Pourquoi j'aime autant ma vie virtuelle
J'ai été la première surprise de m'impliquer autant dans cet univers virtuel qui jusqu'alors, me semblait totalement extérieur, et pour tout dire, superficiel... J'ai ouvert mon blog sur un coup de tête, sans préméditation, sans objectif, et je me suis pourtant immédiatement prise au jeu.
C'est d'ailleurs le fait de me rendre réellement compte que j'avais basculé sur un "vrai" monde en ligne, vivant et actif, qui m'a pour ainsi dire, définitivement accrochée.
J'étais en train de créer un blog "juste pour voir", un peu fictif dans ma tête, lorsque j'ai réalisé que quelqu'un était RÉELLEMENT arrivé dessus.
C'est devenu tangible d'un coup. Un peu effrayant, mais stimulant et... addictif.
Portée par mon enthousiasme et mon envie de partager, j'ai alors écrit, presque tous les jours au tout début, frénétiquement, alors même que seule une poignée de personnes me lisaient.
Tout le monde commence comme ça, à vrai dire, à écrire dans le vide... Jusqu'à ce que nos mots trouvent écho chez d'autres, que notre personnalité transperce l'écran, et que notre point de vue finisse par compter, un peu.
Une sensation grisante, et sans doute un besoin inconscient que j'avais réussi à combler. J'ai peu à peu trouvé mon rythme, mon style, mes chroniques régulières, et organisé mon temps pour réussir à m'y épanouir pleinement.
Jusqu'à ce que bloguer devienne une sorte de routine, une deuxième vie virtuelle, dont j'aurais aujourd'hui bien du mal à me passer.
J'ai poursuivi l'échange avec les réseaux sociaux, où j'ai bâti une vraie communauté, à la fois complémentaire au blog, et totalement à part. Sur chaque plateforme, je m'exprime d'une manière différente, et pas forcément auprès des mêmes personnes.
Si je veille à ne pas trop laisser ma vie privée empiéter sur mon blog et mes réseaux sociaux, en en gardant la plus grande part pour moi, je me livre toutefois beaucoup plus que je ne l'avais imaginé au départ, entremêlant étroitement réalité et virtuel.
Je me suis créé un univers virtuel aux multiples facettes, et si j'y accorde autant d'énergie et de temps, c'est évidemment parce que ça m'apporte énormément.
Avant tout parce que si je reste toujours moi, authentique et sincère, c'est un espace que je peux quelque part contrôler plus facilement que dans la réalité.
Si je me dévoile à vous sans fards, c'est tout de même sous une version un peu améliorée, car j'y dispose d'un recul que je n'ai pas toujours ailleurs, et que mes mots ne sont pas parasités par l'apparence que je dégage.
Même en étant honnête et réaliste, je m'adresse à vous au travers d'un filtre.
Je ne vous montre que ce que j'ai envie de vous montrer, de la manière dont j'ai envie de le faire, sans doute plus optimiste et mesurée que dans la vie. Comme je l'avais dit autrefois, l'écran est un écrin qui nous met bien souvent en valeur...
J'essaie de transmettre l'image la plus juste possible, et de ne pas trop jouer le jeu du "tout parfait", mais mon image est forcément décalée par rapport à la réalité... et cette distance avec la réalité est parfois une bouffée d'air pour tirer le meilleur de soi, et s'exprimer sans pression.
Parce que si j'aime autant cet espace d'expression, c'est avant tout pour les échanges et le partage qu'il me permet.
Je ne soupçonnais pas la richesse des échanges au sein d'une communauté virtuelle, de la bienveillance qu'on y trouve, des coups de cœur, des émotions qu'on y ressent, même si on ne se connaît pas vraiment.
On se parle par commentaires interposés, par petites touches, mais petit à petit une personne se dessine, une relation se crée, une connivence se met en place, un débat se construit.
Les relations virtuelles ne se lisent pas à l'aune d'un simple smiley, mais de centaines de messages échangés avec le temps.
Et c'est diablement enrichissant, de pouvoir se nourrir à la fois de ce que les autres nous apportent, et de l'intérêt qu'ils semblent nous porter.
Si j'ai eu la chance de concrétiser certaines de ces relations virtuelles par des rencontres réelles, toujours réussies, et de leur apporter une profondeur supplémentaire, j'accorde tout autant d'importance à celles qui n'ont jamais franchi la barrière de l'écran, ou même d'une simple photo.
Ça ne remplace pas les contacts réels - mais ça les complète, et j'ai eu bien tort autrefois d'imaginer que ce type d'échange ne pouvait être que superficiel et vaniteux. On ne trouve que ce que l'on cherche... et si l'on cherche de la profondeur, on peut en trouver.
Je m'étonne chaque jour de l'intensité de certaines des relations virtuelles que j'ai pu créer, et de la place qu'elles ont su prendre dans mon quotidien.
Parce que je ne fais pas que parler moi-même, mais que je lis aussi les autres, qu'ils m'inspirent, que je discute avec eux.
Ce partage d'expérience est doublement bénéfique, car il me permet à la fois de transmettre mon ressenti, et parfois d'extérioriser, mais surtout de découvrir, d'apprendre, d'être comprise, conseillée ou parfois rassurée par les autres aussi.
C'est un réel échange, dans les deux sens, et l'on impacte les autres autant qu'ils nous impactent nous. Donnant, donnant.
Trouver ma place dans cette dynamique me stimule, me met au défi, et me pousse vers l'avant.
J'ai envie de proposer un contenu qualitatif, un point de vue original, qui saura intéresser les autres et même parfois captiver une nouvelle audience.
Ça booste ma créativité, me pousse à aller au delà de mes retranchements, à oser, à prendre des risques parfois. Ça ne vient pas tout seul, il faut que j'aille chercher ça au fond de moi, mais c'est à la fois stimulant et très valorisant.
J'avoue être fière de certains des textes que j'ai écris, ou de certaines photos que j'ai prises, et parfois surprise d'en avoir été capable. Et je m'étonne souvent d'arriver à tenir ce rythme de publication un peu dingue quand on a des enfants...
Ma vie virtuelle me permet d'extérioriser une partie de moi plus en retrait dans ma vie de tous les jours, et de me dépasser constamment.
Je ne l'envisage pas comme un refuge, ni comme un exutoire, mais comme un prolongement de moi - comme si elle me permettait de vivre deux vies en une, et de m'épanouir doublement.
C'est aussi une trace qui restera de tout ce que j'aimerais transmettre à mes filles, de leur enfance, et de l'amour que je leur porte, et que je porte à mon rôle de maman.
Je pense tout de même rester lucide sur ce que cette belle vie virtuelle m'apporte.
L'herbe semble toujours un peu plus verte sur le net, et il est facile de s'emballer et de surinterpréter ce que l'on lit, dans le positif comme le négatif.
On reste, malgré tout, seul derrière son écran - une position à la fois confortable et passablement instable... Il faut faire le tri, et toujours garder le recul nécessaire pour ne pas sombrer totalement.
Rien ne remplacera la chaleur et la vérité de la vie réelle...
Mais tant qu'on le garde en tête, et qu'on prend soin de ne pas négliger sa vie au profit d'illusions, pouvoir profiter d'une vie virtuelle épanouie, c'est un sacré bonus.