Le baby blues des "vieilles" mamans
En lisant tous les articles de jeunes mamans d'un premier bébé, je me rappelle tous ces bons souvenirs, toutes ces découvertes que j'ai vécues avec ma première fille, et les émotions de ses tout premiers mois.
Ces petites découvertes qui semblent toutes neuves à ces jeunes mamans, me semblent à la fois familières, et maintenant bien lointaines.
Comme mes filles ne sont plus des bébés maintenant, je me sens parfois un peu à part sur la blogosphère parentale - juste parce que certaines thématiques - les biberons, les toutes premières acquisitions de bébé, les poussettes et les articles de puériculture, etc - ne me concernent plus vraiment.
Je ne retombe pas pour autant dans le "clan" des nullipares qui râlent contre les mamans (comme le raconte Lau avec beaucoup d'humour et d'amour ici), car une fois qu'on a eu des enfants, on se sent partie d'une sorte de "confrérie" des mamans, et en général, tout ce qui touche à la maternité ou aux enfants nous touche et nous intéresse toujours.
Mais j'ai comme une nostalgie qui se crée, en même temps que je perds la "pratique" de ces différents aspects de la parentalité qui ne sont liés qu'aux premiers mois de l'enfant.
Un peu comme si je n'étais plus une maman "dans le coup", maintenant que mes filles ont grandi...
Les jeunes primipares, qui sont "en plein dedans", ne se rendent pas encore compte à quel point on oublie vite certaines informations qui pour l'instant leur semblent pourtant si évidentes et si essentielles - comme les doses de biberons, les horaires des têtées, l'ordre des premières dents, le poids et la composition des repas...
Une fois cette période passée, c'est comme si toutes ces infos tombaient aux oubliettes! Evidemment, ça revient à chaque bébé (un peu comme le vélo, ça ne s'oublie jamais complètement!), mais on a beau croire qu'on n'oubliera pas ces choses là, on finit par les ranger au fond d'un tiroir poussiéreux de notre cerveau, à peine ces quelques mois passés.
Une fois que bébé grandit, on se focalise sur d'autres aspects de la parentalité (comment l'aider à se développer, quoi faire pour l'éveiller, par quels moyens résoudre ses crises, comment le guider...), et l'on pense avec un petit pincement au coeur, à toutes ces découvertes qui nous semblaient si fondamentales alors (et qui le sont à ce moment-là!) mais qu'on a dépassé depuis longtemps.
Un peu comme si, après avoir déjà basculé dans le monde des mamans, on basculait encore dans un autre monde!
Même en ayant un autre bébé, ça ne sera plus tout à fait pareil - armées de notre première expérience, on n'a plus la même approche des choses, on a moins peur et en général, on est plus sereines.
Un nouvel enfant apporte pourtant son lot de surprises, bien sûr (tout ne se passe jamais exactement comme pour le précédent!), mais on n'aborde plus les choses avec les mêmes yeux.
On se fait plus confiance, on sait plus vers qui se tourner en cas de doutes, on est souvent moins stressées et plus relax face aux situations difficiles, et on s'émerveille aussi un peu moins, sans doute.
Petit à petit, armée de notre expérience, on devient une "vieille maman".
Celle qui va donner des conseils plutôt que d'en chercher ; celle qui va rassurer, plutôt que de s'angoisser - celle qui sait, plutôt qu'elle n'imagine.
Même si je n'ai plus de nourrisson, je bénéficie maintenant d'une expérience, et surtout d'un recul que les primipares n'ont pas encore.
Je sais plus ou moins à quoi m'attendre (même si ça ne sera jamais pareil!) et je lâche un peu de lest - je suis plus souple qu'avant sur certaines situations, je suis moins sur le dos de mes filles, je ne cours pas chez le médecin à chaque éventuel symptôme...
Et surtout, je me culpabilise moins parce que je sais qu'on ne peut pas être parfaite, et que nos enfants ne s'en portent pas pour autant plus mal.
Je sais que mes filles grandissent bien, sont heureuses et équilibrées, et qu'elles deviennent peu à peu de jolies personnes à part entière.
Même si elles ont encore besoin de moi, je peux désormais me mettre de plus en plus en arrière plan.
Petit à petit, on accepte que nos bébés laissent la place à des "grands".
On les laisse s'éloigner un peu, et on trouve même notre intérêt à les voir un peu s'émanciper.
Le temps des biberons et des petits pots semble alors bien lointain...mais juste assez en fait, pour qu'on commence à y penser avec nostalgie.
On repense avec douceur à la jolie "bulle" des premiers mois avec un nourrisson, on s'attendrit des ventre ronds qu'on croise autour de nous ou sur la toile. On regrette un peu le temps où ils s'accrochaient tout le temps à nous, autant qu'on s'accrochait à eux.
Au fur et à mesure que nos petits grandissent, on commence à se faire une sorte de baby-blues à l'envers.
Ce n'est qu'un (éternel?) recommencement - on oublie les nuits hâchées (pourtant mes nuits sont encore pourries!) ; on oublie l'impuissance qu'on avait ressentie face aux pleurs de bébé ; on oublie nos vêtements perpétuellement sales et notre épuisement physique et moral.
On se met presque à regretter certains aspects des premiers mois avec bébé - ce qui nous semblait impossible, alors, quand on était en plein dedans et qu'on en pouvait plus.
C'est à ce moment là qu'on se met à réfléchir à un éventuel prochain...A notre instinct de nous dire alors si l'on a envie de se replonger de nouveau dans ces moments là, ou si l'on préfère juste y penser, sereinement, avec beaucoup de tendresse.
En nous rappelant ce que que ces doux premiers moments avec un bébé, ont de si inoubliablement merveilleux.