Lecture : 'L'éducation approximative' d'Agnès Labbé
Autant le dire tout de suite, je suis plus habituée à chroniquer des romans que des guides parentaux. Et pour cause, car j'avoue que je n'en suis pas très friande...
Pour moi, l'éducation ne dépend pas d'une théorie X ou Y, et ne se trouve pas dans les livres : il s'agit avant tout d'un melting-pot personnel, issu de nos valeurs, notre expérience, notre environnement, notre caractère et aussi, de nos enfants eux-mêmes.
Je ne cherche pas à suivre une méthode précise pour élever mes enfants, je suis plutôt mon instinct, au jour le jour.
Autant dire que les guides parentaux, s'ils aident beaucoup de mamans, ne me parlent pas tellement, car je n'arrive jamais à m'y retrouver complètement.
Seulement, quand c'est l'auteur d'un de mes blogs préférés qui s'y colle, forcément, je m'y intéresse d'un peu plus près!
Vous m'avez sans doute déjà entendu parler de l'excellent blog d'Agnès, Quatre enfants, où elle relate les aventures de sa petite grande famille (4 enfants, donc - respect!) avec humour, décontraction et tendresse (et Chardonnay!).
Chacun de ses billets est une petite bouffée d'oxygène, comme une bonne copine qui partagerait ses astuces, sans filtres, avec néanmoins beaucoup de profondeur.
Chez Agnès, il y a quatre enfants débordants de vie, une maman qui travaille, de grandes victoires et des ratés, beaucoup de coquillettes, et surtout énormément d'amour.
Bref - la vraie vie en famille, et c'est justement ce qui me plaît!
Pas une vitrine où tout est parfait, mais un monde vibrant où l'on fait de son mieux, pour qu'enfants et parents trouvent ensemble le bon équilibre.
Exactement ce à quoi ressemble aussi la vie chez les Picous!
Alors, pour une fois, j'attendais avec impatience de lire son livre, sa méthode "d'éducation approximative", dont l'idée a germé au fil des articles de son blog.
Une méthode de bon sens, affranchie des diktats actuels de la mouvance bienveillante/positive, pour laisser la place aux approximations, aux contradictions parentales, et même aux erreurs, sans culpabilité.
Cette vision décomplexée de la parentalité, ébauchée dans son blog, elle l'a développée plus avant, en respectant ce qui fait son style, entre dérision et émotion.
Évidemment, j'ai adoré! Je me retrouve parfaitement dans sa vision des choses, parfois même à l'anecdote près.
Ce livre est un vrai bonheur, que j'ai dévoré page après page, entre exemples concrets, traits d'humour, jolis mots d'amour, et surtout, beaucoup de bienveillance - mais la vraie, celle qui porte autant sur les enfants, que sur les parents.
C'est d'ailleurs pour moi l'immense intérêt de ce guide : pour une fois, on ne place pas l'enfant au centre de tout, mais on prend aussi en compte les parents.
Des parents pas forcément parfaits, qui ne peuvent pas à chaque fois tout maîtriser ou tout réussir.
Mais qui sont quand même très bien comme ça.
Accepter qu'on a pas à être tout le temps parfait, et se l'entendre dire, ça fait un bien fou!
On a le droit d'aller parfois à la facilité pour certaines choses, sans transiger sur les valeurs qui nous semblent par contre essentielles.
On a le droit de se poser en adulte, celui qui impose son autorité, parce qu'il sait, et qu'il a une vision plus globale que ne peut l'avoir un enfant.
On a le droit de piocher à droite à gauche les idées qui nous parlent, sans forcément se référer à une étude ou un illustre spécialiste, ni se prendre la tête mille ans sur la meilleure façon de faire.
On a le droit de penser aussi à soi, à son avenir, à son couple, sans tout sacrifier à ses enfants.
Et surtout, on a le droit de se planter, sans traumatiser définitivement son enfant : au contraire, il se pourrait bien que montrer nos faiblesses leur ouvre la porte de notre humanité, et leur laisse à voir qu'eux non plus n'ont pas besoin d'être parfaits pour être aimés.
La méthode approximative n'est pas un rejet de la bienveillance, mais une vision plus flexible et décomplexante de la parentalité.
Elle offre un peu de recul, avec beaucoup de second degré, sur l'uniformisation actuelle des modes d'éducation, et sur la moralisation et la culpabilisation sous-jacente qui en émanent.
C'est un excellent rappel que la meilleure éducation qu'on peut donner à son enfant, c'est la sienne - celle avec laquelle on est en phase avec ses valeurs profondes, sans effet de mode ou de "bien-pensance".
Malgré les crises et les doutes, tant qu'on aime profondément ses enfants, qu'on le leur montre et qu'on fait de son mieux, élever ses enfants est un véritable bonheur.
J'ai donc eu beaucoup de plaisir à voir ainsi "légitimée" la façon, pourtant non réfléchie, dont j'élève jusqu'à présent mes enfants.
L'éducation approximative nous montre que l'essentiel, pour qu'enfants comme parents s'épanouissent, c'est de savoir se détendre un peu. Et par les temps qui courent... c'est assez salutaire.
{NB - En toute transparence, l'exemplaire que j'ai lu m'a été gracieusement offert par Agnès, que je remercie infiniment pour le geste et l'adorable dédicace. Notez toutefois que mon avis reste totalement sincère - j'aurais acheté son guide de toute façon! Et si vous voulez vous le procurer, il est disponible ici}