Comment répondre aux grandes questions de ses enfants?

Publié le par Picou

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J'étais un peu en manque d'inspiration, mais mes filles viennent de me servir l'inspiration sur un plateau, de la manière la plus improbable qui soit!

Papa Picou a beaucoup de boulot à boucler avant les vacances, alors il a encore terminé tard ce soir, me laissant manger seule avec nos minettes pour finir son dossier.

19h, me voilà donc sur le feu, à devoir en même temps faire manger Comète, mettre la table, et finir la cuisson des courgettes tout en faisant venir les grandes à table.

Au moment même où je trouve le temps de m'assoir enfin à table, et où je lève ma fourchette à la bouche dans l'espoir d'avaler tranquillement mon repas, BAM! - la question qui tue : "...dis, maman, en fait c'est quoi, la puberté?!"

Euhhh... ? Vraiment? Maintenant?! Et oui, maintenant!

Je crois qu'il y a une règle immuable pour ce genre de discussions de fond avec les enfants... Ça tombe TOUJOURS au moment le plus incongru, à celui qui t'arrange le moins, en tant que parent.

Comme pour LA révélation sur le Père Noël... ça avait été pareil chez nous : je m'étais absentée à peine 1h pour sa  réunion de rentrée, je rentrais tranquillement, et à peine j'avais passé le pas de la porte que ma Chouquette m'avait sauté dessus en pleurs : "Papa il m'a dit que le père Noël il existait paaaaaas! Et ni la petite souriiiiiis!!!!....".

Le pauvre n'avait fait que confirmer les doutes qu'elle avait exprimés (NB - à 7 ans... Elle était en âge de savoir ;o)!), et avait géré comme il le pouvait, un peu pris de court... J'avais alors pris le temps de revenir plus en détail avec elle sur le sujet, mais je ne m'attendais tellement pas à ce que ça arrive comme ça, sans préalable!

Tous les scénarios que j'avais imaginés pour ce grand moment tombaient à l'eau - et il m'avait fallu réagir, un peu à froid, du tac au tac. Pas si facile!

Les enfants n'ont pas la même façon de s'interroger que nous ; ils s'embarrassent peu du contexte.

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Quand ils ont quelque chose à demander, ils le font. Sexe, maladie, mort, amour, amitié, famille, société... tout peut y passer! Les sujets à approfondir ne manquent pas.

Bien sûr, tout comme nous, certains enfants vont parfois préférer attendre d'être au calme, de se sentir en sécurité, en mode confidence, pour aborder un sujet sur lequel ils sont un peu timides ; ou saisir une perche qu'on aura pris soin de leur tendre, lorsqu'on a remarqué qu'un sujet délicat les tracassait.

Mais la plupart du temps, ils ont cette façon tellement ingénue de se questionner, sans toujours réaliser l'ampleur du sujet, que ça tombe comme un cheveu sur la soupe.

Tiens, tant que j'y pense... et PAF! On a rien vu venir, et voilà un sujet majeur abordé entre une cuillère de purée, 2 bouts de courgettes et un fond de yaourt. Débrouille-toi avec ça!^^

Je crois que la meilleure manière de s'en sortir, alors, est juste de rester aussi naturel que possible.

Chacun sa façon de faire - et on ne fait d'ailleurs pas forcément comme on l'aurait voulu, quand on est pris par surprise! Mais je reste intimement persuadée que dans tous les cas, il faut dire la vérité à ses enfants.

Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas édulcorer, tourner les choses simplement et positivement, ni qu'il faut au contraire détailler à outrance  ; mais lorsqu'ils posent une question, les enfants attendent une vraie réponse, qu'on se doit de leur donner.

Sans paraître choqués, gênés, ou bien moqueurs, sans opposer de jugement, et en restant suffisamment neutres pour ne pas biaiser l'approche du sujet. On dédramatise ainsi d'emblée un sujet qui peut être délicat, et on désamorce un peu la difficulté, pour les enfants comme pour nous-mêmes.

Si on louvoie trop, qu'on élude, ou pire - qu'on rejette carrément leur question, on laisse passer le message que le sujet ne mérite pas d'être considéré, ou même qu'il est tabou - et on brise leur tentative de communication, avec le risque qu'ils n'osent ensuite plus exprimer leurs futures interrogations.

Il est donc essentiel d'accorder un temps d'écoute, et des éléments de réponse, à un enfant qui se questionne. 

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S'il aborde un thème "sensible", c'est qu'il est important pour lui, que ce soit par intérêt personnel, ou juste pour comprendre de quoi il s'agit.

Quel que soit le sujet, même s'il nous étonne ou nous met mal à l'aise, son besoin de se renseigner est légitime! Jusqu'à un certain âge, nous sommes pour nos enfants la référence première, la personne ressource vers laquelle ils se tournent en toute confiance.

En grandissant, le rôle s'inversera peut-être, une certaine réserve/défiance pouvant s'installer ; mais pour les premiers questionnements, il faut essayer d'être à la hauteur de leur besoin de savoir, même si on se retrouve un peu perdu le moment venu.

Si on se retrouve démuni face à une question, mieux vaut botter en touche : "c'est un sujet intéressant, mais il mériterait justement qu'on prenne un peu plus de temps un peu plus tard pour faire le tour de la question. Tu peux me le rappeler, qu'on en discute quand on sera plus tranquilles?".

Ou si l'on a peur de faire un impair, on peut essayer, avant de répondre, de jauger les connaissances et croyances de son enfant : "C'est intéressant, pourquoi tu parles de ça? Tu en penses quoi? Pour toi, ça veut dire quoi? A ton avis...?". On repart alors sur une base plus "stable" et plus précise, ce petit délai nous ayant aussi donné un peu de temps pour rassembler nos idées!

Et si vraiment on ne sait pas, on peut aussi l'admettre, humblement, et chercher ensemble des ressources extérieures.

Après, pour les explications... Chacun adapte selon ses propres valeurs, croyances et circonstances.

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L'essentiel est d'aborder le sujet avec sincérité, sans être ni trop vague, ni trop précis.

A 5, 6, 8 ans, on a pas besoin d'avoir un cours magistral! On aura d'autres occasions d'aborder un sujet complexe, pas besoin de tout dévoiler d'un coup...

Mieux vaut commencer par donner les grandes lignes directrices, en toute transparence et sincérité, pour que l'enfant obtienne l'information qu'il recherche et surtout, comprenne qu'on est prêt à la lui donner - et donc, qu'il pourra de nouveau poser les questions qui le taraudent, en toute confiance.

Il faut bien sûr adapter son discours à son enfant, que l'on connaît mieux que personne : selon son âge, son caractère, son environnement, et même selon le moment, l'information ne passera pas de la même manière!

Certains enfants sont avides de connaissances, et voudront connaître toujours plus de détails... Pas toujours facile alors de couper court, et de ne pas finir pas s'empêtrer dans ses réponses. Mais je crois qu'il faut savoir expliquer aussi, à un moment, qu'on a pas besoin de tout savoir quand on est enfant, et qu'on apprendra les choses sur le tas, au fur et à mesure, en plusieurs occasions.

Et puis, je crois qu'il ne faut pas avoir d'attentes trop précises vis-à-vis de sa réaction.

En l’occurrence, ce soir j'ai fini par expliquer les signes sexuels, les poils, les règles, les pénis et les vulves, toussa toussa, face à deux gloussettes qui ricanaient comme des bécasses en répétant tous ces mots nouveaux!

Pour Bouclette, 6 ans, tout ça restait bien trop abstrait, et encore bien loin de ses considérations. La question émanait plutôt de sa sœur, Chouquette, 8 ans, qui elle faisait "diversion" en rigolant - mais prêtait quand même l'air de rien une oreille attentive à ce que je racontais.

Aborder des grands sujets est sans doute aussi difficile pour nos enfants que pour nous, parents ; lorsqu'ils se lancent, c'est un moment fort, où beaucoup d'émotions entrent sans doute en jeu. Pour masquer leur gêne, ou tenter de maîtriser leurs sentiments, ils peuvent avoir une réaction inattendue, comme rire, faire semblant de ne pas écouter, s'opposer...

Attention alors à ne pas les prendre de haut, couper court abruptement, ou au contraire insister au-delà de ce qu'ils sont prêts à entendre. Si on voit que l'information ne passe plus, ou passe mal, on pourra toujours y revenir plus tard!

Mais au moins, ils auront retenu qu'ils peuvent nous poser des questions, et que quand ça a arrive, on leur prête une attention bienveillante et accompagnante.

Enfin, ça, c'est la belle théorie, hein... Parce que le moment venu, pris au dépourvu, on a pas toujours l'impression d'avoir bien géré! Pas de panique alors - soyons indulgents avec nous-mêmes : si on est restés sincères, il y a peu de chances qu'on se soit vraiment plantés^^... et on pourra toujours se rattraper.

Car une fois qu'on a ouvert la porte, ils sauront qu'en cas de besoin, ils pourront revenir toquer ;o)

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Publié dans Vie de famille

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S
A la lecture de cet article, je ne peux pas m'empêcher de penser au jour où j'avais laisser trainer le numéro de Causette "voyage en clitoridie". Un grand silence, des pages qui se tournent. Et ma fille d'à peine 3 ans qui me demande "Maman, elles font quoi les dames là ?" Euh... Ah. Je n'avais pas encore lu le magazine, il y avait un extrait d'une BDnavec des scènes torides. MAis, euh, c'est-à-dire que j'avais pas forcément prévu de t'expliquer tout ça si jeune ! Bref, grand grand moment de solitude. Je ne suis pas sûre de m'en être aussi bien sortie que toi !
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P
Non mais j'imagine! Le moment où tu te sens trop bête de pas avoir fait attention! Après mieux vaut du coup en discuter rapidement et passer à autre chose pour 'dédramatiser' le moment! Je suis sûre que tu t'en es pas si mal sortie!
K
Merci pour ce partage de reflexion ! En effet, ce n'est jamais facile de répondre à ces questions.. <br /> Dans mon cas ils sont beaucoup plus petits (2 et 4 ans), et pourtant, quand j'explique quelque chose à ma "grande", je suis toujours surprise de voir qu'elle a globalement saisie de quoi il ressort. <br /> Dernièrement, elle a trouvé une BD d'adulte qu'elle voulait lire parce que ça semblait rigolo avec pleins de couleurs ... <br /> "oui mais ma chérie.. c'est un peu compliqué ça, c'est plutôt pour les grands.. <br /> - je veux le liiiiiire !!! <br /> - bon alors en fait c'est l'historie de gens qui se sont fâchés... " s'en suit une discussion où j'essaye d'expliquer à une petite de 4 ans qu'est-ce qu'était le mur de Berlin et pourquoi on avait coupé un pays en deux ... ! <br /> (j'attends avec impatience le sujet des religions !! haha!)<br /> <br /> Finalement après ça j'ai trouvé qu'expliquer les règles était bien plus simple !
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P
Oui, clairement je pense qu'il faut s'adapter à l'âge de nos enfants, dans le vocabulaire et l'étendue de ce qu'on dit, mais qu'il faut faire confiance à nos enfants. S'ils sont demandeurs, c'est qu'ils sont prêts à accepter l'information... Mais tous les thèmes ne sont pas aussi faciles à aborder, et on est parfois plus gênés ou plus embêtés à devoir expliquer! (je trouve aussi que les religions c'est terrible à expliquer! tellement abstrait!!). L'histoire c'est chaud, aussi^^
É
Bel article et beau sujet. Les enfants nous posent toujours des questions quand on ne s'y attend pas. Mais oui, l'important n'est pas que la question, c'est aussi savoir que les parents sont là pour les aider, les écouter et les soutenir en cas de doute. Moi aussi, il n'y a pas si longtemps j'ai eu droit à la question fatidique de comment on fait les bébés posée par ma fille de 4 ans. Pour le moment la réponse la satisfait. À suivre donc...
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P
Merci! Oui, ça tombe toujours au moment où on ne s'y attend pas! Et comme tu dis l'important c'est de se montrer à l'écoute et de satisfaire leur curiosité bien naturelle - même si on doit s'y reprendre en plusieurs fois!
C
Haaaa ces grandes questions qui nous font parfois rougir ou être mal à l'aise... <br /> La 1ere fois que jai eu la question de comment on fait les bébés, j'étais dans la voiture avec mes 4 enfants en train de faire une manoeuvre ... j'ai donc proposé à ma fille de me reposer la question à la maison parce que là c'était pas facile d'y répondre tout en manoeuvrant mais que j'y répondrai avec plaisir. Puis il s'est finalement passé plusieurs mois avant qu'elle ne redemande , je venais de l'appeler pour faire les devoirs, et là paf encore the question, avec les 3 autres autour qui ont eu les oreilles dressées d'un coup ????, j'ai donc fait un petit cours de biologie avant d'attaquer les devoirs... c'était un chouette moment, j'ai répondu à toutes les questions (tant qu'on y est !) Donc j'ai aussi eu droit a la puberté
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P
Oui, finalement quand on dit qu'on en reparlera plus tard, même si on est de bonne volonté, en général ça ne ressort pas tout de suite! Mais bon, justement, des fois on se dit qu'on a loupé une occasion... J'avoue qu’égoïstement je préfère que ce soit moi qui aborde certains sujets, j'ai un meilleur contrôle sur ce que je dis, je sais que le message que je souhaite faire passer aura plus de chance de bien passer! Même si des fois on a nous-mêmes des loupés!