Faut-il chercher à tout prix à être un parent parfait?

Publié le par Picou

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Parcourir les réseaux sociaux traitant de la parentalité donne aujourd'hui le tournis : tout le monde semble chercher à y être le parent parfait.

Aimant, bien sûr, dévoué, créatif, bienveillant et efficace... Un sacré programme, pas toujours évident à respecter! Bien sûr, tous les parents aimeraient atteindre cet idéal rêvé...

Pourtant, de plus en plus semblent se cogner aux obstacles à gravir pour y arriver. Et la chute peut être vraiment rude, quand se compare à l'image désormais véhiculée de la parentalité...

D'un côté, des récits outrageusement optimistes, complètement lissés, où ce n'est "que du bonheur", de l'amour à foison, des sourires sans cesse vissés, et de bons sentiments dégoulinants, occultant de larges pans de la réalité.

De l'autre, des plaintes angoissées, des récits parfois terrifiants sur les difficultés rencontrées, des mises en garde au réalisme parfois démesurément forcé, et une menace à peine voilée : si tu deviens parent, tu vas forcément en ch*er.

Comment se sentir rassuré, face à deux reflets si opposés? Pourtant la parentalité, la vraie, se situe la plupart du temps dans toutes les nuances entre ces deux portraits.

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Ni merveilleuse, ni épouvantable : ou si elle l'est un jour, ce n'est que temporaire tant elle évolue sans arrêt.

Pourtant, la parentalité finit aujourd'hui par apparaître comme un monde figé, qu'il serait possible de modeler à son idée. Partout émergent ainsi des modèles aux formes très variées, garants d'une certaine réussite parentale, acquise à force de volonté.

Les mamans influenceuses, qui partagent l'organisation dans laquelle elles se sont épanouies ; les théories scientifiques et éducatives, largement mises en avant et dont les pistes de réflexion prennent peu à peu corps dans notre quotidien ; la comparaison et le jugement perpétuel entre parents, où chacun se confortera la plupart du temps dans ses choix ; et désormais, toute une myriade de professionnels de l'accompagnement à la parentalité, promettant carrément des résultats concrets.

Autant de représentations idéalisées, auxquels beaucoup de parents aiment se raccrocher, dans l'idée qu'il est possible de garder un contrôle parfait sur sa façon d'élever ses enfants.

Et ça devient aujourd'hui tout un business, créé sur l'idée qu'en tant que parent, on doit "performer".

Pour le bien de ses enfants, pour leur offrir les clés d'un monde où ils seront les mieux armés, émotionnellement et pratiquement, un "bon" parent doit aujourd'hui agir dès le plus jeune âge (avant même la naissance, d'ailleurs), réfléchir à sa façon de faire, et savoir appliquer les bonnes recettes.

A chaque nouvelle étape, il doit se renseigner, évaluer toutes les options, considérer tous les aspects, fixer un cap de sa parentalité, puis rester ferme et assuré, sans flancher. Quelle écrasante responsabilité! Quelle place cette vision centrée autour d'une productivité constante laisse-t-elle au cheminement, aux erreurs, aux doutes, qui sont pourtant le coeur de ce qui caractérise la parentalité?

Si la finalité de tout ça est bien entendu louable, au service d'un véritable épanouissement de l'enfant et de la relation qu'il entretient avec la société et avec ses parents, le chemin que cela finit par prendre semble parfois nébuleux et même, peut-être, contre-productif.

Car à force d'asséner bons conseils, témoignages, théories et certitudes, on transmet l'idée qu'il existe une vraie méthode à suivre, et qu'il est possible de "maîtriser" complètement le sujet.

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Une complète utopie, tant il y a en réalité de versions différentes de la parentalité...

Autant qu'il y a d'enfants et de parents, à vrai dire. Ce qui marche chez l'un, ne sera pas forcément adapté chez l'autre ; ce qui paraît idéal sur le papier, ne sera peut-être pas si facilement applicable, en vrai. Et ce qui conviendra un jour, échouera peut-être finalement le lendemain! La parentalité est un processus flou et mouvant, qu'on ne peut pas réduire à des évidences toutes faites.

Les réseaux sociaux laissent pourtant s'installer une pression grandissante sur les parents, en leur intimant qu'ils doivent absolument suivre certaines règles, passer par les bonnes étapes, pour assurer un bon développement à leur enfant.

Combien de futures mamans ai-je vu ces derniers mois argumenter pour l'allaitement, le portage ou la DME (diversification menée par l'enfant), avant même d'avoir testé elles-mêmes ou carrément fait naître leur bébé?

Combien de jeunes parents ai-je lu défendre aveuglément le renforcement positif, le "stop-VEO", ou le "jamais d'écrans", avant d'avoir jamais été confrontés aux difficultés d'un enfant qui grandit et joue avec les limites, ou d'une fratrie à gérer?

Combien au final s'épuisent à vouloir atteindre le Graal du tout fait-maison, de l'école à domicile, des activités créatives à organiser pour leurs enfants, le tout sans un mot plus haut que l'autre, dans un équilibre parfait, si difficile à tenir avec une activité professionnelle à côté?

Dans un monde qui nous pousse sans cesse à la rentabilité, il faudrait désormais réussir à toujours scorer.

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Chacune de nos actions, en tant que parents, devrait réussir son but, et sans délai - l'échec ne relèverait finalement que notre responsabilité.

C'est bien vite oublier tout l'environnement qui influe sur l'éducation... L'enfant lui-même, bien sûr, son caractère, son humeur, sa volonté ; les conditions de vie autour, les autres personnes qui l'entourent, nos propres valeurs et nos expériences, notre état de fatigue et de santé...

Chaque parent se retrouve face à une situation unique, à la conjonction de tous ces facteurs qui lui sont propres : comment une solution universelle pourrait-elle s'appliquer à tant de paramètres si différents et incontrôlables?

Certains parents finissent naturellement par se retrouver perdus face à ces injonctions permanentes, aux accents finalement culpabilisants. Ils finissent par les prendre comme argent comptant, sans ne plus y opposer aucun recul, ou au contraire par les rejeter en masse - et dans tous les cas, leur position de parent leur devient inconfortable.

Une vraie manne pour tous ceux qui, de plus en plus nombreux, s'engouffrent dans cette brèche pour proposer leur aide, de l'expertise auto-proclamée au coaching et aux formations complètes. Vous vous sentez perdus? On va vous remettre dans le droit chemin : grâce à nous, vous retrouverez une chance de devenir des parents parfaits.

Comme s'il était réellement possible d'apprendre la parentalité, d'avoir un manuel à portée de main pour y arriver...

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Non : la parentalité ne répond à aucune recette. On l'apprend sur le terrain, en essayant, en tâtonnant, en ratant, même, souvent.

Ça fait partie du jeu... On grandit nous-mêmes avec nos enfants. Et croire qu'on pourrait passer outre en appliquant directement les bonnes techniques et astuces, qu'il est possible d'acquérir sans faux pas les bons réflexes pour exceller en tant que parent, peut occasionner bien des désillusions, et même parfois s'avérer dangereux.

Chaque parent sera un jour confronté à des difficultés, à des degrés divers. Certains de ces passages difficiles sont normaux, incontournables, et finiront de toute façon par passer. Ce ne sont que des phases - compliquées, certes, frustrantes, mais éphémères. Il faut savoir l'accepter... Pourtant la course à la perfection voudrait aujourd'hui pouvoir les effacer.

Or à vouloir trop bien faire, on peut finir par créer des problèmes là où il n'y en avait pas, et par surinvestir son rôle, en prenant le risque de finir par se dévaloriser en cas d'échec ou d'aller jusqu'au burn-out parental, à force de vouloir tout contrôler sans lâcher prise.

Bien sûr qu'il y a du bon à prendre en glanant des idées autour de soi, en s'ouvrant à d'autres façons de faire, et en agissant sur nos points faibles lorsqu'on les a identifiés.

Et bien sûr aussi que les experts et marchands de parentalité ne sont pas forcément malhonnêtes! Mais même s'ils sont convaincus et convaincants, ils vendent avant tout du rêve...

Si cela sera réellement bénéfique pour certains, qui avaient juste besoin de se sentir épaulés pour prendre confiance dans leur propre parentalité, d'autres risquent de se perdre au passage, aveuglés par de la poudre aux yeux.

Courir après un idéal irréalisable, ou qui ne nous correspond pas, et mettre tous ses œufs dans le panier virtuel d'un coaching, d'une formation payante, ou d'outils liés à courant éducatif spécifique, c'est prendre le risque de tomber de haut en se retrouvant au même point qu'au départ - mais délestés au passage d'une somme certaine et d'illusions perdues.

Il n'y a pas besoin d'outils, de techniques, de méthodes pour élever un enfant.

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Cela requiert avant tout de l'instinct, du recul, et, il faut bien l'avouer, une part de hasard...

Quelques soient les conseils et les solutions "miracles" que l'on se voit sans cesse proposer sur les réseaux ces dernières années, ils ne sont en aucun cas la garantie de résultats efficaces.

Ce serait un leurre de croire que des éléments extérieurs peuvent suffire à faire de nous des parents parfaits... Si les enfants avaient un mode d'emploi, ça se saurait! Et ce serait bien triste, au passage, nous privant de la découverte de ce qu'ils sont réellement.

La parentalité ne devrait jamais reposer sur une marche à suivre précise, mais au contraire, s'adapter à chaque cas spécifique. Impossible de devenir un parent parfait, donc... parce que ça n'existe pas, pas de manière universelle en tout cas.

On est juste parfaits quand on essaye, et c'est déjà pas mal comme ça.

Autant lâcher du lest alors, et vivre les choses comme elles viennent, sans s'imposer la pression qu'au fond, nos enfants ne nous mettent, eux, pas forcément ;o)

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Publié dans Vie de famille

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Commenter cet article

B
Merci pour cette article qui rassure car oui il n'y a pas de manuel parentalité <br /> l'apprentissage ce fait chaque jour et il est différent d'un enfants à l'autre car ils ne sont pas tous pareils <br /> le meilleur est de se fier à son instinct en apprenant un peu plus chaque jour
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P
Exactement, de toute façon même en suivant toutes les règles de bonne conduite, si tant est qu'il puisse y en avoir, ce ne serait en rien une garantie de bonheur, ni pour nous ni pour nos enfants. Nous sommes les plus à mêmes de connaître toutes les composantes qui nous sont propres, et d'essayer de faire au mieux en fonction. Et se rendre compte de ses limites c'est déjà un grand pas en avant je crois!
H
Ton article est top ! Ce qui m'embête avec ces grandes théories sur comment élever parfaitement tes enfants, c'est qu'elles ne prennent pas en compte les spécificités de chaque enfant et de chaque parent. On ne peut pas appliquer la même recette à tout le monde ou juste dire "ça a marché pour moi, ça va marcher pour toi"...Des bisous !
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P
Merci! C'est exactement ça : je n'aime pas les théories éducatives, quelles qu'elles soient, parce qu'on ne peut pas selon moi se réduire à un principe unique, ni pour tout le monde, ni même pour soi-même car on évolue, et que notre environnement aussi... Chacun doit voir au cas par cas, moment par moment.
W
Tu as bien résumé ce que je pense. L'essentiel est surtout de faire de son mieux qui varie selon le temps, l'enfant qu'on a devant soi etc
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P
Oui, je crois qu'il faut arrêter de vouloir coller à des généralités, et de trop intellectualiser la parentalité. oui il faut y réfléchir et y prendre soin ; mais pas à outrance!
M
c'est sur que c'est devenu un peu la course à l'échalotte tous ses concepts sur la parentalité... avant on en parlait pas, ça n'était même pas un sujet... maintenant c'est passé à la moulinette sous toutes les coutures. je pense que les choses vont finir par se réguler petit à petit... c'est vrai qu'il y a quelques conseils qui sont bons, le tout est de les tester en live, et de voir comment ça s'afapte à notre famille et notre facon de voir les choses . le principal est de se faire confiance, de faire ce que l'on sent, pour son bien, le bien de son enfant. en ce qui me concerne il y a eu des périodes où je me suis sentie dépassée, je disais " j'ai atteint ma limite dans mes compétences de maman !" alors je me suis tournée vers une psychologue pour moi, mon fils, ma fille... bref, ensuite pour la famille ! ( ce que j'ai trouvé logique : le problème n'est pas centré sur une personne, nous sommes un système avec des interactions dans tout les sens ) quelques séances ont suffit pour remettre les choses à plat et voir comment on pouvait fonctionner pour que ça soit plus harmonieux. entre nous. je ne regrette pas du tout ! pour les parents parfois perdus, un pédiatre ou un médecin qui est ouvert et l'écoute c'est déjà très bien ! ne pas hésiter à en parler a une personne de confiance qui ne nous jugera pas, et qui pourra nous aiguiller avec de la vraie bienveillance...
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P
C'est vrai qu'on est passés d'une époque où on en parlait pas, voire où on éludait des sujets pourtant importants face auxquels les parents et surtout les mères peuvent souvent et facilement se retrouver perdus, à une sur-représentation des "sciences" et courants éducatifs, comme s'il fallait absolument se conformer à un modèle et suivre une méthode précise. Mieux vaudrait trouver un juste milieu entre ces deux options, en libérant la parole mais sans en faire pour autant quelque chose de dogmatique et de figé - la plupart des parents arrivent bien à garder cette distance, heureusement (les réseaux sociaux ont un effet "loupe" mais restent une vision marginale des choses), mais une part de parents un peu perdus peuvent se raccrocher aux mauvaises branches en finissant par perdre du recul. Chacun devrait être libre de piocher à droite à gauche ce qui lui convient, sans pression, sans jugement, mais aujourd'hui j'ai peur qu'une pression insidieuse se mette en place sans même que certains parents - primipares surtout - ne s'en rendent compte, n'ayant pas encore assez de recul et d'expérience. Tu as bien raison, il faut quand même rester ouvert aux possibilités, et y trouver de quoi aider son cas précis, mais en l'ayant réfléchi, en s'étant renseigné, et surtout en gardant du recul sur ce que ça nous apportera... et en réalisant bien que tout ne repose pas que sur nos épaules et que ça implique tout le monde, c'est clair!
U
Je suis tellement d'accord avec toi ! J'adore me renseigner sur l'éducation et sur les étapes du développement de l'enfant mais on tombe tellement souvent sur des discours parfaits ou moralisateurs qu'on peut vite se retrouver encore plus démoralisé en cherchant de l'aide sur internet et en se comparant à ce qu'on y trouve. Il faut aussi je pense se méfier de ces mamans parfaites qui font tout elle-même, propose des activités chaque jour à leurs enfants et semblent ne jamais hausser la voix car il suffit souvent de très peu gratter pour découvrir que tout n'est pas si rose sous ce joli rêve affiché fièrement. Comme tu le dis chaque enfant, parent et situation est unique et aucune recette miracle ne fonctionne. Il faut faire de son mieux et effectivement toujours se souvenir que l'enfant se fiche de tout ça et a principalement besoin de soutien et d'amour.
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P
C'est le souci, en fait - beaucoup prennent un ton très dogmatique, se placent en experts plus qu'en simples témoignages, partages. Et c'est le risque car avec l'accumulation de ce type de points de vue très assurés, on finit par croire qu'il y a une méthode à suivre, une façon de faire idéale à laquelle on doit se conformer. Avec plusieurs enfants on arrive à se détacher de ça, par l'expérience quand on se confronte à la réalité qui ne correspond pas toujours à ce qu'on nous décrit ; mais quand on attend son 1er enfant, qu'on se sent parfois un peu perdu, c'est dur de prendre du recul... Là où justement il faudrait savoir se garder pour ne pas se perdre.
S
Je suis bien d'accord sur l'ensemble de ton article. Je me dis aussi que finalement il est aussi difficile via un petit espace d'expression comme celui d'Instagram ou des blogs d'arriver a bien rendre compte de la réalité. Parfois ne montrer que le positif aide à se rassurer. Et au contraire se plaindre peut servir à exorciser mais comme tu dis il faudrait réussir à trouver un juste milieu. Et en tant que lecteur arriver à comprendre que ce qui est sur les réseaux n'est pas la réalité. Un peu comme la télé réalité qui n'en a que le nom ????. Mais c'est pas simple c'est clair.
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P
C'est sûr qu'on a souvent tendance à montrer le positif, et qu'au moment des périodes difficiles on a moins envie de le partager... Mais comme tu dis, il faut je crois au moins rester sur un juste milieu, plus réaliste : ni noir, ni blanc, mais tout en nuances, comme l'est la vie.