Au bord du précipice

Publié le par Picou

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L'une de mes plus proches amies m'a récemment annoncé sa première grossesse, assez tardive. A son tour de devenir maman!

Au delà de mon immense bonheur pour elle, j'ai été très émue d'imaginer tout ce qui l'attendait...

Quand on approche les 40 ans, on a forcément entendu parler mille fois du bonheur d'avoir un enfant, par des futures mamans, des mamans gâteaux, ou par d'autres femmes qui aimeraient avoir des enfants... Quand on a pas d'enfants soi-même, il y a de fortes chances - si ce n'est toutes les chances - que tous ces innombrables récits (pas toujours sollicités!) aient même sérieusement fini par nous peser.

Parce que ce n'est pas encore dans nos projets, ou parce que ça ne le sera jamais ; parce qu'on voudrait bien justement, et que ça remue le couteau dans la plaie ; parce que maman, on l'a déjà un peu été, mais que la nature nous a privée de notre précieux bébé ; ou juste parce qu'on attend notre moment, à nous, et qu'il n'est pas forcément calibré pile comme la société voudrait le faire penser.

Dans tous les cas, les beaux discours des autres, on en a soupé. Alors, le jour où l'on porte finalement à son tour un enfant, on hurle de l'intérieur... mais on se met en sourdine, naturellement, pour ne pas prendre le risque de gêner ces autres qui, comme nous avant, attendent poliment qu'on change vite de sujet.

Oh, pourtant... C'est un moment qu'il faut vivre pleinement. Vraiment comme on l'entend.

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En silence si l'on tient à garder pour soi sa petite bulle de joie ; ou en l'affichant ouvertement, si l'on veut que le monde tourne autour de soi.

La grossesse est un moment unique dans une vie, dont on doit profiter comme jamais, sans autres limites que celles que l'on se donne. En étant guimauve, si l'on veut être guimauve ; en restant en retrait, si l'on n'en veut rien partager ; ou même sans s'émerveiller, si ce nouveau statut ne nous fait pas vibrer. C'est à nous de fixer les règles.

Tous les ressentis d'une future maman sont légitimes : exaltée, impatiente, inquiète, cul-cul, mal à l'aise, surprise, hyper-organisée... ou même souvent, en vrai, un peu tout à la fois, d'un jour à l'autre ou en même temps. Et on a le droit d'exprimer ça, le bonheur comme les doutes, l'impatience comme le mal-être, le "glowy" comme le "down".

Même si ça peut parfois choquer, saouler, lasser, on a le droit de partager nos sentiments puissants sur cette période si forte en chamboulement ; et je crois même que c'est important, pour nous construire en tant que maman. Sans oublier les autres autour de soi, sans s'imposer aveuglément pour autant - juste en osant s'exprimer, quand on en a envie, sans tout intérioriser.

Parce que ça peut nous aider, parce qu'il existe entre les mères une immense sororité dont on peut et doit profiter, parce que plus tard, surtout, il faudra qu'on sache que si on en a besoin, on peut parler, et être écoutée.

Apprendre qu'on va devenir maman, pour la première fois, c'est se tenir au bord d'un précipice, face à une mer agitée, sans savoir comment et où on va tomber.

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Pas d'autres choix que de sauter... Et c'est bien normal d'avoir peur de se noyer.

Mais quand on a déjà soi-même sauté, et nagé quelques temps dans les eaux troubles de la maternité, quand on peut enfin regarder de loin cette falaise aux abords si abrupts, depuis la l'île tranquille où l'expérience a fini par nous déposer, on sait que les vagues, tout aussi impressionnantes qu'elles soient, ne feront que nous charrier.

Il y aura des bas, des hauts, des surprises, des bonheurs infinis, des moments durs, des heures d'ennui ; il y aura des nez-qui-coule, des câlins doux, des bonhommes patates aux mains distordues et des genoux chromés ; il y aura de l'impuissance, des mignonneries, des renoncements, des rires, et des miracles ; des j'en-peux-plus et des encore-plus-fort.

Des souvenirs en pagaille, certains ancrés à vie, d'autres étonnamment vite partis. Et un avenir, toujours, puisque l'on voit enfin bien au delà de soi.

Tout ne sera pas toujours beau, et n'aura pas toujours un sens, ou le sens que l'on aurait voulu. On devra toujours composer avec la réalité, pas toujours aussi belle qu'on nous l'a rabâché. On devra naviguer à vue, parfois la tête sous l'eau, affronter des tempêtes suivies de mers d'huile, perdre le cap, le retrouver ; et parfois se laisser guider. Mais on le fera chargée d'une nouvelle énergie, bien plus puissante que tous les autres vents, qui nous portera sans cesse vers l'avant.

La maternité est tout, sauf un fleuve tranquille. C'est une mer déchaînée, mais qui toujours, finit par se calmer.

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De là où je suis, je le sais. Et il me tient à coeur de le dire, pour aider les autres à ne pas couler.

A l'idée de tout ce qui attend mon amie, de tout ce qu'elle va vivre, de ce qu'elle va apprendre, et qui va forger la nouvelle personne qu'elle deviendra, je suis émue, et nostalgique. Cette découverte infinie, cette ouverture de tous les possibles, ce sens profond à donner à sa vie, j'aimerais pouvoir de nouveau le voir avec des yeux tout neufs.

Comme bien d'autres avant moi, à la place, je suis maintenant cette mère un peu relou, qui donne son grain de sel, témoigne de son vécu, partage son ressenti, et donne ses petits conseils.

Non, je ne me tais plus : ma maternité, je la vis intensément, en l'assumant à fond, parce qu'elle est ce qui fait maintenant toute ma vie. Sans m'oublier dedans, mais en m'y intégrant, car elle est avant tout ce qui me définit, aujourd'hui, et pour le reste de ma vie. Depuis ce jour où j'ai compris, senti, que j'étais prête à devenir maman, pour de bon.

Ma Baby, qui n'en sera bientôt plus une... Tu l'as peut-être déjà senti, ou il viendra plus tard, ce moment aussi flou que précis. Quand l'idée a germé ; quand le trait bleu est arrivé ; quand tu as senti les premières petites bulles ; quand tu as commencé à flipper ; quand son prénom s'est imposé ; quand il posera les yeux sur toi ; ou même, bien après ça.

Ce tout petit moment de rien, cet instant d'infini, n'appartiendra qu'à toi, et changera définitivement ta vie : quand au fond de toi, tu auras compris que le précipice est déjà franchi : maman, tu l'es, déjà, et pour le reste de ta vie.

Et sans doute qu'alors, même sans le vouloir, tu ne pourras plus t'empêcher d'en parler toi aussi...

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Publié dans Maternité-grossesse

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