Oublie-t-on comment s'occuper d'un bébé?
Voilà maintenant deux semaines que Comète est arrivée dans nos vies... Deux semaines à peine, mais je suis encore une fois étonnée d'avoir l'impression qu'elle a toujours été là.
C'est un sentiment fou, qui m'avait déjà envahi à la naissance de mon aînée, puis après elle, de ma cadette : quelques soient les doutes et les interrogations que j'ai pu avoir avant la grande rencontre, ils se sont instantanément envolés dès que nos yeux se sont croisés.
Comme une évidence - et la même impression que lorsque la toute dernière pièce s'assemble parfaitement avec le reste du puzzle : une satisfaction totale, une sensation d'accomplissement, et le sentiment profond que tout est enfin à sa place.
Même la nostalgie que j'avais peur de ressentir vis à vis de mes rondeurs de grossesse semble pour l'heure oubliée ; j'ai maintenant clos un cycle, tout prend place, et coule de source.
C'est une grande chance! (car même si ça ne se dit pas, parfois le miracle n'agit pas tout de suite, laissant certaines mamans perplexes et en proie à des doutes encore plus grands...). Mais j'ai réussi - comme à chaque fois pour moi - à entrer dans cette nouvelle maternité avec une aisance, un naturel et un épanouissement immédiats.
Cela donne évidemment à ces tout premiers jours une impulsion extraordinaire - tout me semble inné, facile, logique.
Bien sûr, les circonstances qui ont accompagné ces premiers jours ont beaucoup aidé...
L'arrivée de Comète s'est faite en toute tranquillité, à ma toute fin de grossesse, alors que j'étais psychologiquement et physiquement pleinement prête à l'accueillir.
J'ai eu un accouchement réussi (que je ne raconterai pas ici, mais qui s'est déroulé sans souci), des complications post-partum restant assez légères, et un confort certain lié à la présence de mon mari à mon retour à la maison (après les quelques jours dont il a bénéficié après la naissance, il sera d'ailleurs aussi avec nous pour les vacances de Noël).
Et avant tout, mon bébé joli, si facile à vivre et sans problème, nous a grandement aidé à appréhender ces premiers jours avec sérénité! Elle tète bien, ne souffre pas de RGO ou de coliques, est éveillée et parfaitement entourée par deux grandes sœurs qui ont très bien géré son arrivée, et sont aux petits soins pour elle.
Tous les éléments semblent s'être alignés pour faire de l'arrivée de Comète dans nos vies un moment de joie, d'amour et de plénitude.
Est-ce parce que c'est aussi comme ça que nous avons nous-mêmes abordé cette naissance? Car je crois quand même que l'expérience a un sacré rôle à jouer là dedans.
On envisage forcément une naissance de façon plus apaisée lorsqu'on a déjà vécu ce chamboulement plusieurs fois... J'avais pourtant un peu peur, quelque part, que ces 5 ans passés depuis la naissance de notre dernière fille n'aient altéré nos capacités de parents.
Avec l'impression que la petite enfance était maintenant loin derrière nous, que nous étions définitivement passés à autre chose, je me disais que nous aurions peut-être tout oublié! Que nous allions nous retrouver perdus, et forcément maladroits dans toutes ces situations que nous avions pourtant bien connues, mais depuis longtemps oubliées.
Alors je suis presque surprise aujourd'hui de voir à quel point ces gestes sont pourtant restés ancrés profondément en nous, revenant immédiatement à la surface le moment venu.
Je retrouve aujourd'hui avec bonheur toutes les sensations uniques des premières semaines d'un nouveau-né.
Ah! La force de la tétée de bienvenue, ce premier "accrochage" de bébé au vaisseau-mère... Assurer une bonne prise au sein, retrouver les bonnes positions à adopter, reprendre le réflexe d'un allaitement à la demande, noter l'heure des tétées, alterner les côtés pour donner un lait plus nourrissant...
Et que dire du stress du tout premier bain, où l'on a si peur de mal faire?! Alors qu'on retrouve en fait bien vite son assurance pour effectuer les petits soins de nouveau-né, nettoyer son cordon, changer ses minuscules couches ou refermer à vitesse grand V les mille petits boutons d'un body ou d'un pyjama.
On reprend vite le pli de porter bébé, sans avoir peur de le casser ; et d'exercer toute notre dextérité pour réussir ensuite à le poser, doucement, sans le réveiller! (#LeChallengeUltime)(#MaisOnEstPasEncoreAuPoint)
Autant de gestes au final si éphémères, mais pourtant jamais vraiment oubliés...
C'est tout un savoir en sommeil, et tous nos sens en alerte, aussi, qui d'un coup se réveillent.
"Gouzi gouzi... fais reset!"... C'est comme si on remettait à jour notre logiciel interne, un bon vieux "reset" pour tout reprendre à zéro, avant de revalider l'un après l'autre tous nos précédents acquis, en passant les niveaux l'un après l'autre avec succès (en mode sans échec si possible^^!).
Certains réflexes se remettent en marche tout seuls : l’œil qui s'ouvre au moindre grognement de bébé, avant même qu'il ne pleure ; la lactation qui s'active d'elle-même, quand il commence à avoir faim ; le thermomètre intégré au poignet pour vérifier l'eau du bain ou du biberon ; le balancement automatique d'un pied sur l'autre pour bercer bébé, dès qu'on l'a dans les bras...
D'autres mettront plus de temps à revenir - mais bien vite, on saura de nouveau comprendre les besoins de notre nouveau-né, et décoder peu à peu ses pleurs si mystérieux.
Il y a là-dedans une grosse part d'inné - le fameux instinct maternel? - mais aussi le fruit de toute l'expérience qu'on a déjà accumulée.
De toutes ces heures déjà passées à apprivoiser nos aînés, à découvrir comment s'en occuper, à succéder gros fails et petites victoires, pour petit à petit gagner en maîtrise et en maturité.
Autant d'apprentissages qui durent finalement bien au delà de ces tout premiers mois - car même quand les gestes deviennent obsolètes, qu'ils finissent par basculer quelque part au fond d'un tiroir poussiéreux de notre mémoire, ils restent quand même là, quelque part, comme un socle solide pour tout ce qui suivra.
Car c'est par tous ces petits gestes fondateurs qu'on acquiert peu à peu le savoir ancestral qui fait de nous des parents, et par lui un sentiment d'appartenance, une certaine assurance, et une légitimité qui ne nous quittera ensuite plus jamais.
Alors comment ai-je pu douter? Nouvelles ou pas, si éphémères qu'elles soient, ces sensations font pour toujours partie de moi. Et quel plaisir j'ai aujourd'hui à les retrouver intactes!