La conscience de la blogueuse
Tenir un blog, c'est beaucoup de plaisir, mais c'est aussi une pression permanente.
Ca peut paraître un peu bête à dire, quand on a au final qu'un tout petit blog, perdu dans l'immensité de la blogosphère - mais dès lors que l'on clique sur ce fameux bouton "publier", et qu'on livre ses écrits à la lecture publique, on ne peut pas tellement y échapper.
Quelques soient notre audience ou nos objectifs, on se soumet, parfois bien malgré nous, à la pression du chiffre, de la qualité, de l'ego.
Est ce que mes lecteurs aiment ce qu'ils lisent? Les autres font-ils mieux que moi? Est ce que mes statistiques ont grimpé? Suis-je originale? Est ce que des marques vont me contacter?...
Nos interrogations sont nombreuses, et si l'on dispose de quelques instruments de mesure, la plupart du temps, on reste un peu dans le flou.
Pas facile de savoir si l'on est plus ou moins lues que les autres, pas exemple...Les fameuses "stats" que nous observons toutes plus ou moins fiévreusement, ne veulent au final rien dire, comme on ne sait pas où se placer par rapport aux autres.
Les chiffres d'audience restent au final assez tabous, secret bien gardé de la grande majorité des blogueuses.
On finit forcément par se comparer aux autres blogs que l'on lit...et qu'on le veuille ou non, la pression du chiffre nous tombe dessus, car il est bien agréable de voir son petit espace se développer et prendre vie au fil des lectures de plus en plus nombreuses de nos articles.
Dès lors qu'on se donne à fond, on espère toujours faire au mieux, et obtenir un certain retour sur investissement, sous quelque forme que ce soit.
Et avec cette pression, qu'on se met souvent nous-mêmes, viennent aussi des cas de conscience, que j'ai pu expérimenter moi-même dernièrement.
J'ai la chance d'avoir pour l'instant un lectorat en croissance, que ce soit sur mon blog comme sur ses réseaux sociaux - globalement, chaque mois ça monte, certes doucement, mais je suis très satisfaite de ce que j'ai réussi à développer jusqu'à présent.
Pourtant, avoir de plus en plus de lecteurs me file parfois un peu la trouille...non en tant que tel, mais par ce que cela implique.
Je veux dire par là que je ne compte pas changer ma façon d'écrire pour autant, mais que ça change parfois le regard des autres sur mon blog, et qu'il m'arrive maintenant d'être contactée par des marques souhaitant me proposer des partenariats.
Comprenons nous - je ne croûle pas sous les demandes, mais j'en reçois de temps en temps, et je m'attends à en recevoir de plus en plus.
Et comme beaucoup de blogueuses avant moi, ce rapport aux marques me pose un premier cas de conscience.
Pas tellement directement, car mon positionnement est clair, et que je n'ai aucun mal à être transparente à ce sujet.
Je n'ai rien contre des partenariats avec les marques, tant que ceux-ci concernent des produits qui m'intéressent et qui peuvent vous intéresser, tant que ça vous apporte une plus-value (sous forme de concours, code promo etc...), et tant que cela reste très limité et surtout objectif.
Je ferai des partenariats à l'occasion, quand ça me semble intéressant, mais ne veux pas me transformer en "blog-sandwich" avec un article sur 2 consacré à des partenariats pour tout et rien.
Pourquoi le cas de conscience, alors?
Et bien, vous l'avez sans doute suivi, j'ai été "invitée" à un salon de blogueuse, le spot e-fluent 2017, en Novembre (le plus gros événement de la blogosphère parentale). Je n'y suis jamais allée, mais j'ai pu lire sur le net des articles de blogueuses y ayant participé les années précédentes, où les marques étaient vraiment omniprésentes.
Au moment d'organiser ma venue à ce salon, et en discutant avec des copinautes avec qui je suis proche, et qui partagent mes interrogations, je me suis demandée dans quoi je mettais les pieds...
Est ce que me rendre à ce salon, qui est surtout un gros outil de communication pour les marques, n'est pas un peu "vendre mon âme au Diable"? (pour schématiser, hein, relativisons l'importance de tout cela!).
Quelques partenariats, par ci par là, ça ne me gêne pas ; mais autant de marques d'un coup, toutes là pour nous séduire à grand coup de gadgets et de tote-bags gratuits en espérant un retour sur investissement...
Pour toutes les blogueuses qui se développent, se pose je crois à un moment donné ce dilemme des partenariats...
Un équilibre à trouver entre l'envie de développer des collaborations avec des marques, et la peur de perdre en même temps son identité , son objectivité et la confiance de ses lecteurs.
Mes doutes se sont vite envolés, puisque je compte rester fidèle à mon point de vue de départ...Je me rendrai surtout à ce salon pour rencontrer en "vrai" toutes les blogueuses avec qui j'ai beaucoup de plaisir à échanger depuis des mois. Mais je jouerai également le jeu des marques, pour vous faire gagner les produits qui me seraient proposés, dans les limites décrites ci dessus, en toute objectivité et de manière sélective.
Je vous écrirai sans doute un compte rendu de mon expérience, mais je ne compte pas pour autant vous abreuver d'articles partenaires à tour de bras.
Peu après cette réflexion, je me suis posée un autre cas de conscience...en me montant un peu la tête toute seule!
Laissez-moi vous raconter ce que, par délicatesse, l'adorable Sandra du blog Demain j'arrête ne vous dira pas. Dans l'un de ses derniers articles, elle s'agace, à juste titre, que l'un de ses articles ait été plagié. Comme toutes celles qui l'ont lu, j'imagine, j'étais curieuse, et j'ai donc remonté son fil pour essayer de découvrir de quel article elle pouvait parler.
J'ai alors relu avec plaisir ce joli article dans lequel elle se dévoile avec une belle sincérité... et au fil de ma lecture, je me suis rendue compte des éléments communs avec l'un de mes propres articles. Des similitudes flagrantes, bien qu'involontaires (en réalité j'ai écrit cet article il y a des mois et des mois, mais je n'avais pas osé le poster avant). Dès lors, j'étais mortifiée, mais pour moi, pas de doute : c'est de moi qu'elle parlait dans son article.
Je me sentais hyper mal...
D'une part de lui avoir visiblement causé de la peine, même fortuitement, et d'autre part d'être peut-être celle qu'elle considérait avoir un peu "pris le melon". Et si j'avais changé sans m'en rendre compte, ou que le regard des autres sur moi avait évolué? Pendant quelques heures, je me suis sacrément remise en question.
Je me suis confondue en excuses, avec la boule au ventre d'avoir pu lui causer involontairement du tord...Avant qu'elle ne vienne me rassurer, en me disant qu'il ne s'agissait aucunement de moi dont elle parlait.
Soulagement, d'un côté, de ne pas l'avoir peinée ; mais pourtant, ce sentiment que même s'il ne s'agit pas de plagiat, mon article et le sien se ressemblent beaucoup, et qu'elle aurait pu - et cela aurait été légitime - se vexer de me voir publier un texte aussi proche du sien.
Alors, évidemment, on est tellement nombreuses à écrire sur les mêmes thèmes, et à s'inspirer les unes les autres, que ce genre de situations est inévitable.
Je n'ai en réalité rien fait de mal, mais ça m'a fait réaliser combien les mots sont délicats à manier, et à quel point on peu parfois passer au dessus des implications qu'ils peuvent avoir (au final, je n'étais pas sa "plagieuse" - mais j'aurais tout autant pu l'être, sans même m'en être aperçue!).
Au final, ces diverses situations qui m'ont dernièrement fait réflechir, m'ont montré combien il nous est facile, en tant que blogueuses, de nous emballer pour un rien, parce que nous nous infligeons une certaine pression, qu'on le réalise directement ou non.
J'espère continuer à avoir ce genre de doutes - c'est au final assez sain, je crois - et aussi réussir à ne pas finir par trop me mettre la pression...Mais faites moi une faveur...
Si vous sentez à un moment que je ne me "ressemble plus" ou que je semble vous oublier - prévenez-moi! Que je ne passe pas à côté sans le vouloir...