Et toi alors... t'en es où?
La rentrée est traditionnellement le moment de faire le point sur sa situation, de reprendre sa petite routine, ou de lancer de nouveaux projets.
Alors rien d'étonnant à ce qu'en ce moment, on me demande souvent où j'en suis... Une question que vous vous posez d'ailleurs peut-être aussi, de votre côté, si vous me lisez depuis longtemps.
Chaque année, cette période de renouveau me donne l'envie d'entreprendre quelque chose, rebooste mon énergie et ma créativité et me redonne du coeur à l'ouvrage. Mon cerveau bouillonne, à tel point que je n'arrive plus toujours à suivre!
Car même si je ne travaille pas, je n'ai toujours pas le temps de toutes mes idées. Les filles sont désormais retournées à l'école, mais ça ne me libère pas vraiment plus... Comète reste toujours avec moi, et avec sa sieste du matin qui n'a plus lieu et son caractère qui s'affirme, elle ne me laisse en général que 2h de "liberté" chaque jour.
C'est déjà ça...
Mais je veux tellement profiter de ce temps qu'en général je me lance dans 10 choses à la fois, sans pouvoir réellement m'y plonger en profondeur. Dès que j'ai l'impression d'avancer, je suis stoppée dans mon élan.
J'ai envisagé un temps de la faire garder quelques heures par semaine, pour l'habituer à une forme de collectivité, et me dégager un peu de temps ; mais c'est pour l'instant encore difficile à mettre en place, puisque les aides financières à la garde ne sont pas compatibles avec un congé parental. Le mien se terminant dans quelques semaines, on verra à ce moment là.
Et il sera temps de décider quoi faire de ma vie après ça. Vaste projet, comme vous l'imaginez!
Je vous ai régulièrement partagé l'état de ma réflexion sur le sujet, face à mon envie de reconversion professionnelle.
Je tâtonne sur ce sujet depuis longtemps déjà, mais avec ma dernière fille à plein temps avec moi et la situation particulière du Covid, je n'ai pas vraiment avancé comme je l'avais imaginé... Je ne pensais initialement prendre que quelques mois ; mais je serai finalement allée jusqu'au bout de mon congé parental. Et maintenant?
N'ais-je pas trop "profité"? Est-ce-que je ne donne pas à mes filles un mauvais reflet en restant à la maison? Me suis-je éloignée trop longtemps du monde professionnel, ais-je définitivement "gâché" mon potentiel? Et vais-je maintenant pouvoir m'y "remettre", et trouver ma voie?...
Je me pose ces questions plus que jamais - et je me sens aujourd'hui un peu perdue, bien que je n’aie aucun regret quant à la route que j'ai suivie jusqu'à présent.
C'était plus simple après mes précédents enfants, je retrouvais directement mon poste, et je me remettais pas tant en question alors... mais était-ce finalement mieux pour autant?
Parce que ce qui est sûr pour moi, c'est qu'après plus de 10 ans dans le même secteur professionnel (les études de marché marketing internationales), j'en ai fait le tour. Du job en lui-même, dont j'avais le sentiment de ne plus rien avoir à apprendre, et de l'ambiance et des pratiques en vigueur dans le milieu, dont j'ai fait les frais 2 fois d'affilée. J'ai donné.
J'ai pensé dans un premier temps entreprendre une reconversion douce, en restant dans le même corps de métier global, mais en l'abordant sous un angle différent, avec une remise à jour totale. De quoi continuer d'exploiter mes actuelles compétences et mon expérience, sans tout recommencer complètement de zéro.
Je partais donc dans l'idée de trouver une formation professionnelle en marketing digital, plus généraliste, mais sans arriver à en décerner réellement les contours précis.
Depuis, je n'ai pas tellement avancé sur ce sujet... Et j'ai même plutôt reculé!
Je n'ai pas eu (ou peut-être suffisamment pris) le temps de chercher en détails... et j'y vois un acte manqué : parce que je dois bien admettre que la motivation n'est pas là.
Je ne doute pas de l'intérêt de ces métiers, ni de mes atouts pour m'y fondre sans (trop!) de difficultés, après une bonne remise à jour. Mais... je constate que ça ne m'anime pas.
Retrouver cet univers de pression illusoire sans cesse entretenue, d'éternelles deadlines à respecter, de stress permanent et de jeunisme sous-jacent, pour l'instant, ça ne me fait plus rêver.
Ça reviendra peut-être, plus tard, à d'autres étapes de ma vie, ou pour une entreprise plus saine... Mais alors que mes filles sont encore petites, je n'ai pas envie de retourner à trop de responsabilités, et à un rythme de travail trop pressurisé. Ce qui caractérise justement - j'en ai fait l'expérience - le secteur de la communication et du marketing ; des métiers captivants, mais aussi, très prenants et stressants. C'est galvanisant... mais ça ne correspond plus à ce dont j'ai envie, maintenant.
Pour autant, j'ai quand même envie de reprendre une vie professionnelle, pour le challenge, la vie sociale et l'ouverture d'esprit que cela apporte.
J'ai donc commencé à chercher petit à petit un nouveau job, mais en douceur.
Je mets en suspens pour un temps l'idée d'une vraie reconversion, tant que je n'ai pas d'idée plus claire de ce que je voudrais vraiment faire - je n'ai pas envie de gâcher le bénéfice d'une formation parce que ce n'est pas encore le bon moment.
Alors je cible pour l'instant en priorité des tâches administratives ou de secrétariat général, mais je reste ouverte à toutes autres activités, tant qu'elles ont du sens pour moi et que je pense pouvoir y apporter quelque chose ; et dans l'idéal, j'aimerais pouvoir trouver un poste à temps partiel.
Cela me permettrait de reprendre pieds dans le monde professionnel, sans pression, tout en me laissant le temps de continuer à développer mes activités de coeur - la rédaction, et la broderie.
Je suis trop réaliste pour vouloir m'y adonner à plein temps (professionnellement, s'entend)... mais trop idéaliste pour y renoncer au prétexte que ça ne me rapportera pas grand chose! Alors j'aimerais essayer, autant que possible, d'en faire une sorte d'à-côté, et pourquoi pas de me laisser une chance de les faire décoller, en créant sans doute en parallèle un statut d'auto-entrepreneur, fût-ce un peu à fond perdu.
J'aimerais vraiment réussir à intégrer cette dimension créative à ma vie professionnelle, à long terme ; mais je ne sais pour l'instant pas comment y arriver, pour que cela puisse marcher.
Concilier raison et passions, dans un quotidien fluide et enrichissant (sur tous les plans^^) - c'est bien là toute la difficulté de la situation...
Je n'ai pas encore les clés qui me permettront d'y arriver. Ça risque d'être un peu long, et ça passe pour moi par certains renoncements.
Parce que dans mon esprit, l'image de la réussite a longtemps été celle d'une working-girl hyperactive, qui se donne à fond dans son job et cherche toujours à gagner en responsabilités ; c'est d'ailleurs aussi celle que nous renvoie la société, ce qui fait que ce n'est pas si facile que ça d'y renoncer.
Pourtant, je suis de plus en plus persuadée que la réussite tient plus dans son épanouissement dans ce qu'on fait, quoi que ce soit, que dans une pure réussite matérielle ou sociale.
Ce n'est plus le modèle que j'ai envie de suivre ; je n'ai donc aucune honte à avoir profité à fond de mon dernier congé parental, et d'ailleurs mon entourage ne m'a jamais freinée dans ce sentiment, en me laissant ressentir que je m'arrêtais de travailler trop longtemps.
Mais je sens bien quand même, aux questions qu'on me pose, qu'on attend de moi que je reprenne une vie "active", que je rentre dans le rang.
Alors une part de moi ne peut pas s'empêcher de considérer cette envie d'une vie professionnelle plus "tranquille", et peut-être plus éclatée, comme une régression, ou un déclassement.
Alors même que je crois, au contraire, qu'assumer pleinement cette volonté, puisque j'ai la chance de pouvoir le faire, est en fait un vrai luxe.
Il doit bien y avoir des nuances entre 'working mum' ou 'mère sacrificielle', qui semblent être les 2 seuls modèles valorisés par la société?
Pendant plus de 2 ans, je n'ai certes pas eu de bulletins de salaire.
Mais j'ai quand même bien travaillé.
J'ai élevé un enfant, ou plutôt 3 ; j'ai œuvré à entretenir un foyer agréable ; j'ai entretenu ce blog avec régularité (certes moins fréquemment cet été...) ; j'ai développé mes capacités créatives, exercé mon habileté, et ouvert ma micro-boutique de broderie...
Ce temps là, même s'il n'apparaitra pas sur mon CV, il n'est pas perdu. Au contraire - je n'ai pas à en rougir, plutôt même l'inverse, je crois. Je suis fière, et reconnaissante d'avoir pu pleinement en profiter, et continuer à acquérir des compétences, grâce à ma seule volonté. Même si la société ne le valorise pas, c'est en réalité un temps précieux, que jamais je ne regretterai.
Aujourd'hui, je suis prête à reprendre un "vrai" travail ; mais à mes conditions, pour qu'il garde du sens à mes yeux, et me permette de m'épanouir encore mieux. A dire vrai, vu qu'il me faudra de toute façon dépenser mon salaire en mode de garde, ce n'est pas tellement pour l'argent que je me remets en recherche...
Mais plus pour reprendre petit à petit le fil de ma vie, à moi, Marie ; et plus juste à moi, Maman.
Alors, non - je ne repars peut-être pas sur les chapeaux de roue, et peut-être que certains croiront que je "lâche l'affaire". Mais ça n'est pas un renoncement. C'est ce dont j'ai besoin, maintenant.
Peut-être qu'en cours de route, j'aurai une illumination ; peut-être qu'un jour je ne pourrai plus me permettre ce choix d'être aussi sélective ; peut-être que je repartirai finalement de zéro dans quelques mois ou années, dans une vraie reconversion, quand j'aurais enfin trouvé ma voie... Peut-être aussi que ça m'ira très bien comme ça, pour le reste de ma vie. Je ne sais pas.
Alors j'avance à tâtons, étape par étape, en me laissant le temps. Je reste ouverte à toutes les possibilités, tant qu'elles me feront vibrer - ce sera de toute façon la meilleure façon de ne jamais regretter.