveillance" parentale.
Pourquoi cela me met-il mal à l'aise, me demanderez-vous? (...ou pas! mais comme c'est un monologue, on va faire comme si, sinon on s'en sort pas!). Ça me gêne sans doute parce qu'en réalité, je suis ne suis peut être pas aussi bienveillante que vous ne l'imaginez.
Non pas que je ne sois pas bienveillante en soi - mais peut être pas de la manière que vous avez en tête.
Bienveillante, je le suis - j'ai un caractère tolérant et compréhensif, et une façon de voir la vie globalement optimiste.
J'essaie au maximum de voir le positif, d'encourager et d'aider, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans cette "seconde vie" virtuelle, vis à vis des blogueuses que j'apprécie.
Toutefois, c'est une part de moi que je ne met pas toujours en valeur dans ma vie de tous les jours. Je pense que c'est effectivement un trait de mon caractère qui ressort de mes écrits ; pourtant, tous ces mots que je pose là, si je les pense, je n'arrive pas toujours à les exprimer aussi bien dans la réalité.
Par manque de profondeur dans mes échanges avec les autres mamans que je côtoie (évidemment on ne rentre pas autant dans le détail sur les considérations parentales devant le portail de l'école ou autour d'un café, que sur un blog!), par manque de recul, peut-être par pudeur aussi.
Il faudrait sans doute le demander à ceux qui me connaissent dans la "vraie" vie...
...mais je pense qu'ils ont mis un certain temps avant de percevoir ce côté là de moi.
Peut être que je me trompe, mais hormis chez les gens qui me sont vraiment proches, je serais presque prête à parier que ce n'est pas ce qui ressort à première vue chez moi!
Je mets en réalité du temps à dévoiler cette part de moi, et seuls ceux qui me sont les plus proches, et qui me connaissent très bien, savent sans doute pleinement la percevoir.
Déjà, car j'ai en réalité un aspect un peu "brut", qui met cette douceur en sourdine.
J'ai une certaine stature, notamment due à mon physique (je fais un mètre quatre vingt, en général ça n'aide pas à passer pour une petite chose douce et bienveillante!), et je suis parfois un peu trop "grande gueule" comme on dit. En plus, je suis sacrément maladroite...
Alors je crois que ma bienveillance ressort plus facilement en ligne, parce que je prends plus de recul et que je vais plus en profondeur.
Non pas que je m'auto-censure dans la vie - ce n'est pas tellement mon genre, j'aurais plutôt tendance à trop parler! - mais surtout parce que mon propos est plus parasité par l'impression que je dégage.
On perçoit mieux ma bienveillance sur mon blog ou mes réseaux sociaux, parce que j'y filtre mes propos.
En choisissant mes mots ici, j'ai plus envie de relayer un message positif et encourageant pour les autres mamans, que de me plaindre sans cesse ou d'appuyer là où ça fait mal.
Être maman, ce n'est pas toujours rose, et j'essaie de le dire aussi - mais en faisant en sorte que mon message soit toujours constructif.
De la même manière, lorsque je laisse des commentaires suite à la lecture d'articles, l'idée est de remercier la blogueuse qui a su m'intéresser, de l'encourager, même si je ne suis pas forcément d'accord avec elle.
Mes avis ou jugements négatifs, ils existent, bien sûr - mais je préfère les mettre en sourdine tant qu'ils n'apportent rien à personne (en tout cas tant qu'on ne m'énerve pas trop!).
Plus que bienveillante, je suis surtout assez consensuelle, par nature...
Pas pour plaire à tout le monde, mais parce qu'il me semble inutile de blesser qui que ce soit, si ça ne sert à rien.
Imposer son avis par la force, ou se battre contre des moulins à vents, c'est de l'énergie perdue pour rien. Mais débattre, argumenter, c'est aussi parfois créer un nouveau chemin où se retrouver grandi.
Alors quand ça peut être utile, je n'hésite pas. Ou plutôt si, j'hésite - mais en prenant des pincettes, je préfère mettre les pieds dans le plat, et dire ce qui ne va pas, mais à mots choisis, sans agressivité.
C'est d'ailleurs souvent plus efficace que de s'énerver....
J'ai une bienveillance naturelle, de bon sens, qui n'a rien d'extraordinaire.
Je l'ai assimilée par l'éducation que j'ai reçue, et elle correspond à mon caractère ; ce n'est pas quelque chose que j'ai acquis à force de lectures ou de méthodes de développement personnel.
C'est en partie pour ça que je n'accroche pas complètement à cette mouvance de l'éducation "bienveillante", qui prétend présenter de nouvelles clés d'éducation, à grands renforts de théories ou d'études, alors que la plupart me semblent en réalité du bon sens et pas si novatrices.
(Mais ce point là à lui seul pourrait faire l'objet d'un autre billet sur la bienveillance éducative)(que je ne vais pas forcément faire, je trouve le débat relativement stérile).
Et c'est sans doute aussi ce qui me met mal à l'aise quand on vante ma bienveillance... Car il ne me semble pas en avoir plus que les autres.
Simplement, ce trait ressort plus à l'écrit que dans ma "vraie" vie, plus spontanée. Même si ça ne se voit pas forcément ici, sachez qu'en vrai, je m'énerve, je râle, je critique, je crie. Et souvent, même!
Parfois, j'ai le jugement un peu facile et pas forcément très argumenté.
Parfois, je me trompe, mais je m'entête et je persiste quand même. Parfois, je dis un truc, mais je fais son contraire.
Comme tout le monde! Et comme toutes les blogueuses j'imagine, même si l'on en a pas toujours l'impression.
Ce n'est pas parce qu'on a une tribune sur Internet ou sur les réseaux qu'on a la science infuse, ou que notre avis vaut mieux que les autres.
Ni parce qu'on baigne dans les phénomènes de mode autour de la parentalité, que ce sont les seuls modèles à suivre...
Il est facile, en lisant des lignes réfléchies, travaillées au mot près, de ne voir que la partie émergée de l'iceberg. De se formater une image lisse et belle, et de l'idéaliser un peu.
Je ne dis pas que c'est le cas ici, je n'en sais rien, et je me juge peut-être moi-même trop durement... Parce qu'évidemment, je pense être bienveillante.
Mais ma bienveillance n'est pas forcément celle qui correspond aux codes en vigueur sur les blogs et les réseaux sociaux.
Celle qui voudrait voir du positif partout, et qui finit par sombrer parfois à mon goût, dans la niaiserie.
Vous voyez sans doute ma bienveillance, parce qu'elle est ici la partie la plus visible, là où elle est certainement moins apparente quand on me rencontre en vrai, quand j'ai moins de recul. C'est juste que vous ne voyez pas le reste, car je le garde pour moi.
Je vous remercie d'avoir cette jolie image de moi - c'est évidemment flatteur, mais je voulais juste rétablir cette vérité.
Bienveillante, je le suis - mais pas plus que vous je crois! Et je ne voudrais pas que vous ayez une image trop lisse et déformée de ma réalité.