Réussir son retour au travail après une pause parentale

Je me réjouis chaque jour de ma nouvelle vie professionnelle : ce fût long, pas toujours évident, mais je pense avoir réussi mon retour à l'emploi, après une longue pause parentale.

Après près de 15 ans en tant que cadre dans un secteur assez stressant, je suis tellement contente d'avoir réussi à trouver une nouvelle orientation qui soit plus en ligne avec la priorité que j'ai placée dans ma vie de famille!

Je remercie chaque jour ma bonne étoile pour cela - sans toutefois oublier tout le cheminement qui m'a amenée jusque là, et toute l'introspection et la persévérance qui ont été les miennes pour enfin trouver enfin chaussure à mon pied.

Car si je suis chanceuse, et qu'il faut bien admettre que les éléments étaient de mon côté, je crois quand même que je n'ai pas démérité. Si j'ai aujourd'hui renoué avec une vie professionnelle qui m'épanouit, c'est grâce à un travail de longue haleine qui, pierre après pierre, m'a élevée jusqu'ici.

Il m'a fallu me poser, réfléchir à qui j'étais, définir où se situaient mes priorités, opérer une recherche (très) ciblée, mettre en valeur mes compétences, convaincre de ma légitimité, faire preuve de ténacité....

Avant même de trouver un travail, mine de rien, ça en fait, du travail^^!

C'est une démarche globale et approfondie, qui ne se fait pas en un claquement de doigts. Surtout lorsque la maternité a changé tout notre rapport au travail!

On se pose quand même bien moins de questions, avant d'être maman... Je me rappelle encore de mes premières recherches d'emploi, où je postulais à tout va, avec une énergie, des contraintes et des aspirations bien différentes de maintenant!

Pour reprendre contact avec le monde professionnel, après un dernier congé parental qui a duré près de 2 ans, j'ai dû cette fois tout reprendre de zéro, et composer avec mon environnement.

Car au delà de mes propres envies professionnelles, qui ont clairement évolué après 3 enfants, je ne peux plus non plus occulter les contraintes quotidiennes qui sont devenues les miennes. Tant sur le plan logistique que psychologique, être maman a tout changé dans ma recherche d'emploi!

Après une telle remise en cause de ses valeurs et de ses possibilités, bien négocier son retour à l'emploi après une longue pause n'est vraiment pas aisé - même quand on y est prêtes.

Avoir envie de reprendre le travail, et accepter de laisser pour cela ses enfants est d'ailleurs un point fondamental dans la réussite d'un retour à l'emploi.

Bien sûr, ça reste assez incontrôlable car on a parfois pas le choix, pour des raisons financières ou organisationnelles... Mais dans tous les cas, il faut se laisser le temps d'opérer une transition psychologique jusqu'à se sentir à l'aise avec l'idée de sa reprise.

Pour nos enfants, qui ressentiront forcément nos sentiments et pourraient s'en sentir affectés ; pour notre futur employeur, aussi, qui ne manquerait pas de percevoir notre appréhension ou notre démotivation ; et pour nous-mêmes, avant tout, car y aller à contre-courant ne permettra jamais notre épanouissement.

Bon gré mal gré, il faut se concentrer sur tout le positif que nous apporter un retour au travail : les sous - bien sûr! - mais aussi la stimulation intellectuelle, l'intégration, la reprise de relations interpersonnelles, le sentiment de valorisation sociale, la découverte de nouveaux horizons, de nouveaux défis...

Si tout ça ne suffit pas à nous convaincre, et qu'on a une boule au ventre rien qu'à l'idée de se lancer, c'est peut-être qu'il est encore trop tôt dans notre cheminement intérieur. Quand on en a la possibilité, c'est alors mieux d'attendre encore un peu d'être plus rassurée, ou plus motivée...

Qu'on y soit prête ou pas encore complètement, revenir au monde du travail après des mois, voire des années d'arrêt, peut dans tous les cas faire peur, et décourager.

Notre rôle de maman bouscule tellement notre rapport au travail... On peut se sentir déconnectées et dévalorisées.

Pourtant ce nouveau statut présente plein d'avantages dans la plupart des métiers! Même si ce n'est malheureusement pas le message véhiculé par la société...

Et c'est bien dommage, car c'est en général le premier point qui peut nous bloquer : avoir l'impression d'être maintenant trop larguée, et de ne plus présenter d'intérêt pour des recruteurs avides de productivité.

Mon premier conseil, lorsqu'on veut réussir son retour au travail après une pause parentale, est d'arriver à se détacher de ces clichés, et d'assumer fièrement son parcours et les choix qu'on a faits.

C'est normal, et légitime, de s'arrêter un temps de travailler! Nos enfants en bas âges ont besoin de nous pour s'éveiller, et il n'y aura jamais à regretter d'avoir pris ce temps pour eux...

Ce n'est pas une tare, encore moins une épine dans le pied : car quand on revient sur le "marché", c'est en général motivées, et armées de nouvelles compétences et responsabilités. Des "soft skills" sacrément utiles pour la plupart des postes qu'on va briguer.

Car s'occuper d'un enfant est un travail en soi... et nous apporte mille qualités que l'on pourra ensuite exploiter, sous des formes différentes, dans le cadre des activités qui nous seront confiées.

L'adaptabilité, l'organisation et l'anticipation, la concentration, la résistance à la pression, la patience, la réactivité et la débrouillardise, la gestion de crises, la négociation... Forcément, en tant que mamans, ça nous parle! Je suis sûre que vous avez même d'autres attraits à ajouter à cette liste.... Et c'est justement pile ce qu'on exige des postes à responsabilités, et que les recruteurs ont du mal à trouver!

Alors c'est justement ce qu'il faut mettre en valeur dans votre profil, au delà des lignes de votre CV. Vous ne vous limitez pas à votre formation initiale et à vos expériences passées!

Prenez conscience de votre valeur, et ayez confiance dans vos possibilités. Vous saurez d'autant mieux convaincre que vos prétendues "faiblesses" sont en fait des qualités!

C'est sans doute vrai, qu'en tant que mamans, on est moins dispos pour des heures sup à gogo... Mais le travail devient pour nous un espace personnel, qui vient combler parfois un besoin de nous retrouver en tant qu'adulte et pas seulement que mère : alors au boulot, on se donne à fond, et souvent de manière bien plus ordonnée.

C'est juste un changement dans le paradigme de la productivité, qui ne tient pas dans le temps de présence, mais dans l'intention et le sens qu'on sait lui donner.

Beaucoup d'employeurs gagneraient à s'en persuader! Et à l'encourager, en nous offrant un peu plus de flexibilité. Ils auraient même beaucoup à y gagner - et ils sont d'ailleurs enfin de plus en plus nombreux à le réaliser.

Mais tant que ce n'est pas encore un système généralisé, on ne peut pas occulter qu'en tant que mères, on a souvent plus de contraintes à prendre en compte dans notre organisation professionnelle. Chercher les enfants à la crèche ou à l'école, être disponibles au pied levé en cas de maladies ou de grèves...

N'oublions pas pourtant que la plupart du temps, il y a quand même aussi des papas qui peuvent s'y coller! Et nous sommes tout aussi capables qu'eux de nous organiser et de nous adapter, en décalant ou en récupérant des heures, en télétravaillant... Ce n'est donc en rien un critère de taille à nous discréditer.

En revanche, c'est un point qu'il est important d'anticiper : si ces contraintes prennent un poids majeur dans votre organisation familiale, mieux vaut les assumer directement.

En partant sur une recherche ciblée qui tiendra compte de ces critères, vos options seront certes plus limitées, et votre réussite peut-être plus longue et difficile...

Mais à la clé, un poste qui vous correspondra vraiment, et pour lequel vous serez du coup bien plus motivée! C'était l'un des gros défis de ma propre recherche : si je souhaitais reprendre une vie professionnelle, ce n'était pas au détriment de ma vie de famille, qui m'imposait certains choix.

Sur les horaires, car je devais être au portail de l'école à 18h maxi ; la localisation, pour la même raison, et car je souhaitais un accès par les transports en commun ; la volonté d'un temps partiel, pour garder du temps pour mes enfants et mes projets entrepreneuriaux ; et bien sûr, le type de tâches dont je souhaitais avoir la charge, à la fois stimulantes et pas trop prenantes.

Se rajoutait aussi, dans mon cas, le délai nécessaire pour trouver un mode de garde pour ma petite dernière : je ne pouvais donc pas assurer d'être immédiatement disponible.

Tout mis bout à bout, et sans parler du salaire, qui a quand même son importance, ça devenait un sacré sac de nœuds! Mon idéal (que j'ai fini par trouver à force de ténacité!) était de concilier tous ces paramètres ; mais j'avais déterminé un ordre de priorité, pour ouvrir petit à petit le champ au fur et à mesure du temps.

Y avoir autant réfléchi en amont a sans doute ralenti le rythme de ma recherche...

...Mais ça m'a aussi permis de cibler exactement ce qui me convenait, et d'être en adéquation avec les postes auxquels je postulais. Les clés d'une meilleure efficacité!

Cette adaptabilité est d'ailleurs un indispensable, selon moi, pour une recherche couronnée de succès.

Plutôt que d'avoir un CV, par exemple, mieux vaut prévoir d'en avoir plusieurs! Chaque version mettant en avant telle ou telle de ses expériences ou qualités, pour s'ajuster au mieux à ce qui correspondra aux attendus du poste que l'on vise.

En ciblant ainsi mieux son profil, il devient plus facile de se "vendre" et de convaincre en entretien d'embauche! Ainsi je n'ai pas hésité pour ma part à mettre en avant mon parcours, y compris les acquis de ma pause parentale, et mes souhaits quand à mon futur poste et ses composantes.

Savoir ce qu'on veut augmente quand même ses chances de l'obtenir! Mais sans rester complétement bloquée pour autant sur un modèle idéalisé, bien sûr... Il faut aussi garder de la souplesse quant à certains critères sur lesquels transiger, pour parvenir à un terrain d'entente qui permette, à soi comme à l'entreprise, de trouver chaussure à son pied.

Évidemment, tout ça reste quand même très théorique - car la réalité du marché de l'emploi et les clichés qui ont encore la peau dure chez les employeurs sont parfois durs à affronter... On a pas toutes la chance que j'ai eue de pouvoir me montrer si sélective et patiente. 

Mais je crois qu'une des clés pour trouver son poste idéal tient quand même dans une recherche volontaire, ciblée et assumée, qui va dans le sens que l'on veut se donner.

Et je suis la preuve même qu'il est bien possible d'y arriver, et de gérer sereinement son retour à l'emploi après une longue pause professionnelle!

Cela passera sans doute par une vraie remise en question, et par des concessions ; et ça prendra du temps. Mais ça en vaut la peine, assurément! Reste que même quand on a trouvé, et qu'on est prête à y retourner, recommencer à travailler reste un sacré cap à passer.

Il faut se refaire une place, rattraper son potentiel retard sur les outils ou techniques utilisés, faire ses preuves quant à sa valeur et son efficacité...

C'est une position inconfortable, les premiers temps. Reprendre le fil d'une routine différente, changer son rythme, se séparer de ses enfants, se prendre en pleine face leurs réactions... C'est éprouvant. Même quand tout se passe bien, ce changement est fatiguant.

C'est tout à fait normal, et ça finira par se mettre en place, naturellement : mais en attendant, essayer d'anticiper et se préparer sera d'une grande aide pour que ça roule pour tout le monde.

Repérer son futur trajet, et même ses alternatives ; assurer le suivi de sa mutuelle, pour une continuité de ses frais de santé ;  bien s'entourer, se reposer sur des personnes de confiance, et oser au besoin demander des petits services, pour faciliter son organisation quotidienne ; et surtout, rester à l'écoute et communiquer avec ses proches et ses enfants, sur ce grand changement, et ce qu'il représente pour nous.

Toutes les conditions seront alors réunies pour qu'on puisse reprendre une vie professionnelle équilibrée, où notre maternité, loin d'être un frein, sera au contraire un moteur!