Les mots de la maternité

[NB : Ce billet est écrit dans le cadre de l'initiative "#AvecVosMots" initiée par Julie du blog Malyslon. Elle a demandé à sa communauté de lui proposer des mots en rapports avec le thème de la maternité, pour les incorporer dans un texte qu'elle écrirait. Avant de publier son texte, elle a partagé sa liste des mots, nous invitant à tenter le même exercice de notre côté. Voici donc ma version, avec les mots imposés, en italique ou en gras!]
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Tout commence par la reconnaissance de sa féminité. Un jour, on se sent femme, enfin, pour de vrai, avec tout ce que cela comporte.

Il est temps d'oser enfin nous aimer, d'accepter qui l'on est, et de prendre assez confiance pour ouvrir la porte à l'amour, le vrai.

Comme un oiseau qui tente son premier vol, on se lance dans le vide ; on laisse tomber nos barrières, et pour la première fois, on se sent prêtes à aller au delà de nous-mêmes, guidées par l'incroyable force d'un regard aimant.

On bâtit des projets, on voit notre futur ensemble, on se met à rêver, et soudain l'imagination s'emballe : qu'est ce que ça donnerait, avec un petit bébé? Alors on aborde timidement le sujet - "qu'est ce que t'en penses, dis-moi, est-ce que tu serais prêt?"

L'idée fait son chemin ; avec un mini-nous, qu'est ce qu'on serait bien... Il ne manque plus que ça à un bonheur complet.

Nous voilà embarquée dans l'aventure complexe de la maternité - car c'est sans doute là, juste à ce moment-là, que l'on devient maman, avant même l'enfant. Quand on commence vraiment à lui faire une place, un creux au fond de soi, qu'un jour il occupera.

Insistante, lancinante, cette petite voix qui vient du fond de nous se transforme en sirène et prend le pas sur tout.

Et un jour on se lance : grand saut vers l'inconnu. A la fois excitant, et tellement flippant!

De vraies montagnes russes, un chamboulement émotionnel troublant : pourtant, ce n'est qu'un début, rien face à ce qui nous attend. 

Pour certaines, la route sera difficile, quand d'autres avanceront avec sérénité. On ne sait malheureusement pas de quel côté la balance va pencher...

A chacune sa façon de se préparer à accueillir bébé : mais pour toutes, le chemin de la matrescence sera singulier. Se construire mère n'est pas si facile qu'il n'y paraît! La réalité a tôt fait de rattraper nos illusions dorées : c'est tellement différent quand on est concernée...

On entend dire depuis toujours combien porter la vie est merveilleux. On croit qu'à notre tour, ce sera facile,naturel et inné.

Mais tout n'est pas que papillons et libellules, et ça peut surprendre, une fois que l'on y est.

Pourquoi ne nous avait-on pas dit qu'il y aurait tant d'angoisses, de doutes, de peurs à surmonter?

Ce si beau ventre rond, dont on a tant rêvé... pas toujours évident de s'y habituer. Ce corps qui change, ce tsunami d'émotions, et toutes ces questions que l'on doit se poser... Péridurale? allaitement? portage? mode de garde? Comment être certaine de faire les bons choix et de ne pas se tromper?

Facile alors de se sentir perdues, un peu dépossédées. Pour certaines, tout ça sera dur à encaisser, quand d'autres au contraire s'épanouiront comme jamais. Le chemin sera sinueux, parfois même cabossé - mais une fois lancées, il faudra avancer, même si tout n'est pas aussi exactement comme on l'avait rêvé.

En somme, l'essence même de la maternité... Car porter un enfant, c'est devoir accepter de voir sa vie bouleversée, et d'aller au delà de soi-même pour son futur bébé.

Le jour de la rencontre reste à jamais gravé : quelque soit la manière dont cela va se passer, c'est un moment intense qu'on ne peut oublier.

Certaines seront submergées d'une infinie tendresse, au rythme des doux battements de coeur de leur bébé, enfin serré contre leur peau ; d'autres resteront un temps sous le choc d'une violence insoupçonnée, dont il leur sera peut-être dur de se relever. Mais toutes fixeront en elles ce moment pour l'éternité.

Et après... L'inconnu. Vertigineux, sans cesse déroutant, mais aussi infiniment riche et stimulant. La découverte permanente, de petits riens en grandes étapes ; les inévitables erreurs et les éclatantes réussites en cours de chemin ; l'inquiétude en sourdine, la culpabilité jamais bien loin.

Mais aussi, plus que tout, un amour infini absolu et puissant, qui nous pousse toujours vers l'avant.

On apprendra sur le tas, parfois au forceps, au fil de nos victoires et de nos échecs. On découvrira ce que signifie le véritable don de soi ; on subira l'inévitable ambivalence des sentiments propre aux mamans, et on trouvera une certaine forme de résilience, à grandir en même temps que nos enfants.

On n'aura de cesse de lancer de grands travaux pour qu'ils puissent se construire sur les meilleures fondations, en priant pour que tout ne s'écroule pas, plus tard, sous la force d'éléments qu'on ne maîtrise pas.

Et puis un jour, on réalisera qu'enfanter, c'est autant donner la vie que s'offrir à soi-même une vraie renaissance : et qu'il ne faut pas juste y voir un accomplissement, mais mieux, un renouveau, et surtout une manière d'enrichir qui l'on est, sans jamais s'oublier.

Ce jour-là, on deviendra sans doute la meilleure des mamans : celle qui comprend qu'on ne doit pas vivre pour élever ses enfants, mais pour s'élever par ses enfants. Et qu'il n'y a pas de bonheur plus grand.