Ces choses qui me mettent mal à l'aise sur instagram
Instagram est un réseau vraiment très inspirant - et pourtant un tel miroir aux alouettes! Je crois qu'il faut savoir y faire du tri, pour l'apprécier pleinement.
Face à la profusion des images, il n'est pas toujours facile de garder du recul, même quand on connaît bien les codes du réseau... Même en essayant de suivre des comptes instagram au contenu qualitatif, on n'est pas à l'abri de certaines déconvenues.
J'ai dejà abordé dans un précédent article les pratiques douteuses sur ce réseau, mais au delà de ces "stratégies marketing" plus ou moins bien assumées, visant à gonfler ses statistiques, il y a d'autres choses qui me mettent aussi mal à l'aise, si ce n'est plus.
Prises par l'envie de se montrer sous le meilleur angle, pour être plus attractives, certaines instagrammeuses semblent parfois manquer de recul sur ce que certaines de leurs photos révèlent d'elles-mêmes. Elles ne se rendent pas forcément compte du potentiel déviant de leurs publications, mais certaines habitudes finissent par me gêner.
Des dérives que je trouve parfois un peu malsaines, car insidieuses, et dont les conséquences sont peut être un peu plus sérieuses qu'un simple mouvement d'abonnés...
De mon point de vue, certaines attitudes - pourtant assez fréquentes sur Instagram - sont parfois un peu limites, dès lors qu'on les regarde avec un peu de distance...
★ Les excuses coupables
Vous les avez déjà vues, vous aussi, j'en suis sûre... Les innocentes remarques "le bordel, c'est cadeau", "#teammèreindigne", "#badmom"... ah ah ah, on fait comme si on en rigolait en toute connivence!... Sauf qu'au fond, si on s'excuse, c'est qu'on se sent coupable. Et je trouve ça un peu dommage...
Soit on fait attention à ne rien poster d'imparfait (et bonjour la lissitude...), ou pire, on ne poste pas ; soit on assume que l'on est pas parfait, sans avoir à s'en excuser! Personne ne va vous jeter des pierres... ("shame!...shame!...shame!" ;o)
Qu'importe si l'image comporte une pile de linge à laver, un enfant devant la télé ou une déco bof bof en arrière plan... c'est ça la vraie vie! On le sait toutes... alors autant ne pas se confondre en excuses, en particulier dans les stories qui sont justement supposées être plus spontanées!
Cette injonction à être toujours parfaite, même quand on se défend de l'être, a le don de m'agacer : car même dans des comptes de "proximité" qui se veulent plus réalistes, on ne cesse finalement jamais de s'auto-mettre la pression, et de s'excuser pour...rien. Tout en alimentant un sentiment de culpabilisation générale.
★ La profusion perpétuelle
Sur Instagram on a l'impression que les enfants ont toujours plus de jouets, qu'on leur propose toujours plus d'activités, que les blogueuses ont toujours plus de jolis looks ou d'accessoires à tomber, et que les intérieurs sont toujours plus jolis...
Évidemment, tout cela est biaisé par le nombre de comptes que l'on suit, et par le fait que chacune essaye de mettre en valeur les belles choses qu'elle a - mais cette profusion perpétuelle finit par épuiser.
Parce qu'elle véhicule malgré elle un message consumériste poussant à avoir toujours plus, et à trouver son bonheur dans les jolies choses, plutôt que dans les jolis moments.
Je suis pourtant la première à tomber dans ce piège sournois, face à tous ces beaux objets que je vois chez les autres, et qui font envie à mon porte monnaie... Je finis souvent partagée entre l'envie d'être inspirée, et le poids de toutes ces envies qu'on me crée. Avant de me rappeler que finalement... je suis déjà très heureuse avec ce que j'ai.
★ L'impudeur
Dans toutes les publications instagram réside une part d'égo, une envie de se montrer, et de mettre sa petite vie en valeur, avec plus ou moins d'artifices.
C'est le sens même de ce réseau basé sur le visuel, et je comprend qu'on ait envie de s'y montrer sous un jour flatteur, et de mettre en avant le joli de sa vie. On le fait toutes, à notre propre échelle!
Pourtant, tout aussi beaux qu'ils puissent être, j'estime que certains moments de vie doivent rester dans une sphère privée plutôt que d'être exposés au grand public.
Je suis ainsi régulièrement mal à l'aise face à certains clichés qui me font me sentir un peu voyeuse malgré moi, parce que je sens bien que sans l'attrait des réseaux, je n'aurais jamais dû être témoin de ces moments là.
J'ai ainsi été un peu gênée à Noël de voir tous ces enfants ouvrir leurs cadeaux en direct, et de voir qu'autant de parents ont vécu ce joli moment à travers un écran. C'est pourtant un moment magique à mes yeux -mais qui je crois devrait rester un bonheur strictement familial.
De la même manière, les photos d'allaitement trop explicites me gênent, non pas parce que je les trouve choquantes, mais parce que ce moment entre l'enfant et sa mère doit pour moi rester un moment à part, très personnel.
Et je ne parle pas de ces enfants qu'on montre parfois en couches ou presque nus, sur le pot, en train de boire leur biberon le matin, pas réveillés, ou encore en train de sucer leur pouce.
Ce n'est pas forcément humiliant en soi pour l'enfant, certains clichés étant juste attendrissants - mais, aurait-on eu envie nous mêmes d'être pris en photo et publiés sur le net dans de telles postures qui restent très intimes?
★ La surmédiatisation des enfants
L'étape au dessus du point précédent...je crois qu'on est pas obligé de mettre tout le temps ses enfants en avant pour attirer l'attention.
Au delà du débat "montrer ses enfants ou pas sur Internet" (que je ne juge pas, comprenant et acceptant tout à fait les arguments propres aux 2 options), certains comptes ne font QUE de publier des clichés de leur progéniture, portrait après portrait - en particulier pour les bébés - et ça me désintéresse souvent très vite.
Déjà par goût, parce que pour moi, ce n'est pas parce qu'on est maman qu'on ne s'intéresse qu'aux enfants. On peut je crois être intéressante en reflétant toutes les facettes de sa vie, et pas uniquement ce que fait sa jolie progéniture.
La surexposition des enfants me gêne car la personnalisation - encore plus pour un enfant unique - devient selon moi trop forte.
Mettre son enfant en avant semble être une presque-garantie de s'attirer un public "facile" : les gens se prennent d'affection pour lui, et ont l'impression de le connaître, à force de le voir sans arrêt sous son plus beau jour...
Mais c'est justement cette surmédiatisation qui me gêne car elle déconnecte souvent l'enfant avec la réalité. On finit par se demander si le parent ne vit pas trop à travers son enfant? Quelle est la place réellement laissée au libre arbitre, dans tant de poses étudiées et agencées? L'enfant ne va-t-il pas finir par trop prendre l'habitude d'être adulé, au risque de tomber de haut dans sa "vraie" vie?
Si certaines semblent conscientes du risques, et finissent parfois par adapter leurs publications, d'autres ont l'air de ne pas du tout s'en inquiéter, pourtant je trouve que la question mérite au moins une réflexion poussée.
J'ai lu l'autre jour l'interview d'une célèbre blogueuse qui se perdait ainsi totalement dans ses justifications, admettant poster sans arrêt des portraits de sa fille pour se promouvoir, tout en étant consciente de tous les dangers que cela représente pour elle...C'était franchement atterrant.
Dans cette incessante course aux abonnés, à laquelle nous nous livrons toutes un peu, attention à ne pas trop se mettre de pression et à ne pas perdre le sens de la mesure!