Présumées coupables
J'aurais aimé être cette maman là...
Celle qui sait toujours garder son calme, celle qui n'oublie jamais que crier ne résout rien mais envenime tout.
J'aurais aimé être cette maman là, celle qui est tout à 100% à ses enfants, quand elle est avec eux, sans se laisser distraire par du rangement à faire ou un smartphone qui traîne.
J'aurais aimé être cette maman là, celle qui ne fatigue jamais, qui s'enthousiasme de tout ; celle qui sait toujours prendre soin d'elle, de son corps comme de son esprit, en même temps qu'elle sait accorder du temps à ses enfants.
J'aurais aimé aussi être cette maman là, celle qui ne bascule jamais dans la facilité - télé, repas vite faits, vêtements stéréotypés, jouets clichés.
J'aurais aimé, bien sûr, être cette mère parfaite qu'on cherche toutes à être.
Oui mais voilà, on est dans la vraie vie, et dans la vraie vie, des fois j'y arrive, et des fois pas. Des fois, j'ai l'énergie et les idées pour faire des merveilles, et des fois juste assez de forces pour assurer le train-train quotidien.
Pourtant je le sais bien, que cette mère parfaite, celle qu'on espère toutes être, elle n'existe pas. Je le sais bien, qu'on arrivera jamais à tout faire pile comme il faut, et qu'on pourra toujours trouver mieux que nous. Qu'on fait du mieux qu'on peut, en parvenant parfois à être formidables, en restant bien d'autres fois usées et démunies.
Sur la blogosphère, j'en lis beaucoup, des billets de mamans qui n'en finissent plus de se jetter des pierres, et tout autant aussi, des billets déculpabilisants, visant à nous rappeler qu'on ne devrait pas se mettre autant de pression, qu'en aimant nos petits, en leur consacrant notre temps, on assure déjà le mieux.
On est toutes parfaites, quelques fois, mais surtout normales, souvent.
Et pourtant....Pourtant même en sachant tout ça, je n'arrive jamais totalement à ne pas me sentir coupable de quelque chose, au moins ponctuellement, ne serait-ce que pour de petits riens du quotidien.
Pourquoi ai-je encore crié, alors que je sais bien que ça n'arrangera rien?
Pourquoi je reproche à mon jules ce que j'aurais peut-être fait moi-même une autre fois?
Pourquoi je ne prends pas le temps, plutôt que que choisir l'option "facilité"?
Pourquoi je ne prends pas plus souvent du temps pour moi, en laissant mon jules gérer?
Et pourquoi je culpabilise même de culpabiliser?????
...
J'ai beau savoir qu'on ne peut pas faire ce qu'il faut tout le temps, que nos belles théories d'éducation parfaite sont impossibles à respecter en permanence, dans la réalité...je n'arrive jamais à totalement baisser les bras.
Pourquoi même si j'assume complètement qu'il est normal de faire des erreurs, je continue quand même à me reprocher les miennes?
Je crois qu'un des grands apprentissages de la vie de parents, c'est de comprendre et d'accepter qu'on ne peut pas avoir le contrôle sur tout. Et c'est bien difficile de s'y résoudre... ça ne se fait pas en un jour, ni même en cent - accepter que l'on ne pourra pas assurer partout, tout le temps, même si on le voudrait, c'est un constat difficile et pesant.
Savoir qu'on aurait pu mieux faire, mais qu'on ne l'a pas fait, l'accepter pleinement, et s'en moquer, ce n'est au final pas si facile.
Sans compter sur la pression sociale, qui veut qu'une bonne mère soit tout entière dévouée à ses enfants et fasse tout "ce qu'il faut" pour eux. Cette éducation "bienveillante" très en vogue aujourd'hui, ne devrait-elle pas commencer par une bienveillance envers les mères elles-mêmes?
Car même sans s'en rendre compte, on finit par nous imposer nous-mêmes des menottes invisibles, nous préjugeant nous-mêmes coupables là où personne ne nous reproche en fait rien.
Je préfère voir dans notre culpabilité de mères la force du lien qui nous unit à nos enfants.
On a beau faire du mieux qu'on peut, on aimerait tellement qu'ils bénéficient tout le temps du meilleur qu'on n'arrive jamais parfaitement à se pardonner nos petits échecs, fussent-ils au fond sans importance.
A nous de travailler sur nous-mêmes pour réussir à assouplir ce lien, pour transformer nos menottes invisibles en simple et fin fil de soie. Après tout, on dit bien que la vérité sort de la bouche de nos enfants - et les miennes chantent en boucle un certain...
"Libéréééée...délivrééée! ;o)
