Suivi de grossesse : vers un peu plus d'humanité?
La semaine dernière, j'ai commencé mon suivi de grossesse dans la maternité où je vais accoucher dans quelques semaines.
La même que celle où j'ai déjà accouché de mes 2 grandes - pas de grande surprise, donc, puisque je connaissais déjà les lieux. En 5 ans, beaucoup de choses ont pu y changer... Mais s'il y a bien quelque chose dont je me suis rapidement rappelée, c'est de leur gestion disons...perfectible!
Pour une consultation d'à peine 15mn, il m'a fallu rester sur place plus de 3 heures. Entre lourdeurs administratives, mauvaise organisation des services et gros retard des praticiens, heureusement que j'avais pris un gros livre avec moi!
C'est l'inconvénient d'une une grande ville comme la mienne : on devient vite un numéro au cœur d'une grosse machine...
Et on finit par avoir l'impression de ne pas être prise individuellement en considération, et d'être expédiée à la va-vite.
C'est d'ailleurs un sentiment que j'ai ressenti lors de mes 3 grossesses, que ce soit lors du suivi par les praticiens "de ville" ou, une fois 6 mois de grossesse révolus, par l'équipe de l'hôpital.
Le suivi et ses procédures sont sans doute routiniers et limpides pour le personnel médical - mais ce n'est pas forcément le cas pour les patientes, à qui on balance beaucoup de termes médicaux et d'info en vrac, sans précisions et sans affect!
Facile alors en tant que future maman de finir par se sentir invisible, ou carrément perdue...
On a pas toujours le temps ou la présence d'esprit pour réagir comme on le voudrait sur le moment, et on repart souvent frustrée ou embrouillée de nos rendez-vous de suivi.
Heureusement, rien de problématique dans mon cas, puisque j'ai eu des grossesses "faciles", et finalement toujours trouvé réponses à mes questions.
Mais il m'a parfois fallu les obtenir en dehors de mon suivi officiel... et je trouve tout de même bien triste ce manque de considération envers les patientes.
Si cet état de fait m'énerve souvent, ça ne m'affecte au final pas plus que ça, car je n'hésite en général pas à mettre les pieds dans le plat en cas de besoin. Même si je n'ai pas toujours aimé la forme, sur le fond, j'ai fini par avoir l'information dont j'avais besoin.
Mais qu'en est-il pour les femmes plus timides, plus angoissées, plus larguées que moi, qui auront peut être moins insisté?
La position doctorale que prennent beaucoup de médecins en se montrant distants, parfois condescendants ou même prompts au jugement, peut facilement mettre mal à l'aise les patientes, et provoquer leur retenue, voire carrément leur défiance.
Combien de fois ai-je ravalé certaines de mes questions, en me disant que j'allais être au mieux ignorée, au pire envoyée sur les roses? Et combien de fois les ai-je quand même posées, me faisant au final écarter d'une phrase, avec dédain, sans obtenir de réponse? La consultation est souvent tellement courte, de toute façon, qu'on ne nous laisse pas tellement la place de nous exprimer.
Enceintes, on a souvent le sentiment d'être infantilisées par le corps médical, et de ne pas être réellement écoutées.
Comme si nos demandes ou nos doutes n'étaient en somme que des lubies sans intérêt...
Après, je ne sais pas si c'est spécifique à mon propre ressenti, à ma ville ou à mon hôpital, n'ayant jamais testé autre chose.
Mais même sans parler des cas extrêmes de violences obstétricales (bien pires, mais ce n'est pas ce dont je parle ici), au cours d'un suivi de grossesse "normal" je trouve déjà la plupart de interlocuteurs froids et peu engageants.
Pourtant en réalité, je le comprends, pour partie... Ce qui est exceptionnel pour nous, en tant que femmes, n'est qu'une routine déjà vue mille fois pour eux, professionnels.
Ce que nous vivons nous avec nos "tripes" n'est qu'une somme de connaissances et de gestes techniques, de leur côté... Ils ne peuvent pas, et ne doivent pas, s'impliquer émotionnellement dans notre suivi! Ce n'est pas leur rôle, et ils ne pourraient pas tenir dans leur métier s'ils absorbaient toutes nos émotions.
A titre personnel, ce n'est d'ailleurs pas ce que j'attends d'eux - et je suis heureuse qu'ils gardent un positionnement objectif dans le suivi "technique" de ma grossesse.
Mais je crois tout de même qu'il y a un équilibre à trouver, et qu'être professionnel n'empêche pas empathie et diplomatie...
J'ai quand même noté, au cours de mes différentes grossesses, une nette différence de traitement entre les professionnels de médecine - Gynécos, Médecins généralistes, Echographistes, Pédiatres... - et les personnels soignants au sens plus large - Sage-femmes, Infirmières, Assistantes de puériculture...
Ces dernières abordent quand même clairement leur rôle avec beaucoup plus de bienveillance et de sollicitude. Comme quoi, c'est possible!
Rester à l'écoute, s'exprimer avec douceur, poser des questions à la patiente et écouter ses réponses en la regardant, annoncer ce qu'on va faire avant de le faire, expliquer les choses, peser le poids de ses mots et éviter les formulations équivoques ou angoissantes, ou encore dédramatiser avec une petite phrase ou un sourire...
Des choses qui paraissent pourtant simples, mais qui font vraiment la différence, pour qu'on ait l'impression d'être vraiment impliquées dans ce qui nous arrive.
Malheureusement, d'après mon expérience, ce n'est pourtant pas monnaie courante chez les médecins...
Autant qu'on s'y habitue, remarque - parce que ça ne s'arrange pas lors des suites de couches, ni même après la naissance de l'enfant!
La grossesse reste pourtant une période très particulière pour les femmes, très intense tant sur le plan physique comme émotionnel... Même pour une grossesse classique, ça change tout d'avoir le sentiment d'être considérée ; alors j'imagine l'impact désastreux que peut avoir un mauvais suivi sur une grossesse difficile!
Sans s'attendre pour autant à ce que le monde ne tourne qu'autour de notre nombril, ni à ce que chaque personne qu'on croise soit forcément aux petits soins pour nous, je pense qu'il y a de nets progrès à faire pour que l'on soit mieux prises en charge dans notre suivi de grossesse.
Je n'oublie pas bien sûr que les professionnels de santé évoluent dans un cadre qui n'incite pas à la bienveillance - la pression du temps et du chiffre est certainement aussi forte aujourd'hui dans les établissements de santé que dans le monde de l'entreprise, ce qui ne laisse pas vraiment les coudées franches aux médecins...
Mais c'est bien dommage - et il ne me semble quand même pas sain qu'on finisse par négliger autant l'aspect humain dans le suivi d'une grossesse.
Plusieurs modes de suivi existent, et en tant que future maman, il est important de se renseigner pour déterminer celui qui nous conviendra le mieux.
Gynécologue, Obstétricien(ne), Sage-femme, Médecin généraliste ; à l'hôpital, en PMI, en cabinet libéral, en maison de naissance... Les possibilités sont nombreuses. Du moins en théorie - car il faut bien dire que dans les faits, on a pas forcément toujours autant de choix, selon où l'on habite et où l'on va accoucher.
Dans tous les cas, ça reste quelque chose de très personnel - chacune a une grossesse différente, des attentes et une appréhension spécifiques, et son propre ressenti issu de sa vie personnelle et de son expérience.
Le suivi idéal n'existe donc pas ; il est différent pour chacune et reste avant tout une question de feeling.
En sachant rester réaliste - car les professionnels de santé ne sont pas là non plus pour être nos amis - il est important de se diriger vers une méthode qui nous convient, à nous, pour que notre grossesse se déroule le plus sereinement possible.
Il faut donc y réfléchir en amont pour s'ouvrir les portes d'un suivi à la fois efficace et humain à la fois. Et quelque soit la solution choisie, ne pas hésiter ensuite à faire entendre sa voix, ou même à bousculer le chemin "traditionnel", si l'on en ressent le besoin.
Même si les médecins ne nous en laissent pas toujours d'emblée l'occasion, sachons rester actrices de cette étape si importante - c'est de notre corps qu'il s'agit, nous en avons largement le droit!
Un suivi de grossesse plus à l'écoute nous permettra d'approcher notre accouchement sous de meilleures auspices. Tout le monde y sera donc gagnant!