Ma sérénité face au cancer

Publié le par Picou

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Face à mon cancer, beaucoup me répètent combien ils sont bluffés par ma sérénité et admiratifs de mon autodérision, en me considérant comme une 'warrior', une 'battante' ou une 'guerrière'.

Évidemment, ces paroles chaleureuses me vont droit au coeur❤️, mais je reste toujours très perplexe face à tout ce vocabulaire de 'bataille' qu'on utilise beaucoup pour parler du cancer, et que je n'aime pas trop.

"Tu es forte", "tu vas le battre", "tu vas remporter ce combat", "tu vas tout déchirer", " tu ne vas rien lâcher"...

Bien sûr, ces mots forts (que j'utilise parfois moi aussi quand j'écris, paradoxalement!) sont toujours énoncés comme de chaleureux encouragements, avec beaucoup de compassion et de gentillesse ; mais ils peuvent finir par représenter une sacrée pression, quand on sait, de son côté, qu'on ne contrôle en fait pas grand chose...

En réalité, je n'ai juste pas le choix. Je ne suis pas forte ; moi je ne fais rien - face à la maladie, c'est la médecine qui prend les commandes, pas moi. Et même si j'étais faible, je n'y serai pour rien. La seule chose que je peux maîtriser - et encore, pas toujours! - c'est la façon dont je vais vivre les choses.


Si je reste aussi zen, c'est avant tout car me morfondre ne changerait rien du tout à ma situation...

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Alors qu'y faire face aussi positivement que possible ne pourra, par contre, que m'aider.

Je vois le bon côté des choses - c'est dans mon caractère, déjà, et il se trouve je vis cette épreuve dans les meilleures conditions (tant matérielles qu'humaines), et avec un bon pronostic (un cancer de stade 1, étendu mais non métastatique, et avec de bons indicateurs).

Ça change tout... C'est une chance immense dans ma malchance, et j'en suis infiniment reconnaissante. Les médecins semblent confiants ; alors, je le suis aussi. J'ai eu tellement peur à l'annonce de ma maladie, que je suis soulagée par ma situation, au final assez clémente.

Je ne veux pas faire de mon cancer un tabou, un truc qui rende triste, dont on ne parle pas pour faire comme s'il n'existait pas, pour mieux m'épargner. Il est , je le sais, je l'accepte ; autant prendre ce qu'il a à m'apporter de résilience, d'expérience, d'empathie, plutôt que de focaliser sur ce qu'il m'impose et qu'il m'enlève.

Et puis, ma famille et mon entourage sont la meilleure des énergies pour face face avec le sourire (tant que possible! C'est une image, on est bien d'accord je c'est pas fun non plus, et que ça m'empêche pas de râler autant qu'avant^^) ; ils m'aident à garder le moral, et je leur "dois" aussi de faire de mon mieux pour conserver la normalité de mon quotidien que j'aime tant.

Ne vous détrompez pas pour autant : ce cancer je le subis, j'en souffre, il me fait vivre beaucoup de moments difficiles.

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Et il place surtout au dessus de ma tête une épée de Damoclès que je n'oublie pas, et que je ne pourrai jamais plus oublier désormais.

Même en le vivant "bien", il m'impose beaucoup de moments que j'aurais aimé ne jamais connaître, qui me marqueront tant physiquement que psychologiquement, quoi qu'il en soit, pour le reste de ma vie. 

Et il a fait entrer au coeur de ma vie, d'une façon fracassante, le spectre d'une peur que je maintenais jusque là à distance, pour moi-même comme pour mes proches.

Comme tout le monde, je sais très bien que ça n'arrive pas qu'aux autres ; mais je préférais jusque là l'ignorer, autant que possible - et je ne peux désormais plus. Cette bascule du "peut-être qu'un jour..." à "cette fois ça y est", elle est irréversible ; et change définitivement ma perspective de l'avenir, sur ce sujet et sur d'autres.

Pour le moment, malgré les premières épreuves que la maladie m'a imposées, mon moral est bon, et ma vie continue sur même mode qu'avant, juste un peu perturbé.

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J'aimerais qu'il continue à en être ainsi aussi longtemps que possible : pour que ça ne soit qu'une épreuve à traverser, et pas un obstacle qui me stoppe dans ma lancée.

Le positif entraîne le positif, je crois ; et même si ce n'est pas toujours vrai, car on n'a pas prise sur tout, ça ne fait pas de mal de s'en persuader.

Ce n'est pas toujours facile, et beaucoup n'y arrivent pas - il n'y a rien de mal non plus à ça : chacun sa manière d'affronter les événements, comme on le peut. Là non plus, on ne contrôle pas tout - et on ne fait pas tous face aux mêmes conditions.

Moi je prends les émotions comme elles viennent, avec des hauts et des bas, et je m'autorise à flancher quand j'en ressens le besoin, c'est humain et même salutaire.

Mais quitte à devoir vivre avec la maladie, je préfère qu'elle intègre mon quotidien de la meilleure manière possible, sans trop d'éclats, autant pour moi que pour mon entourage, qui la subit aussi. Je veux continuer à prendre du temps pour moi, à me moquer de moi-même ou à rire, à rêver, à planifier, à bouger, à glander, à râler, à voir ou lire des trucs tristes... A rester moi, presque comme si de rien n'était.

Même si la suite devait être plus dure, c'est ma vie - et je n'en ai qu'une. Alors je ferai mon maximum pour qu'elle continue à être tout le temps remplie de douceur et de bons moments, même au coeur de la tourmente.

Cancer ou pas cancer, la vie continue... autant qu'elle reste belle!💪

Publié dans Mon cancer du sein

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