5 ans, comme un volcan
Il y a 5 ans, tu jouais la calme endormie, me laissant te choyer en moi jusqu'au bout du bout ; puis finalement, tu déboulais d'un coup, belle explosion de vie et de bonheur.
Tu l'avais décidé - cette fois, ça avait assez duré, il te fallait venir, tout de suite, peu importe qu'on ait ou non le temps de t'attendre. Déjà, tu n'en faisais qu'à ta tête, ma Bouclette... Et si tu me laissais quand même un peu sonnée, du fond de tes yeux ronds, déjà, tu te faisais tout pardonner.
5 ans plus tard, tu as gardé cette marque de fabrique - tu avances, tranquille, croyant que le monde devrait toujours tourner autour de toi, puis tu exploses d'un coup, de colère ou de joie, avant de toujours t'apaiser, une fois le feu passé.
Telle un petit volcan en sommeil - pas bien méchant, mais dont on sait qu'un jour il va finir par s'activer, sans prévenir toujours... Quand la pression devient trop forte, tu nous projettes tes sentiments avec force ; puis une fois l'explosion passée, tu laisses ta chaleur irradier, couler vers nous telle une douce lave qui terrasse tout sur son passage.
Car rien ne saurait y résister - une fois tes bombes retombées, et tes fumées noires envolées, ton ciel s'éclaircit, ta nature redevient calme, et d'un coup, tout est oublié - la vie finit par reprendre ses droits, laissant vite réapparaître ta joie. Jusqu'à la prochaine fois.
De vraies nuées ardentes, qui ne savent pas si bien cacher ta sensibilité et ton besoin d'être sans cesse rassurée.
Depuis quelques semaines, ton sismographe s'affole - on te sent vaciller alors que ton sol tremble, déséquilibré par l'arrivée de cette petite sœur qu'il te reste à apprivoiser.
Ce sont toutes tes fondations qui chancellent, tu bouillonnes à l'intérieur, il faut que ça sorte, par d'innocentes petites fumerolles ou de plus spectaculaires éruptions.
Alors en ce moment, tu râles sans arrêt, tu t'énerves pour un rien, tu deviens grognon, insolente, provocatrice - souvent même agressive. Il faut que ça pète - pour qu'on comprenne que tu es là, que tu fasses en sortes que l'on ne t'oublie pas. Plus que jamais, tu as besoin de t'affirmer.
Mais comment ne pas te pardonner tout ça? Pas facile de ne plus être la petite dernière, de devoir maintenant partager ton espace, et d'arriver à trouver ta nouvelle place, entre ce si petit bébé qui accapare mes bras, et cette grande sœur un peu imposante, qui sans le vouloir, te donne l'impression de se détourner de toi...
Tu as sans doute l'impression de passer de la fusion au froid. Tu savais porter toute l'attention sur toi - il te faut maintenant accepter de la partager, de devoir parfois t'effacer, d'apprendre à plus te débrouiller.
Tu t'y habitueras, je le sais, mais c'est encore nouveau pour toi...
Pourtant on ne t'oublie pas, rassure-toi - on ne risque pas. Et tu ne nous en laisserait pas le choix!
On veille à t'accompagner dans cette étape, à t'accorder le temps, la patience et l'amour que tu mérites, parce que ce n'est pas ta place dans la fratrie qui détermine l'attention que l'on te donne.
C'est juste toi, pour ce que tu es - parce que petite sœur ou pas, malgré ces 5 ans de grand, tu cherches sans arrêt à être dorlotée, portée, lovée. Dans mes bras, bien sûr, sur les épaules de ton papa si adoré, et sous les câlins de ta grande sœur si tendre. Tu t'arranges toujours pour avoir quelqu'un aux petits soins pour toi...
Et quand ça ne suffit pas, même seule, tu crées un monde autour de toi. Tu t'entoures de peluches, de doudous, et d'un troupeau entier d'amis imaginaires avec qui tu cavales dans la rue... A chacun d'eux, tu donnes des noms, basiques ou improbables, que tu n'oublies jamais - quelque part, dans ton monde, ils existent vraiment, te soutiennent, te font rire, t'émeuvent.
Pour autant, même si tu imprimes au monde ton propre mouvement, tu gardes les pieds sur terre...
Et mine de rien, par petites touches discrètes, tu grandis, sans qu'on ne le réalise forcément sur le coup.
Cette année, tu es dans une classe mixte, moyens et grands mélangés, et ça te réussit plutôt bien. Tu en profites pour grignoter un peu sur l'avenir, en essayant de prendre un peu d'avance sur les sujets qui t'intéressent.
Les chiffres, en premier lieu, que tu t'amuses depuis longtemps à dénombrer et à compter ; et maintenant aussi les lettres, que tu t'entraînes de plus en plus à reconnaître et à tracer.
Ta mémoire s'exerce, au fil des chansons que tu sembles retenir sans efforts, comptines d'école, tubes entendus à la radio ou de ton hymne, écouté tant de fois. Tes dessins deviennent aussi bien plus clairs, précis, cadrés...
...Pour autant que tu en aies envie, quand même - car si tu n'es pas motivée, tu ne feras pas toujours l'effort de t'appliquer!
Encore une fois, tu entends bien mener ton monde à la baguette, et n'en faire qu'à ta tête^^.
Mais ce qui se dégage avant tout de toi, c'est ta joie de vivre, ta lumière.
Tu virevoltes sur la vie, dansante et légère, créant éclaircies et tempêtes au fil de tes humeurs changeantes - mais tes nuages ne restent jamais bien longtemps, tant tes facéties éclairent tout.
Tes petites histoires pour faire rire ta sœur, ton entrain quand tu sautilles sur la pointe des pieds, ta gourmandise quand tu goûtes les plats en cuisine, ta petite moue pour te faire offrir du pain au marché (ta "tête de galette"), ton petit zozotement qui doucement s'en va... Même tes bouderies finissent toujours par nous arracher un sourire.
Tu fais des merveilles de tous ces petits riens - c'est une infinie machine à surprises, un vrai bonheur du quotidien.
Alors, malgré les séismes que tu traverses en ce moment, je sais que tu sauras vite t'apaiser, aller de l'avant pour faire revenir la douce chaleur du rayon de soleil que tu es.
Ton ciel semble d'ailleurs déjà se dégager - l'éruption est en train de passer, et te laissera un sol fertile à cultiver. J'ai hâte de voir tout ce que tu sauras y faire pousser!