Leur apprendre à s'aimer
Lorsque je pose un regard sur le cheminement de ma vie jusqu'à présent, je remercie souvent le ciel, le hasard, les sept Dieux ou quoi que ce soit d'autre, d'avoir permis que ma vie soit si belle aujourd'hui.
Enfin, en vérité, je finis bien souvent par me remercier moi-même, d'avoir su toujours écouter cette petite voix, au fond de moi.
Celle qui m'a toujours poussé à être telle que je suis, sans vouloir à tout prix copier la vie des autres.
Parce qu'il n'a pas toujours été clair pour moi, que j'aurais cette vie là - la vie pourtant toute simple dont je rêvais petite fille.
J'ai eu une très belle enfance, j'ai grandi dans un foyer heureux, entourée d'une famille aimante. Tout n'était pas parfait, mais je n'ai manqué de rien - ni d'amour, ni d'argent, ni de rires, ni d'amis. J'ai eu l'immense chance de ne pas connaître de drames, de violentes ruptures, de coeur trop brisé.
Une jolie petite vie tranquille, pas de vagues, dans mon coin.
Mais dans mon coin, justement. Parce que s'il n'en est presque plus rien aujourd'hui, il m'a fallu bien du temps pour en sortir, de mon petit coin tranquille, pour oser prendre confiance en moi et sortir de mon cocon.
Longtemps, je me suis sentie un peu à part. Parce que j'étais très grande, dès l'adolescence, et qu'à cette époque là, celle du paraître et des premières séductions, ça influence forcément la construction de son image de soi. Et aussi parce que même si j'ai toujours été sociable, j'ai toujours eu aussi un côté solitaire, un peu renfermé, et je n'ai pas toujours su m'extérioriser autant qu'aujourd'hui.
Mais j'ai la chance d'avoir toujours su m'écouter moi, sans trop céder à la tentation facile de faire comme tout le monde, quand ça ne me correspondait pas.
Cette confiance en moi, elle ne m'est pourtant pas venue toute seule - j'ai dû la travailler.
J'ai dû au fil du temps me prendre à bras le corps, me bousculer un peu, me donner même parfois de bons coups de pieds aux fesses pour sortir de ma bulle.
Sans ces petits efforts là, si je n'avais pas su me faire confiance et m'ouvrir au monde quelles qu'en soient les conséquences, je n'aurais pas décidé un jour de vivre à Lyon, sans y connaître personne. Je n'aurais pas pu me laisser aller à passer des heures à discuter de tout et rien avec ma meilleure amie, sans penser que ma vie n'intéresse personne. Je n'aurais pas passé de si belles soirées de confidences et de rires, à refaire ou défaire le monde avec des amis, autour d'une bouteille de rosé ou d'une galette des rois.
Et surtout, je n'aurais jamais rencontré mon jules, et je n'aurais par conséquent pas les deux plus adorables petites filles de la terre.
Ma confiance en moi, je l'ai acquise avec le temps, et je crois que c'est aujourd'hui ma plus précieuse ressource.
Celle qui me permet d'assumer ce que je suis, avec tous mes défauts, ce que je fais, avec toutes mes erreurs, et aussi ce que je veux. Celle qui me fait accepter la vie comme elle vient, sans avoir peur de me relever si je tombe. Celle qui m'autorise à parler de ce dont j'ai envie, comme j'en ai envie, que ce soit ici ou dans la vie.
La confiance en soi, c'est le fondement, le socle qui permet de faire tenir tout le reste. Celui sur lequel tout se contruit ou se détruit, tout au long de la vie. Quand on se sent bien dans ses bottes, on appréhende le monde avec un oeil tellement différent! On se sent légitime, on se sent unique, on se sent exister.
Cette confiance, cette estime de soi, dans le respect des autres, c'est ce que j'aimerais avant tout transmettre à mes filles.
Je n'y suffirai pas, c'est sûr, car la confiance se bâtit au long cours, aidée de soi, des autres, des expériences de la vie. Je ne peux pas leur donner cette confiance, comme un kit prêt en mains, ça ne marche pas comme ça.
Mais j'aimerais réussir à leur donner quelques clés, à les aider à bâtir pierre par pierre ces fondations solides sur lesquelles elles pourront bâtir toute leur vie.
Par mon amour, bien sûr, que je leur clame à longueur de journée (en essayant tout de même de ne pas les étouffer!), par ma tendresse et par ma bienveillance.
Par ma reconnaissance, de leurs efforts, de leurs qualités, de leurs réussites ; par mes critiques aussi (constructives bien sûr) et par mes encouragements à les aider à se lancer, même si ça fait peur parfois.
Par mon ouverture d'esprit aussi, je l'espère, pour les laisser plus tard être ce qu'elles sont, même si je m'aperçois que ce n'est pas ce que j'imaginais.
J'aimerais leur apprendre que l'échec n'est pas une fin, mais que toutes les expériences sont des forces.
Je veux qu'elles soient conscientes qu'elles auront forcément des défaillances, des chutes, des défauts. Qu'il est vain de toujours se comparer, qu'elles seront ce qu'elles sont, qu'elles le veulent ou non.
Et que si ça n'empêche pas d'essayer d'être mieux, s'aimer soi-même comme on est, c'est déjà être en paix, car apprendre à s'accepter, s'assumer, est une immense force.
Je veux qu'elles sachent que dans la vie, personne n'est parfait - et que c'est très bien comme ça.