Doit-on absolument jouer avec ses enfants?
Depuis que je ne travaille plus, je passe beaucoup plus de temps avec mes filles. Après l'école, je profite pleinement de nos soirées dédiées aux activités ou aux jeux.
C'est une vraie chance, parce que j'adore cette opportunité de les voir grandir au jour le jour, et de partager d'excellents moments avec elles!
Pourtant, certains soirs, j'avoue que je traîne un peu la patte quand elles m'invitent pour la énième fois à partager leurs jeux d'enfants...
Me mettre à quatre pattes pour faire parler Doudou, me régaler d'une tomate en plastique, surjouer la méchante sorcière ou rempiler pour une millième partie de mistigri...
Il faut bien dire que passé 5 ans, ce n'est pas forcément passionnant, alors il suffit parfois d'un peu de fatigue pour que j'ai du mal à me motiver.
Pourtant, depuis leur plus jeune âge, j'ai pris le temps de jouer chaque jour un peu en tête à tête avec mes filles.
J'ai toujours considéré ces temps de jeu comme extrêmement bénéfiques pour elles, comme pour moi.
En jouant, les enfants développent évidemment leur motricité, leur imagination, leur appréhension du monde.
Même si c'est aussi le cas lorsqu'ils jouent seuls, jouer avec papa-maman renforce leur apprentissage de la socialisation, leur aptitude au compromis, et booste leur confiance en eux.
En se mettant à leur hauteur pour jouer, on efface un moment le rapport de domination qui est le nôtre.
C'est une occasion unique pour eux de prendre l'initiative, d'exprimer librement leurs idées, ou même de diriger l'action sans retenue.
Leur montrer que nous restons quand même intéressés par ce moment d'échange, c'est leur prouver leur légitimité, et renforcer le lien d'attachement qui nous unit.
Jouer avec ses enfants est une occasion unique de développer une vraie complicité avec eux.
Au delà de moments de plaisir partagés, les jeux permettent aussi de créer l'opportunité d'un dialogue, ou même parfois d'ouvrir la voie aux confidences.
On est même souvent surpris de tout ce qu'on apprend en jouant avec ses enfants!
Parce qu'ils reproduisent certaines situations qu'ils voient autour d'eux, parce qu'ils extériorisent certaines angoisses en les transposant sur des personnages, ou simplement parce qu'on découvre certaines de leurs acquisitions qu'on avait jusqu'alors pas remarquées.
Même lorsqu'elles sont courtes, ces périodes d'observation active sont essentielles dans notre relation avec nos enfants, pour qu'il se sentent valorisés, et qu'on profite nous-mêmes d'une fenêtre ouverte vers eux.
Pour autant, ce n'est pas naturel pour tout le monde de jouer avec ses enfants...
Réapprendre à jouer soi-même, et ce n'est pas évident pour tout le monde.
Il faut se reconnecter avec l'enfant qu'on était, cette partie de soi mise en sommeil depuis longtemps, et accepter de lâcher du lest.
Certains apprécient de faire le clown, de faire des galipettes, de faire rire les tout-petits ; d'autres au contraire sont plus à l'aise avec les jeux plus évolués des plus grands. Au final, il y a toujours des jeux pour lesquels nous seront plus enthousiastes et plus volontaires que pour d'autres...
Mais certains parents restent malgré tout complètement réfractaires à ces moments d'intimité par le jeu.
Ils n'arrivent pas à s'abandonner au principe simple de jouer, au point de le ressentir comme une corvée.
Je crois qu'il ne faut alors pas se forcer, car au final, ça ne servirait à rien.
Les enfants sont de vraies éponges, et ressentiraient notre manque de volonté et d'implication...
Notre simple présence à côté de nos enfants dans leurs périodes de jeu suffit déjà souvent à créer l'opportunité d'un échange plus riche, car ils se sentent sécurisés de nous savoir à leurs côtés, et assurés de notre disponibilité tant physique qu'émotionnelle.
Mais on a aussi le droit d'être parfois trop fatigué, trop occupé ou trop lassé pour jouer avec ses enfants, ou pour même rester à leurs côtés... et il est important aussi qu'ils le comprennent.
Les enfants n'ont pas forcément besoin d'être sans arrêt stimulés, il est aussi bon parfois pour eux de rester seuls et de s'ennuyer.
Ne pas jouer systématiquement avec nos enfants lorsqu'ils le réclament ne fait pas de nous de mauvais parents...
Et puis il existe bien d'autres manières de créer des liens forts avec ses enfants.
Prendre le temps de leur lire une histoire, cuisiner ensemble un bon petit plat, faire une balade ou une sortie, discuter autour du bain, faire des chatouilles ou des câlins, leur fournir une aide aux devoirs...
L'essentiel est de créer des occasions privilégiées pour un échange direct, et rapproché, où l'enfant sent qu'on est disponible pour lui à 100% et qu'il peut s'ouvrir à nous.
Il ne faut donc pas se culpabiliser de ne pas jouer souvent avec ses enfants, ou de n'y accorder que quelques minutes, tant qu'on trouve un moyen de garder ce contact...
Ce n'est pas parce qu'on n'aime pas jouer qu'on n'aime pas ses enfants, et même s'ils peuvent se montrer déçus, ils sont à même de le comprendre.
A nous de savoir aussi leur expliquer qu'ils ne sont pas en cause, et qu'on saura se rattraper à un autre moment, ou d'une autre manière!