Démarrer son allaitement
Allaiter son enfant est un choix personnel, qui doit venir d'une envie profonde, sans quoi il peut être facile de baisser les bras.
J'ai pour ma part allaité mes deux filles avec succès, la première pendant environ 6 mois, et la deuxième 9 mois.
J'ai mené un allaitement exclusif au sein, pour chacune d'entre elles, jusqu'à leur diversification, puis j'ai continué en mixte, espaçant petit à petit les tétées pour finir par ne garder que les tétées "câlin" du matin et du soir à ma reprise du travail. J'ai arrêté à chaque fois naturellement, selon un besoin que je sentais partagé par mes filles et moi-même.
C'était une période éprouvante, éreintante, mais très enrichissante dans la relation que j'ai bâtie avec mes enfants. Une parenthèse à part, un moment de fusion dans un petit cocon mère-enfant, que j'ai au final grandement apprécié malgré toutes les contraintes.
J'ai eu la chance de connaître des allaitements "faciles" qui se sont globalement bien déroulés, sans problèmes "majeurs".
Mais si au final, mes allaitements ont été si réussis, je pense le devoir beaucoup à ma détermination.
Parce que si lors d'une grossesse, le discours général est ouvertement pro-allaitement, quand il s'agit enfin de mettre l'allaitement en place concrètement, de réellement "lancer la machine", alors...il n'y a plus personne!
Si la sage-femme est aux petits soins pour la toute première tétée en salle d'accouchement, dès qu'on est revenue en chambre, tout devient plus flou.
Soit on a pas de conseils du tout sur la manière de faire, alors qu'évidemment le mode d'emploi n'est pas livré avec le bébé, soit au contraire, on nous prodigue 50 avis discordants, issus d'autant d'interlocuteurs différents qui défilent en restant à peine 5mn dans notre chambre.
Dans tous les cas, on se retrouve très vite complètement perdue!
Ce n'est évidemment que mon ressenti, peut-être que d'autres ont été mieux accompagnées que je ne l'ai été à l'hôpital - mais pour ma part, j'ai trouvé ça vraiment difficile à mettre en route, au tout début.
Je me suis sentie un peu abandonnée dans mon envie de bien faire, voire même découragée, lors des tout premiers jours pourtant cruciaux.
En effet, ma Chouquette était un gros bébé (4,240kg, ma bestiole - pas mal pour un 1er bébé, hein?!) ; elle passait donc son temps à dormir. Autant dire que je la laissais faire, toute contente de pouvoir à loisir la contempler, et me reposer de mon côté...Erreur!
Personne ne m'a expliqué qu'il fallait au contraire la stimuler, pour encourager ma montée de lait. Celle ci a donc fini par se faire un peu tard, 5 jours après sa naissance - une durée peu compatible avec les objectifs de rentabilité d'un hôpital, et leur besoin de libérer la chambre...
Sans montée de lait, ma fille n'arrivait pas à reprendre assez de poids pour que sa courbe soit satisfaisante pour une sortie. Le personnel médical a donc essayé de me pousser vers une solution de commodité, assez décourageante : me culpabiliser, en faisant vibrer ma corde sensible. Autrement dit...me pousser à donner quelques biberons au bébé, pour accélérer sa prise de poids (et notre sortie, évidemment).
Seulement, un biberon, ça va, mais deux, bonjour les dégats! ;o)
Il est tentant de céder aux demandes du personnel de l'hôpital, qu'on imagine qualifié et de bon conseil...pourtant leur objectif n'est malheureusement pas toujours de nous aider à mettre sereinement en place de votre allaitement, mais parfois plutôt d'amener le bébé à grossir à tout prix, pour gérer leur service plus efficacement.
Et si l'on habitue trop un bébé à la tétine du biberon, il risque de finir par refuser le sein, par facilité, et il sera alors difficile de mettre en place un allaitement durable...
Au delà d'un biberon "exceptionnel", il vaut donc mieux tenir un peu tête au personnel médical, pour continuer un allaitement exclusif (tant que le bébé n'est pas en danger, évidemment).
Quand les sages-femmes ont commencé à insister de plus en plus lourdement sur le besoin de donner à ma fille "encore un dernier biberon pour accélérer la prise de poids", j'ai eu le réflexe de m'imposer, et de refuser cette solution de facilité. Je suis restée courtoise, mais déterminée, et je n'ai pas lâché l'affaire.
Mais je sais que beaucoup de jeunes mamans, un peu perdues face à une mise au sein difficile, et sous la pression d'un personnel supposément qualifié, n'ont pas eu cette force...
...et ont vu parfois leur allaitement sabordé par un renoncement trop rapide, qu'elles ont amèrement regretté par la suite.
A l'hôpital, on a souvent affaire à un personnel bien entendu qualifié, mais pourtant relativement peu formé sur l'allaitement.
En tant que toute nouvelle maman, en pleine fatigue et sous le coup d'un chamboulement hormonal, et au milieu de 25 conseils différents et contradictoires, on se retrouve vite paumée!
Et on ne se rend pas forcément compte que les conseils qu'on nous donne ne sont pas forcément les plus appropriés. Certaines sages-femmes ne sont pas à l'écoute, manquent de tact, ou se contentent de ressasser des conseils un peu bateau.
Là où on aurait besoin d'être rassurées, encouragées, et soutenues, on nous laisse souvent au contraire facilement baisser un peu les bras, pile au moment où la motivation est indispensable.
Les premiers jours de mise en place, à la maternité, sont en effet déterminants pour la suite d'un allaitement.
Ce sont les plus difficiles, je crois, ceux où il faut s'accrocher un peu pour tout mettre sur des rails, et que la suite puisse rouler. Si l'on réussit cette première étape, et que notre bébé y met un peu du sien, le reste est souvent bien plus simple passées les quelques premières semaines.
Pourtant, de ce que j'en ai vu, peu d'hôpitaux ont un référent spécifiquement formé à l'allaitement, et proposent un accompagnement adapté en ces premiers jours cruciaux où installer son allaitement.
Certaines associations existent - en premier lieu la fameuse et incontournable Leche league, mais il en existe beaucoup d'autres - et sont une précieuse mine d'informations, prêtes à renseigner en détails sur simple appel...mais on en est peu informées, notamment lors de ces premiers jours.
A l'hôpital, je n'ai pu compter que sur mon propre instinct, et sur quelques conseils bienveillants, mais rapides, d'une seule sage-femme.
Personne ne m'a expliqué concrètement qu'il fallait stimuler mon bébé, ou comment le faire ; ni montré comment repérer les signes de son envie de tétér pour l'allaiter à la demande. Personne ne m'a expliqué quelles douleurs étaient normales ou pas, ou comment les alléger efficacement.
On m'a donné quelques explications très générales sur la position à adopter ou le matériel de base...
Mais si j'avais été timide, ou que je n'avais pas pris sur moi de poser des questions précises, on ne m'aurait pas vraiment accompagnée.
J'ai heureusement pu profiter des conseils avisés de ma maman, puis par la suite, sur ceux de la super sage-femme qui a suivi à domicile les premières semaines de ma fille. Et ma fille m'a elle-même beaucoup aidée, en prenant directement de bons réflexes de succion.
Malgré ses problèmes de prise de poids, qui ont mis quelques semaines à s'arranger naturellement et sans biberons, j'ai finalement réussi à démarrer mon allaitement avec succès, en m'accrochant pour ne pas baisser les bras face aux difficultés - mais c'était une grande période de doute, propice au renoncement.
Au final, alors qu'on nous pousse si fortement à allaiter, il faut quand même s'attendre à se devoir se débrouiller seules et surtout, ne pas se laisser décourager. J'y suis parvenue, mais j'aurais aimé à l'époque, que l'on m'y prépare mieux.
Et vous, si vous avez allaité, avez-vous aussi ressenti ces difficultés au démarrage, quand vous aviez le plus besoin d'aide?