1 an dans les étoiles
Il y a un an à peine, tu prenais de l'avance sur la fête des lumières pour faire briller nos vies d'un éclat tout nouveau, et encore plus beau.
Un an à peine, mon étoile, ma Comète... Mais quelle année! De celles qui vont définitivement nous marquer, tant par l'actualité que par ton arrivée. Le monde entier ne retiendra de cette année que la pandémie et tous ses à-côtés... Mais moi j'aurai la chance de pouvoir me rappeler de toute la beauté du temps passé à tes côtés.
Car cette première année, nous l'avons entièrement passée toutes collées-serrées : bien plus encore que je n'aurais imaginé!
Je voulais profiter pleinement de toi, vivre à fond toutes tes premières fois - aussi les dernières pour moi - et faire durer autant que possible le plaisir de tes tout premiers mois.
Mais je ne croyais pas que ce serait autant, et ni qu'un an après, j'aurais encore la chance d'accompagner chacune de tes journées, d'être témoin du moindre de tes progrès, et de m'émerveiller de tes airs de poupée.
Malgré les hauts et bas de cette année bousculée, c'est un si beau cadeau que la vie m'a fait!
Chaque jour j'ai le bonheur de pouvoir t'observer ; le plus beau des spectacles dont je puisse rêver.
Il y a eu toutes ces heures et ces heures de tétée, tout contre moi collée ; mes mots doux à ton oreille, tant de fois chantonnés ; l'arrondi de tes petites fesses, en arrière dans les bras de papa ; les auto-caresses à tes cheveux, comme un doudou pour te calmer ; mais aussi toutes ces nuits perdues, à devoir me lever...
Et puis, depuis que tu grandis, ton rire doux aux chatouilles, ou pour tes sœurs chéries ; tes larmes de crocodile à chaque petit "non!" qu'on ose t'opposer ; tes petites surprises du bain dont on se serait bien passés^^ ; ton goût illimité pour les "coucou-caché" ; ton petit doigt tendu, et tout tes "ça!" curieux ; ta frénésie gourmande à chaque morceau de pain ; et tes "rouli-bouli" le matin dans notre lit.
Et toujours, cette parfaite douceur dans tes cheveux dorés ; cette odeur dans ton cou, dont je pourrais m'enivrer ; cette fossette accroche-cœur à chaque grand sourire ; et bien sûr, tes grands yeux bleus si purs où j'aime tant plonger, dont nous parlent à chaque fois tous ceux qui t'ont croisée...
De toute cette année me restent ces instantanés, ces sensations magiques que j'avais oubliées, et le sentiment d'une déroutante facilité.
Tu as si naturellement trouvé ta place dans notre foyer... Nos souvenirs à quatre me semblent maintenant faussés, comme si tu y manquais.
Nous étions pourtant bien, avant ton arrivée ; mais nous sommes encore mieux, maintenant que tu es là. Tu viens nous compléter, fermer la 5ème branche de notre étoile dorée ; tu faisais partie de nous avant même d'être née.
Papa et moi, nous étions enfin prêts - nos astres étaient pour de bon alignés, pour que tu puisses nous rejoindre en toute sérénité. C'était le bon moment, comme prédestiné : notre constellation était ainsi tracée.
Alors dès le début, tout a tout de suite roulé. Chouquette t'a tout de suite intégrée ; et s'il a fallu quelques semaines à Bouclette pour t'appréhender, elle s'est depuis amplement rattrapée. Chacun à notre manière, nous t'avons tous couvée, cette première année : ensemble, tous les 5, réunis de force dans notre foyer, en vase clos face à l'adversité.
2 confinements, tout de même, pour ta première année... Moins de sorties, de découvertes, et de festivités ; moins de contacts avec les amis, la famille ; et tous ces gens masqués... Mais nous pour toi toute seule, aussi, toujours là, à portée. Tu ne sais pas, toi, que ce n'était pas comme ça que ça devait se passer! Ça nous serre parfois le coeur, mais toi, non : c'est ta réalité, tu l'aimes comme elle est.
Cette proximité (ren)forcée nous a encore rapprochés, nous permettant de profiter de toi encore plus qu'espéré.
Ça n'a pas pour autant été facile tous les jours...
Je me souviens de ces premiers temps confinés, à devoir trouver nos marques, à cinq en permanence dans 80 mètres carrés ; à tâtonner pour trouver comment partager mon temps entre ma fatigue accumulée, tes intenses besoins de nouveau-né, l'école à assurer et la bonne tenue de notre maisonnée.
Je me souviens de ton sommeil longtemps si léger, de toutes ces nuits passées à te bercer, te rassurer, te calmer ; puis à te supplier, et même à m'énerver, pour finir, toujours, par te cajoler, même si je n'en pouvais plus et que ma peur enflait... Celle que ça dure encore pendant des années, comme nous l'avons vécu avec ta sœur aînée.
Et même si tes rêves sont maintenant apaisés, que notre rythme semble désormais bien calé, même si tout va bien, ce n'est pas encore parfait. Je me bats encore, et je continuerai, pour trouver comment ne pas m'oublier moi, dans notre temps sans cesse couplé.
De cette belle année avec toi, j'ai tout, tout partagé. J'étais là, près de toi, à chaque instant de ta vie - hormis une poignée d'heures où j'ai pu te laisser.
C'est aussi merveilleux que parfois étouffant... Et j'avoue sans scrupules que parfois, ne serait-ce qu'un moment, j'aimerais aussi m'échapper et souffler sans t'avoir à côté.
Je suis tellement heureuse pourtant d'avoir tout ce temps pour te voir t'éveiller...
Un luxe inestimable, dont je mesure encore plus la valeur dans notre monde aujourd'hui si troublé. Le temps passe si vite, et c'est sur l'essentiel qu'il faut le concentrer...
Même s'il me coûte parfois de voir ce temps couler entre mes doigts, sans que je ne puisse toujours pleinement le saisir, je sais qu'il ne reviendra pas. Tous ces merveilleux moments que je passe avec toi, même tous ces petits riens qui font ton quotidien, ont bien plus de valeur qu'un quelconque salaire que je loupe en m'occupant de toi - ça compense amplement mes projets chamboulés.
Mes plans de reconversion se sont mis en suspens ; pour l'instant, toi et tes sœurs êtes devenues mon unique projet. Ce ne sera pas toujours le cas ; même si j'ai de plus en plus de mal à cerner ce que je serai, après...
Mais je suis pourtant sûre de ne jamais avoir aucun regret : avoir pu t'observer d'aussi près, mon tout dernier bébé, chaque jour de cette première année, est une chance inespérée.
Même si j'ai aujourd'hui le sentiment que tu as toujours été là, et que cette folle année est bien trop vite passée, je sais qu'il ne s'agit pourtant encore que de prémices - et qu'il me reste tout à découvrir de toi. J'ai hâte de te voir grandir, évoluer, marcher, parler ; de comprendre peu à peu qui tu es, et de cerner de mieux en mieux ta personnalité.
Je sais que le meilleur est encore à venir ; et le jour où nous devrons, inévitablement, nous séparer un peu, ce sera à mon tour de devenir l'étoile qui éclairera toujours ta belle destinée.