Le calme retrouvé
Avant d'avoir des enfants, je croyais que le plus difficile, ce serait les tous premiers mois.
En effet, on parle beaucoup des "nuits" du bébé, et de la fatigue intense que ressentent tous les parents lors des toutes premières semaines. Et tout le monde s'attend aussi à ce qu'une maman soit épuisée les premiers mois, car on comprend alors aisément qu'elle soit tout entière dédiée à son bébé.
Et c'est vrai que ces mois là, ceux du nourrisson, sont effectivement très intenses - tout se met en place, on se découvre l'un l'autre, et bébé est si dépendant de nous...Il est sans cesse en demande; on le materne à fond, et on cherche chacun notre rythme.
Ces premiers mois sont très prenants, et souvent déroutants aussi.
Pourtant, je crois avec le recul que ce n'est pas cette période la plus difficile à vivre, en tant que maman!
Même si bébé se réveille la nuit, même s'il est en demande constante de nourriture ou de contact, on peut encore à peu près le "contrôler" et s'organiser comme on veut.
Mais une fois passés ces premiers mois, ses développements deviennent si rapides, il progresse si vite, que ce soit sur le plan moteur ou émotionnel, qu'on a constamment besoin de le suivre, de le stimuler ou de le rassurer, et de l'aider à se construire en posant ses limites fondamentales.
Jusqu'à plus ou moins 2 ans, on passe énormément de temps à accompagner son enfant, au propre comme au figuré.
Une fois passé les 6-9 premiers mois, bébé développe une furieuse envie de tout découvrir, souvent avec sa bouche - il est un peu inconscient, et prend beaucoup plus de risques.
Il faut qu'on le surveille comme l'huile sur le feu, tout en arrivant à lui laisser l'autonomie dont il a besoin pour se construire. On vit beaucoup pour lui, on lui court sans arrêt après, on est constamment en train de tout anticiper (que ce soit ce qui peut arriver, ou ce qu'il faut prévoir quand on se déplace avec lui...).
Bref - on vit vraiment deux vies en une, et c'est finalement cette période que je trouve la plus éreintante, car on peut vite s'oublier soi-même.
Plus ou moins autour de 18 mois-2 ans, les petits commencent finalement petit à petit à acquérir une certaine autonomie.
Ils commencent à se montrer plus prudents - ou au moins plus habiles - face aux dangers ; ils réussissent peu à peu à mieux se débrouiller seuls, et ils arrivent aussi mieux à s'occuper par eux-mêmes, sans traîner sans arrêt dans les jupes de maman.
Certains commencent à faire de gros progrès en langage, ce qui leur permet de mieux s'exprimer, de se faire comprendre, et ainsi d'éliminer quelques frustrations au passage.
C'est aussi une période où l'on retrouve des habitudes "normales" en famille - tout le monde mange le même repas, il n'y a presque plus besoin de matériel de puériculture spécifique, on peut sortir sans emporter toute sa maison avec soi ou faire sauter quelques siestes au besoin.
Cette période de calme retrouvé, après les 2 ans de l'enfant, je suis enfin dedans.
A part les quelques crises, pas toujours reposantes, du fameux "terrible two", c'est quand même une période que je trouve plus calme et plus posée, et qui permet de reprendre un peu pied avec sa propre vie.
Je commence de mon côté à profiter de l'autonomie de mes filles ; elles sont dans une période calme, avec un peu moins de choses à gérer. Elles me laissent plus tranquille, et réciproquement.
Je prend les choses avec plus de détachement, je m'organise des petits temps pour moi, j'ai moins de scrupules à les confier de temps en temps à la famille.
Et comme c'est agréable et reposant! Avoir un peu de temps enfin, pour se ressourcer et en profiter plus sereinement.
Pourquoi croyiez-vous que ce n'est que maintenant, alors que ma dernière a passé ses deux ans, que j'ai ouvert un blog et pris le temps de le développer? Je n'aurais pas eu cette idée folle il y a encore un an, quand j'étais encore en plein dans le "coup de feu" avec si peu de temps libre, et l'envie de m'écrouler dans un canapé pour y passer le reste de ma vie, les rares fois où j'en avais.
Je suis admirative des femmes qui réussissent à vraiment tout mener de front à cette période si chargée, des 6-9 mois aux 2 ans de leur enfant, sans montrer de signes de fatigue ou de ras le bol (enfin - qu'on me les présente, aussi, ces femmes! je ne suis pas sûre qu'il y en ait tant que ça!...).
Pour ma part, j'ai réussi à les gérer, certes sans problème majeur, mais non sans un sentiment récurrent de découragement, sans l'impression bien souvent de me perdre moi-même, et sans rêver ponctuellement de pouvoir tout mettre en pause, même si je les aime plus fort que tout, et que j'aime le temps passé avec elles.
Alors - si vous êtes dans la période "chargée" vous-mêmes, que vous n'en pouvez plus et que vous avez parfois l'impression de vous perdre un peu et de ne vivre que par et pour vos enfants - n'oubliez jamais qu'il suffit de patienter un peu...
A un moment, cette course folle va commencer à se calmer, et vous aurez enfin un peu plus le temps de souffler, et d'enfin vous retrouver.