C'est fini...
C'est fini, ça y est. Tu peux t'en aller, maintenant. Pour de bon.
J'ai eu beau m'accrocher à toi, laissant traîner et refusant peut être de voir la vérité en face, cette fois je crois que cette fois, on est au bout.
Je t'ai supporté vaillamment, bien longtemps... J'ai tout donné, tout fait pour te retenir, mais là je capitule, je baisse les armes et je te laisse partir.
C'est le moment, tu as fait ton temps, on doit passer à autre chose.
Je n'en pouvais plus de toutes tes crises sempiternelles, pour un oui, pour un non.
Quoi que je fasse, je devais faire face à tes refus perpétuels, à tes spectaculaires revirements...
Des raisonnements sans queue ni-têtes, auxquels tu t'accrochais trop souvent en pleurant, quelques soient mes arguments - j'avais toujours l'impression que tu ne m'écoutais pas, de toute façon. Comme parler à un mur...
A un moment, tu ne faisais plus que t'opposer systématiquement à tout ce que je proposais.
Quoi que je puisse dire, ça rentrait par une oreille pour aussitôt ressortir par l'autre.
Je ne supportais plus toutes ces excuses, plus abracadabrantes les unes que les autres, que tu avançais avec aplomb pour refuser de faire ce que je te demandais pourtant calmement.
Combien de fois, énervée, fatiguée, me suis-je surprise à crier après toi, te maudissant de tout mon cœur, puis regrettant mes mots parfois trop forts?
Tu m'as fait craquer si souvent... Même si la pression finissait par redescendre - car au fond je savais que tu finirais par t'en aller de toi-même. Tant de fois je me suis retenue d'exploser, dans l'espoir qu'après tout tu changerais, avec le temps qui passe.
J'en ai eu plus qu'assez de cette fatigue perpétuelle, de cet état de nerfs dans lequel tu m'as mise...
Tu jouais avec ma patience, m'usant chaque jour un peu plus.
Marre de tes risques inconsidérés chaque jour, et de cette inconscience totale qui était la tienne, au mépris de toutes ces terribles peurs que tu m'as fait ressentir tant de fois.
Marre de te rappeler sans cesses les règles, de t'expliquer encore et encore que ça ne peut pas marcher comme tu le crois et qu'on ne peut pas faire tout ce qu'on veut ; j'ai eu beau t'expliquer, tu n'écoutais rien.
Je me suis lassée de toujours tout faire pour toi, de te porter à bout de bras...
Il fallait tout choisir pour toi ; préparer tes vêtements ou cuisiner tous tes repas, même ça tu étais incapable de le faire. C'est vrai, avec le temps ça allait mieux, sur la fin tu t'améliorais, mais tu manquais tellement d'autonomie...
Et ça te passait complètement au dessus, tu n'en avais même pas conscience. Pourtant vois-tu, je me suis pas engagée pour nettoyer ton vomi ou te torcher toute ma vie. Je ne suis pas ton esclave!
Je ne pourrais pas toujours être là, il faut passer à l'étape supérieure. Ça ne serait pas te rendre service, de toute façon...
Maintenant tu vas devoir grandir un peu, te débrouiller par toi-même.
Toutes ces nuits d'insomnie que tu m'as fait passer, entre inquiétude et torture, m'ont vraiment usée...
Au début, je les ai acceptées sans rechigner, je me disais que c'était normal, vu tous les changements que tu vivais ; puis j'ai veillé bien des fois la nuit pour toi, quand tu étais malade ou que ça n'allait pas, en me disant que mon c'était mon rôle de te soutenir dans ces moments-là.
Mais nuits après nuit, ces réveils incessants que tu m'infligeais m'ont épuisée, j'ai fini par avoir l'impression que tu le faisais exprès, jusqu'à ce qu'enfin tu acceptes de me laisser tranquille...
Las, c'était pour mieux t'attaquer à mes journées, restant sans arrêt sur mon dos, me privant peu à peu de toute liberté, en m'empêchant de prendre du temps pour moi, dont j'avais pourtant cruellement besoin. Par moments, je ne m'en sortais plus.
Je ne supportais plus ton besoin d'aller sans arrêt voir ailleurs, de courir partout et d'expérimenter à tout va...
J'ai essayé tout ce que je pouvais pour te plaire et sans cesse t'occuper... J'ai multiplié les sorties, organisé bien des activités, mais ton temps d'attention est si court, tu m'envoies si vite balader...
Il te fallait sans arrêt de la nouveauté, tu ne tenais pas en place. Je ne pouvais pas m'en charger à 100%, tu avais tant de besoins... Alors j'ai dû ravaler ma jalousie, et me résoudre à te confier aux mains d'une vraie professionnelle, qui elle, saurait te satisfaire et t'aider.
Je me suis retenue maintes fois de pleurer, quand tu me narguais au matin, courant te réfugier en souriant dans les bras de cette autre que moi... Elle pouvait te couvrir de baisers et câlins tous les jours de la semaine, t'offrir de fabuleuses journées d'insouciance.
Tu avais besoin de voir ailleurs, de sortir de notre relation exclusive ; moi, je ne pouvais pas t'offrir autant qu'elle, pas à plein temps, même si je l'aurais bien voulu.
Tu sais, toutes ces années tu m'as tant mis la pression...
J'ai essayé d'imaginer le poids que chacun de mes mots influait sur toi, de saisir l'importance que prenaient mes gestes pour toi pour agir comme il faut, et de comprendre aussi à quel point chacune des étapes par lesquelles tu passais pouvait peser pour la suite.
Ça représente un tel poids! Qui ne se soulagera pas de sitôt, je crois. Tu m'as appris tant de choses, vraiment...
Sur toi, bien sûr, mais aussi sur moi-même, et je te serais éternellement reconnaissante pour ça. Tu m'as offert les plus merveilleux souvenirs, que je chérirais jusqu'à la fin de mes jours.
Mais voilà, cette fois, je crois que c'est fini. Je suis prête à tourner la page.
J'ai tout essayé, tant donné de moi, pour nous offrir, à toi comme à moi, le meilleur pour la suite.
Mais cette fois je dois accepter que tu t'en ailles, et aller de l'avant.
...Petite enfance, vas-t-en. Il est temps.
Laisses mes filles déployer leurs propres ailes maintenant!