Qu'est devenue la liberté de notre enfance?

Publié le par Picou

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Profitant d'un beau temps inattendu lors du dernier week-end que nous avons passé chez mes parents, j'ai emmené les filles faire une petite balade. 

En chemin vers le parc, j'ai finalement bifurqué dans un étroit passage entre deux murs, saisie par l'envie de leur faire découvrir les lieux de mon enfance. Ce petit chemin caché, à travers les jardins, mène au pied de la rivière où j'ai tant joué enfant.

Avec les petits voisins, on enfourchait nos vélos après l'école ou le week-end, pour aller y passer des heures à construire des cabanes dans les branches, en équilibre précaire au dessus de l'eau, couvrant le bruit des flots de nos tumultueux et enthousiastes cris de batailles et de joie.

Le temps a depuis porté bien loin nos milliers de fabuleuses histoires...

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La magie n'est plus là.

Ces amis si proches sont depuis longtemps perdus de vue, des lotissements proprets ont envahi les champs environnants, et la rivière tant à l'écart du monde est maintenant juste en bord de route.

"Allez maman... Viens vite, on va au parc maintenant. L'eau elle est trop froide, et puis le soleil il me pique les yeux..." Depuis le cœur de leur propre enfance, mes filles n'ont pas pu percevoir ces petits éclats de bonheur qui ont fait le sel de la mienne, ni saisir la nostalgie qui m'a envahie.

Mais moi, je me souviens - et je chéris ces bribes de souvenirs oubliés qui me sont revenus, au fil de cette eau douce.

C'était simple, c'était chouette... Et tellement à mille lieux de ce qu'elles peuvent vivre aujourd'hui!

Tous les jours, on partait à l'aventure, en vélo, dans les champs ou dans les débuts de chantiers de ce qui allait devenir un quartier résidentiel prisé. Maîtres de notre petit monde, on faisait un peu ce qu'on voulait.

On nous laissait partir seuls des heures entières, insouciants et inconscients des dangers (je frémis à l'idée de ce qui aurait pu tant de fois arriver, si nous avions chuté la tête sur les cailloux!), avec notre imagination et des bâtons comme seuls jouets.

Ce sont de très beaux souvenirs - mais je n'imagine pas aujourd'hui pouvoir laisser mes filles vivre de telles expériences. Ça me parait inconcevable!

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Évidemment, le temps a sans doute enjolivé mes souvenirs...

Et puis l'époque a bien changé, on a sans doute maintenant plus conscience de certains dangers... D'autant que je vis désormais dans une grande ville et plus en bord de champs. Tout est si différent maintenant!

Pour autant, je suis sûre que mes filles garderont elles aussi de merveilleux souvenirs de leur enfance - et je fais tout pour cela.

Mais garderont-elles aussi en mémoire ce sentiment d'absolu, cette désinvolture que j'ai moi-même vécue? N'est ce pas définitivement d'un autre temps maintenant?

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Je me demande parfois si nous ne sommes pas devenus trop frileux, en voulant trop bien faire pour nos enfants et toujours assurer leurs arrières.

A force de vouloir sans cesse leur offrir le meilleur, éliminer les risques, anticiper leurs difficultés - ne sommes-nous pas un peu trop sur leur dos?

La mouvance Montessori, la motricité libre, la DME, ont justement le vent en poupe pour remettre l'autonomie au cœur de l'apprentissage de l'enfant. Mais quand bien même - cela reste aujourd'hui toujours très encadré.

Physiquement, bien sûr (mais ça me semble un minimum!), mais surtout par des préceptes et théories pédagogiques, très présentes dans nos vies de parents.

Qu'elles soient lues et suivies à la lettre, ou simplement assimilées plus ou moins consciemment, au travers de notre environnement et notre utilisation des réseaux sociaux, nous sommes en quelques sortes gouvernés par des normes éducatives.

Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression qu'à l'époque où nous étions nous-mêmes enfants, nos parents étaient plus détachés et instinctifs.

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Ce n'était pas forcément mieux - je n'oublie pas que mes souvenirs d'enfance, si merveilleux qu'ils soient, avaient quelques ratés!

Inutile de revenir sur toutes les avancées en termes de sécurité du matériel de puériculture, ou des équipements auto depuis cette époque... (sans parler de la mode qu'on nous a infligé dans les 80s, dont on mésestime le pouvoir traumatique^^!)

De façon plus globale, la place mineure alors généralement accordée à l'enfant, et la sévérité et les débordements éducatifs qui étaient alors généralement admis ne sont pas vraiment à regretter (même si j'ai eu la chance de ne jamais en souffrir de mon côté).

La nostalgie est un sentiment naturel - mais comparer ces deux époques si différentes ne rime à rien. A chaque période ses progrès... et seul le recul du temps peut nous montrer clairement si, et où, nous nous sommes trompés.

J'espère qu'on ne regrettera justement pas un jour d'en avoir un peu trop fait à notre tour, en privant nos enfants de cette liberté là.

Aujourd'hui, on réfléchit à tout, et on intellectualise beaucoup. On essaye de devancer d'éventuels traumatismes, d'éliminer déceptions et déconvenues, et on se repose beaucoup sur des idées, astuces et activités pour enrichir la vie de nos enfants et les épanouir au mieux...

L'injonction actuelle au bonheur en famille passe beaucoup par le temps de qualité passé auprès de ses enfants, alors on cherche à les accompagner tout le temps - au sens propre comme figuré.

Je ne doute pas que tout cela aille globalement dans le bon sens, évidemment. Mais la multitude d'informations dont nous disposons en tant que parents, via les guides ou via Internet, peut aussi finir par nous mettre beaucoup de pression...

Une pression que l'on reporte sans doute, inconsciemment, sur nos enfants, en leur préparant le terrain constamment, et en les couvant peut-être parfois un peu trop.

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A vrai dire, je ne me fais pourtant pas tant de souci que ça, du moins, pas pour mes filles.

J'imagine que leur part de liberté se manifestera autrement, peut-être par leurs souvenirs de vacances ou de balades, par les moments passés chez leurs grands-parents, ou même par une expression artistique, je ne sais pas...

Elle trouvera sûrement un moyen différent de s'exprimer - ce ne sera juste pas forcément par l'éducation que nous leur donnons aujourd'hui au quotidien.

Et puis leur liberté prendra probablement le temps d'éclore, alors qu'elles grandiront - car elles sont bien petites encore, et je lâcherai sans doute petit à petit la bride ...

Et puis au fond, c'est peut être aussi juste que mon point de vue a changé.

Maintenant que je suis de l'autre côté du miroir, j'ai une conscience accrue des risques. Me focaliser sur ceux-ci m'empêche peut-être de voir la part de liberté et l'insouciance, que les enfants savent, eux, encore saisir pleinement...

Notre génération a fait le choix de privilégier un savoir théorique, à l'instinct, à l'expérimentation et au lâcher-prise auxquels nos parents donnaient sans doute plus de poids. Est-ce un mal pour un bien?

Il est encore trop tôt pour en mesurer l'impact... J'espère juste que nos enfants n'y perdront pas la part de liberté sur laquelle nous avons pu compter.

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Publié dans Vie de famille

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Commenter cet article

C
joli moment de lecture, merci, qui m'a permis de replonger dans mes souvenirs, à la ferme de mes grands parents ou, avec mes cousins et cousines, on évoluait insouciants des dangers et libres parmi les animaux de la ferme . Aucune surveillance, aucun adulte, juste la liberté d être . Et sans encadrement, tout est permis... :)
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P
Avec le recul c'est quand-même une super chance qu'on a eue!
B
J'avoue que ton article me laisse perplexe parce que je n'ai pas connu tout ça. Je suis pourtant née dans les année 90, toute la technologie qui distrait les enfants aujourd'hui n'était pas aussi répandu. Mais, mes sœurs et moi n'avions pas le droit de sortir seul. Même en grandissant. J'ai certes grandis en région parisienne, mais quand j'entends mes amis me raconter leurs enfances, leurs copains, leurs petites bêtises. Je me rends compte que je n'ai rien connu de tout ça. Nous avions tout les jouets que nous voulions dans nos chambres mais nous ne sortions jamais jouer dehors quasiment et encore moins seules. Aujourd'hui je ne sais pas encore si je regrette ou pas cette enfance sans les copain qui viennent me chercher à la porte pour jouer. Mais j'ai tout de même l'impression d'avoir rater quelque chose. Des bisous
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P
C'est vrai que c'est peut être une chance que j'ai eu, sans le réaliser... Je crois que le facteur "ville" (ou en tout cas région très peuplée) joue beaucoup, car pour le coup autant nous avions le droit d'aller nous balader jeunes dans le côté "champs", autant nous n'avions pas autant de liberté accordée du côté ville... En tout cas je crois qu'on peut trouver sa propre liberté par d'autres moyens, et ça a été ton cas certainement!
L
Coucou, je trouve que notre temps était en effet différent de celui d'aujourd'hui. Le week-end dernier, nous regardions des vidéos de nous enfants (moi, bébé) et ma belle-soeur regardait mes parents "mais vous le laissiez jouer comme ça avec sa petite soeur? C'est dangereux!" Non ce n'est pas dangereux, j'étais juste moins cocoonée que nous le faisons aujourd'hui. Et ça, je m'en porte bien! J'ai d'excellents souvenirs.<br /> Quand je vois mon neveu qui passe une semaine à la neige et qui au bout de trois jours dit à son grand-père qui l'a amené en vacances "tu sais papi, il me tarde de rentrer chez moi pour retrouver mon portable", moi ça me rend malade. Où sont passées les batailles de boules de neige? Les crises parce qu'on veut rester sur nos skis et pas rentrer manger?<br /> C'est vraiment dommage tout ça mais je pense qu'ils le vivent bien et qu'ils auront leurs propres souvenirs :-)
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P
Clairement, beaucoup de choses ont changé, sur le plan sociétal comme au niveau de notre environnement de vie... Mais la part de liberté restera toujours- je crois que c'est justement le propre de l'enfance, seulement ce sera sous une forme certainement différente!
G
"Il est encore trop tôt" et c'est tout à fait ce que je pense.<br /> La mouvance de cette éducation montessori **ses bienfaits indéniables et ses dérives également** n'existe pas dans le monde de la pré adolescence et plus, voir même un peu avant. Ses principes s'appliquent énormément à la petite enfance. Quand je vois Pilou1 a seulement 8 ans, il n'est déjà plus trop réceptif à tout ça ;)<br /> Il y a toujours un retour parce que la vie est un équilibre personnelle. Enfin pour ma part hen ! ;) Mes grands-parents ont fait différemment de mes parents qui ont fait différemment de nous et dont nos Pilous feront encore autrement ♡ Toujours par amour je l'espère en tous cas ♡<br /> Nous habitons en zone rurale oublié. Pilou1 est déjà en âge de partir toute l'après midi en vélo avec ses copains... je me fais violence pour le laisser. Et je croise simplement les doigts pour qu'à 18h00 la porte s'ouvre avec son sourire derrière ;) Ils ont aussi leur ruisseau, leur cabane, leurs vélos, leurs cailloux, leurs bâtons et leurs bêtises...<br /> Et la transition quand on part en ville est toujours délicate ;) ;) ;) ne pas hurler dans la rue car des gens vivent à 30 cm, ne pas courir dans tous les sens à cause des voitures, les dangers de la route, du monde... bref d'autres problématiques dans l'autre sens.<br /> <br /> Ils auront tous leurs beaux souvenirs d'enfance ♡♡♡ et construiront leur propre chemin. Sur un début de fondation mais leur propre chemin quand même ;)
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P
Je pense que le facteur contextuel joue beaucoup, ici nous sommes en ville, avec la foule et la circulation que ça représente, mais quand je suis à la campagne je suis déjà beaucoup plus permissive et détendue... Comme tu le conclues je reste persuadée que ce sentiment de liberté est propre à l'enfance, quelque soit la manière dont elle se déroule en fait, chacun trouve sa part d'insouciance à sa propre manière!
A
Avec des yeux d'enfants on voit les choses différemment. Mes ados ont l'impression d'avoir fait plein de choses folles plus jeunes alors que ce n'était pas si exceptionnel. Les souvenirs rendent tout plus joli. <br /> Des parents qui laissent encore beaucoup de liberté à leurs enfants, il y en a. Tous les parents ne sont pas surprotecteurs
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P
Oui, certainement, j'ai peut être une vision idéalisée des choses, et le contexte était grandement différent. Bien sûr qu'il reste des parents qui offrent de la liberté à leurs enfants, c'est aussi mon cas, quand les conditions le permettent, je trouve ça important! Je crois qu'il s'agit tout de même d'une tendance sociétale actuelle, de parfois surcouver nos enfants. Mais ça n'empêchera pas à mon avis à nos petits de développer cette part d'insouciance qui est le propre de l'enfance.
C
Ton article résonne beaucoup en moi. Nous parlons régulièrement de la possibilité de quitter le bout du monde pour retourner dans une grande agglomération. L'une des choses qui me freinent le plus est la liberté dont jouissent mes enfants ici. <br /> Je crois que la vie en Ville (avec le grand V des grandes villes, à la taille des pb de sécurité qui se posent) est bien plus contrainte que celle d'une métropole maritime de taille moyenne. <br /> Je crois aussi que les parents d'aujourd'hui subissent beaucoup de pressions et d'injonction. Qu'ils ont aussi tendance à penser que si l'enfant tombe de vélo, c'est de leur faute (ils l'ont laissé aller sur ce terrain, il n'était pas prêt pour qu'on retire les petites roues, etc). <br /> J'ignore ce que sera la génération qu'on élève. je pense qu'elle sera très hétéroclite. Mais, en effet, en attendant nous essayons d'offrir un peu de cette liberté dont tu parles si bien.
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P
Oui, je pense que le facteur contextuel a un gros impact, rien que la circulation, la foule, c'est extrêmement différent dans une grande ville. j'ai confiance en nos enfants pour trouver cette part de liberté qui reste propre à l'enfance, quels que soient ses caractéristiques... mais c'est sûr que ce sera d'une façon différente de la mienne, en tout cas!
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Très bel article, très nuancé ! Moi aussi, j'ai grandi dans un petit village, à la campagne. Je pense aussi que mes parents nous laissaient davantage de liberté, parce que, dans mon cas, nous étions dans un petit village de 300 habitants et tout le monde savait de qui nous étions les parents. Nous savions quand même que nous ne devions pas aller chez le voisin d'en face parce qu'il donnait de la gnôle aux enfants et avait des gestes déplacés. <br /> En Allemagne, l'autonomie est une valeur éducative fondamentale, les enfants commencent souvent à aller seul à l'école dès le CP. Quand mon mari (allemand) m'en a parlé, j'ai sauté au plafond. Notre aîné est en CE1 et on l'accompagne encore à l'école même si elle n'est pas loin mais pour moi, il n'est pas encore assez grand physiquement et assez mûr pour faire le trajet seul. On en reparlera quand il sera en CE2...
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P
J'avoue que même si l'école est au bout de ma rue, je ne laisserai pas encore ma fille y aller seule! Pourtant je sais qu'elle pourrait le faire s'il le fallait, mais ça ne me parait pas justifié pour le moment. Après, le sentiment de liberté qu'on a enfants ne tient pas forcément dans l'autonomie réelle qu'on a, c'est plus sans doute un ressenti, une façon de vivre la situation! En tout cas je fais confiance à nos enfants pour trouver leur part de liberté, quels que soit les changements sociétaux ou contextuels qu'il y a eu depuis notre propre enfance!
L
Oui bien sûr, il y a une question d'époque mais pas que ! Quand j'étais enfant dans le village de montagne où je passais mes vacances, nous étions plusieurs petits citadins à nous retrouver et il y avait clairement 2 groupes, ceux qui étaient tout le temps dehors, par monts et par vaux, revenaient les genoux écorchés et les habits pas très propres, ivres d'aventures dans la nature et ceux qui n'avaient pas bougé du village, souvent devant la télé, parce que comme ça ils ne se blessaient pas et ne se salissaient pas. Ces enfants-là n'étaient pas plus malheureux que "notre club des aventuriers" par contre, nous n'avons absolument pas les mêmes souvenirs de cet endroit ! :-)
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P
Oui, j'ai bénéficié de beaucoup de liberté dans mon enfance - mais encore, à des moments précis, pas forcément tout le temps! - alors que d'autres n'auront déjà pas forcément gardé ce souvenir là. Je crois que ce sentiment de liberté est propre à l'enfance, il existe toujours mais de façon différente selon les époques, le contexte, l'âge, les caractères de chacun... Je note cette tendance sociétale à la "surprotection", qui s'ajoute à tous les changements qu'il y a eu depuis notre enfance. Mieux, moins bien, je n'en sais rien, c'est différent et ça n'empêchera pas forcément nos enfants de trouver leurs propres souvenirs de liberté! J'ai confiance en eux en tout cas.
W
C'est une question que je me pose souvent, surtout vis à vis de mes souvenirs de notre maison de vacances dans un bourg provençal au milieu des vignes où mes parents vont passé leur retraite ... est-ce que j'arriverai à leur laisser autant de liberté quand ils auront 8/10 ans ? <br /> Mais finalement, quand je vois la "liberté" que je peux déjà leur laisser sur le chemin de l'école à 3/4 ans (presque 200/300m devant moi ????), je me dit que le moment venu, ce ne sera peut-être pas IDENTIQUE, mais ils sauront bénéficier de la liberté dont ils auront besoin ????<br /> Moi même, j'ai habité quelques années dans une maison dont la configuration limitait franchement la liberté d'escapade ????
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P
très joli article, et puis il me semble bien reconnaître le coin que tu montres en photo ;-p<br /> Comme toi, enfant je partais dans les bois et les vignes seule, quand j'y pense... Jamais je ne laisserais ma fille ou mes fils aller se balader seuls dans la nature. C'est vrai qu'on était plus libres sur certains aspects, mais plus contrôlés sur d'autres. J'essaye de ne pas virer parano, mais j'ai une bonne nouvelle pour toi : je me rends compte que plus ma fille grandit, plus je me relaxe car je me rends compte que je peux lui faire confiance. A l'âge des tiennes, j'étais hyper stressée. Comme quoi, on se fait à tout !
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P
Merci! Oui, peut être as-tu déjà foulé les bords de cette petite rivière auvergnate, maintenant largement aménagés! Comme toi je ne vire pas parano, il me semble constater une certaine tendance sociétale, au delà d'un simple changement d'époque et de contexte qui déjà change la donne. Je ne me fais pas de souci, je crois que ce sentiment de liberté est le propre de l'enfance, on arrive à le développer quoi qu'il en soit à mon avis, d'une manière ou d'une autre, pas forcément de celle que nous avons eue nous-même. Je pense aussi qu'il y a une part de contexte (la grande ville est quand même moins sécurisante!) et d'âge (elles sont encore petites!), rien n'est inscrit dans le marbre!
M
J'aime beaucoup ton article, même si j'ai été bien moins libre que toi dans mes jeux (et pourtant, je vivais à la campagne), il m'est arrivé aussi de ressentir ce décalage. Je pense qu'il tient à plusieurs choses: nos parents fonctionnaient effectivement davantage à l'instinct: pas internet pour pouvoir se sur-informer et surtout se comparer. Ils avaient aussi moins conscience des véritables dangers: j'en ai parlé récemment avec mes parents, ils me disaient que comme les affaires de pédophilie étaient moins médiatisées, ils voyaient moins le danger partout. On avait moins conscience aussi à l'époque que l'ennemi pouvait être le voisin du coin...Bref, je pense que c'est notre vision du monde qui a changé. Une certaine désinvolture qui s'est envolée. Moins de confiance en l'avenir, en la vie, c'est certain. Je ne sais pas s'il faut le regretter. On s'adapte aux circonstances, à la société qui évolue.
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P
Je pense qu'il y avait dans notre enfance une certaine désinvolture générale qui n'a plus court aujourd'hui, mais au delà de ça il y a des éléments qui diffèrent de ce qu'était mon enfance...Tout cela est forcément un mélange entre l'époque, le contexte, le caractère des enfants et parents... De la même manière que nous n'avons déjà pas nous mêmes le même souvenir de notre enfance, nos enfants fabriquent chacun à leur manière la part de liberté qui reste propre à l'enfance. Je ne me fais pas tellement de soucis pour mes filles, mais je note tout de même cette tendance sociétale à plus surprotéger nos enfants que dans le passé (en tout cas dans mon ressenti). Mieux, moins bien, je ne saurais pas le déterminer de façon définitive, mais c'est différent, c'est sûr!
V
Pour commencer, super beau texte Marie ! La description de ton enfance m'a saisie et ma replongée dans les aventures de la mienne ! Je me pose les mêmes questions, bien que pour l'instant mes loulous soient trop petits pour que je puisse comparer. Mais effectivement, à être trop dans la recherche de "l'éducation parfaite" je me demande si parfois on ne les empêche pas d'être juste des enfants... Difficile de savoir ou placer le curseur entre trop d'encadrement, trop de stimulation, trop d'injonctions à développer leur créativité, trop de matériel... alors que comme tu le dis un bâton et un jardin nous suffisaient amplement la plupart du temps ^^. Alalala encore une nouvelle source de questionnement pour les parents qui devraient peut être simplement arrêter de s'en poser ;-)
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P
Pour commencer, merci beaucoup! Je crois que le fait que nous vivions aujourd'hui en grandes villes, et que nos enfants restent encore bien petits, joue quand même beaucoup. Ma réflexion est au final plus générale, car j'ai assez confiance dans mes filles et dans l'éducation que je leur donne, pour ne pas douter qu'elles développent d'elles mêmes leur propre forme de liberté...
E
Je pense en effet qu'Internet et l'omniprésence de l'info ont beaucoup contribué à enlever cet état d'insouciance...déjà quand j'étais petite j'entendais ma mère dire "quand je pense que quand j'étais petite on faisait ça et ça, maintenant c'est impossible". on a beaucoup plus peur parce qu'on entend les choses mais ce n'est pas parce qu'on avait moins accès à l'information que ça n'existait pas...je me souviens de plusieurs viols et rapts dans mon département, ça passait à la télé, ça faisait peur, mais il n'y avait pas 10.000 posts sur le net. Ma meilleure amie était hyper libre, ses parents lui laissaient faire plein de trucs, j'étais jalouse...mais n'empêche qu'elle a bien failli y passer 2 fois dans des circonstances différentes à chaque fois. donc d'un côté c'est évidemment super triste, et de l'autre je pense que c'est tout à fait normal. A nous aussi de faire le max pour retrouver ces sensations au moins le temps d'une journée, parce que ça nous fait aussi du bien à nous.
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P
Je pense qu'il y a maintenant une conjonction de différents éléments qui nous amènent à envisager la liberté de notre enfance comme quelque chose d'impossible aujourd'hui. Pourtant je reste persuadé qu'elle est toujours là mais sur une forme légèrement différente, plus adaptée à l'époque actuelle... à nous de savoir la déceler et aider nos enfants à la trouver et à l'entretenir de leur propre manière.
D
Ton article m'interpelle... ce sont des questions que je me pose souvent.<br /> Multiplier les activités "encadrées", "stimulantes" ne serait-ce pas une façon de nous rassurer nous en tant que parents sur nos facultés, de répondre à cette pression ambiante, ou encore d'avoir la sensation de "maîtriser" le danger ? Un danger qui a toujours existé et pourtant... les choses ont tellement changé. <br /> Je pense que comme dans beaucoup de domaine, tout est une question d'équilibre, ce fameux équilibre pas toujours évident à déterminer.
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P
Exactement - comme toujours il faut veiller à conserver un équilibre, entre être là pour accompagner, et être trop présent pour tout contrôler. Il faut arriver à faire confiance tant à nos enfants qu'en le monde actuel pour laisser des possibilités de liberté, même si elles sont différentes de celles que nous avions enfants...
W
Effectivement je pense que la grosse pression sur les parents qui se doivent d'être "parfaits" se répercutent sur nos enfants. Non seulement on peut se sentir jugée par les personnes qui nous entourent dans le monde réel (inconnus compris) mais maintenant aussi par notre environnement "virtuel".<br /> <br /> Le sentiment d'insécurité a largement progressé ces dernières années et forcément ce n'est pas sans conséquence sur notre manière de voir l'éducation. <br /> <br /> Par contre ce qui me met des frissons dans le dos ce sont toutes ces applis de géolocalisation des enfants.
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P
C'est je crois une tendance sociétale actuelle, de vouloir - même inconsciemment - contrôler et diriger la vie de nos enfants pour leur éviter déconvenues ou potentiels traumatismes. C'est bien, évidemment, mais c'est comme pour tout il faut que ça reste dans un certain équilibre, sans devenir étouffant ou contre-productif. Dans l'absolu, je n'ai pas trop peur car je crois qu'on sait aussi leur faire confiance, et que leur monde, même s'il est différent du notre, leur permet aussi d'acquérir une certaine liberté propre à l'enfance, quelque soit l'époque. Mais je reste aussi vigilante à ne pas trop en faire non plus, comme tu le soulignes je crois qu'on va parfois trop loin dans l'idée d'accompagner nos enfants, il faut aussi accepter de ne pas pouvoir toujours tout contrôler, sans que ce soit toujours dommageable...
C
J'ai lu hier une citation qui fait écho à ton article qui m'a beaucoup parlé... Ca disait (plus ou moins, je ne me rappelle plus exactement) : "on ne peut pas éduquer nos enfants comme nos parents nous ont éduqué car le monde dans lequel on a grandi n'existe plus"... Ca fait réfléchir. <br /> Mais c'est sur, on a eu certainement plus de libertés que nos enfants en auront et nos parents encore plus que nous. Je pense cependant que les enfants ont toujours des endroits, des moments où leur liberté est pleine et que cela restera gravé en eux et feront leurs propres souvenirs.
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P
Exactement, au final je ne m'en fais pas car même s'ils n'ont pas exactement ce que nous avons eu nous-mêmes enfants, ils sauront avoir leur propre liberté. On ne peut pas reproduire ce que l'on a eu nous-mêmes, ce serait illusoire, et sans doute trop rétrograde. Mais on peut faire confiance à nos enfants, pour leur laisser trouver la voie vers leur propre liberté, et les y accompagner de loin!
A
Les lieux de notre enfances... Par chez moi aussi ils ont changé, cene sont plus des champs à perte de vue, mais des litissements à perte de vue coupés par une grande dangereuse. <br /> On ne peut pas comparer notre enfance et celle de nos enfants. Tellement de choses ont changé, de même notre mide de vie n'est pas celui de nos parents. Comparer, être nostalgique et parfois avoir quelques regrets c'est douloureux.<br /> J'aime penser que mes filles ayront autant d'imagination que moi pour se créer elles-mêmes des aventures. Ma grande le fait déjà à merveille. À nous de les laisser créer et découvrir par eux même. Ils n'ont pas besoins de grand chise pour partir pour la grande aventure, un baton un bout de tissu et le tour est joué, à eux le plus grand des voyages. <br /> Ce qui pourrait entraver leur liberte d'enfant, c'est que nous adulte dans la mouvence actuelle nous les solicitons trop pour tout, poyr que jamais ils ne s'ennuient. Mais avec l'ennuie vient l'imagination, la réflexion. Alors je n'ai ps honte de le dire, je joue avec mes filles, on lit des livres, on va se promener, on fait tout un tas de chose, mais je les laisse aussi se débrouiller, s'ennuyer et se raconter des histoires qui viennent de nulle part. Et là je prends un plaisir fou à les observer.
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P
Oui, je crois que c'est l'une des clés, leur faire confiance et leur laisser prendre eux même la direction de leur propre part de liberté. Ca me semble très important, et à ne pas perdre de vue à l'époque actuelle où on essaye finalement tellement de cadrer leurs existences, au moins dans le plus jeune âge...